Interview de Michel Boutant - Sénateur et Président du Conseil Général de la Charente

Blog de Michel Boutant - 17/09/2014 11:30:41


Peut on parler d'une Charente ou de « plusieurs Charentes »

Comme chacun sait, nous sommes une terre de Cognac et de Pineau. Et ces 2 productions sont emblématiques. Elles font partie de l'histoire des hommes et des femmes de ce département. Elles sont associées à l'image de la France, de son savoir faire, de son savoir vivre. C'est aussi une activité au coeur de la mondialisation. La Chine est le premier consommateur au monde de cognac et la production dépend des marchés et de la situation économique mondiale. Il est vrai que le Cognac et le Pineau, dont nous sommes très fiers constituent une part très importante de notre économie et c'est pour cela que je m'attache à diversifier l'économie du département.

Le Tourisme se développe, il va de soi, autour du Cognac comme c'est le cas des principaux terroirs : Alsace, Bourgogne, Bordeaux ; on vient maintenant du monde entier dans les terres de Cognac.

Nous avons créé le Musée du papier, à Angoulême qui est un vrai succès pour les amateurs d'un support traditionnel de communication à l'heure du tout numérique et qui est proche de la bande dessinée ; un atout de la Charente.
Nous faisons parties des quelques départements qui ont une expertise dans le domaine de fouilles archéologiques. Nous sommes notamment propriétaire des Thermes de Chassenon, vestige bien conservé de l'époque gallo-romaine qui est un succès touristique et dont il reste encore beaucoup à découvrir.

Nous avons donc la tradition. Vous évoquez la bande dessinée. Quelles sont les activités d'avenir ?

Angoulême a acquis une renommée internationale dans le secteur de la bande dessinée avec un Festival parmi les plus prisés au monde. La ville s'affirme, chaque année, comme l'un des territoires les plus complets en termes d'offre de productions animées et de tournage. Le Musée de la BD est géré par un établissement public (EPIC) dont le Conseil Général détient 40% et l'Etat 35%.

Le Conseil général avec tous les acteurs publics - chambres de commerce, ville, agglo, région - sont à l'origine ou soutiennent le Pôle de l'image Magelis qui est à la fois une université, un centre de recherche, une pépinière d'entreprises et un grand prix ; c'est tout à la fois, une machine à créer, à produire à rêver. On y encourage la production sur place de bandes dessinées, d'animations, de tournages ou encore de jeux vidéo, avec une poussée vers l'innovation ; cela représente une centaine d'entreprises de l'Image, un bassin d'emplois de 1 000 personnes et un Campus Image avec autant d'étudiants ! Ces derniers bénéficient de formations allant du BTS au Doctorat au sein de 8 écoles travaillant en synergie sur un même territoire.

Mais il n'y a pas que l'image ! Dans l'enseignement supérieur, par exemple dans le cadre de l'université de Poitiers, nous avons des formations en Droit, un STAPS, c'est-à-dire un institut de formation de cadres, d'entraineurs et d'ingénieurs du sport, un ESPE pour les métiers du professorat et de l'encadrement dans les établissements scolaires et une école d'application d'infirmiers et d'aides soignants.

Plus original, nous avons une université des eaux de vie. C'est la seule en France ; elle forme les étudiants dans le domaine du vin et des spiritueux, ce qui leur offre des débouchés dans le commerce, la restauration, l'hôtellerie, etc....

Original et peu connu : le département soutient l'expertise d'entreprises charentaises dans le domaine aérospatial. Elles ont des compétences poussées dans la transformation des données mathématiques des satellites en images. Notre soutien de 500 000 euros a permis, par exemple, de répondre à un appel d'offre de Google.

La modernisation ne touche pas seulement l'économie mais aussi les services publics. Que faites vous de ce point de vue en Charente ?

Nous avions déjà envisagé le rattachement de la Charente à l'Aquitaine avec Alain Rousset, le Président du Conseil Régional d'Aquitaine.

Mutualiser c'est travailler avec les autres, c'est assurer en commun des projets surtout quand ils concernent plusieurs zones géographiques. Prenez par exemple la gestion du fleuve Charente et de ses affluents. Les rivières ne s'arrêtent pas aux frontières. C'est vrai pour le Rhin, c'est aussi vrai pour nos grands cours d'eaux. C'est pourquoi nous avons créé avec nos voisins de Charente-Maritime, des Deux-Sèvres et de la Vienne un établissement public territorial de bassin (EPTB) ; son rôle est de permettre une harmonisation et une coordination des actions concernant la gestion des eaux qui traversent ces départements. Il s'agit de l'amélioration du régime hydraulique en période de crues - un sujet incontournable pour la population - et d'étiages. Nous devons aussi nous occuper du maintien ou de la « reconquête » de la qualité des eaux et des milieux aquatiques et de la valorisation touristique du fleuve et de ses affluents.

En mutualisant, nous économisons ; Les 4 départements du Bassin de la Charente ont formé une « centrale d'achat » pour l'équipement des pompiers et l'aménagement du Bassin. Tout cela c'est du bons sens, du positif.

Ou en est le grand chantier de la LGV ?

La Ligne à Grande Vitesse Tours-Bordeaux s'inscrit dans le programme prioritaire de 2000 kilomètres de lignes nouvelles à grande vitesse engagés par l'Etat d'ici à 2020. Cette nouvelle infrastructure ferroviaire mettra Angoulême à 1h40 de Paris et 35 min de Bordeaux lors de sa mise en service en 2017. Notre souhait est qu'Angoulême devienne une ville résidentielle voisine de Bordeaux et qu'elle bénéficie économiquement et humainement de la grande vitesse pour attirer dans notre département de nouveaux projets économiques.

Entretien entre Michel Boutant et Jean-François Puech Directeur de la Rédaction