Peter Praet : Entretien avec Les Echos

BCE - Banque Centrale Européenne - 10/02/2015 09:20:00


Le ministre des Finances grec est venu hier à la BCE. Que pensez-vous de ses propositions, quelles sont les marges de négociations ?

La BCE n'est pas partie prenante dans les discussions entre la Grèce et ses créanciers. Nous détenons des obligations d'État grecques, achetées sur le marché secondaire, pour améliorer la transmission de nos décisions de politique monétaire. Mais la position de la BCE est claire : le traité nous interdit de prendre toute décision qui reviendrait à financer un État par la politique monétaire.

Les banques grecques sont-elles en danger ? Quelles sont les conditions pour qu'elles gardent accès au guichet de liquidités de la BCE ?

Les conditions d'accès à la liquidité de la BCE sont claires et publiées sur le site de la BCE accessible à tout le monde. Nous sommes transparents sur nos règles. Si les conditions d'accès ne sont plus réunies, à la BCE d'en tirer les conséquences.

Comment voyez-vous l'avenir de la BCE au sein de la Troïka ?

La BCE a été amenée à assumer un rôle qui a fait subir une forte pression à l'institution. Nous avons pris nos responsabilités pour faire en sorte que notre politique monétaire puisse fonctionner. Il s'agissait de répondre à une carence, l'Europe n'étant pas dotée des institutions adaptées. Mais cela ne signifie pas que nous sommes satisfaits de la situation actuelle.

Économie : l'inflation s'enfonce en territoire négatif (-0,6 %). La BCE a-t-elle échoué dans son mandat ?

Il est vrai que le risque a augmenté d'avoir une inflation trop basse pendant une longue période. Nous avons reporté à plus tard le moment où nous attendons un retour de l'inflation à un taux inférieur à, mais proche de 2 %, à moyen terme, qui est notre objectif de politique monétaire. Et justement pour respecter notre mandat, nous avons pris un certain nombre d'importantes décisions de politique monétaire, notamment notre programme d'achat de titres annoncé en janvier. Si, depuis 2007, la BCE n'avait pas fait ce qu'il fallait, nous connaîtrions aujourd'hui une grande dépression. Ce n'est pas le cas. Le scénario de déflation ne s'est pas concrétisé non plus. Nous n'avons pas cessé d'être vigilants et de prendre les décisions nécessaires.

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Entretien avec Peter Praet, membre du directoire de la BCE, accordé à Isabelle Couet et Jean-Philippe Lacour le 2 février et publié le 5 février 2015