Justice du XXIème siècle : le retour programmé du talion ?

DLR - Debout la France - 30/03/2015 15:55:00


On trouve un peu de tout sur le portail du Ministère de la Justice. Tout d'abord le rappel solennel des principes de la Justice rendue au nom du Peuple Français, à commencer par celui fondamental illustré par l'adage : « Nul ne peut se faire Justice à lui-même ». Symbole d'une Justice civilisée parce qu'impartiale, ayant mis fin à la notion de vengeance, qui motive certains individus, certaines communautés voire certaines sociétés.

Lorsque l'on ouvre le « portillon » des réformes en cours et/ou envisagées, on y découvre le fil d'Ariane de ces dernières : la « Justice participative ». Le mot est lâché : le citoyen « acteur » de son procès. Ce concept est totalement inepte : le justiciable est par nature, qu'il fasse un procès ou qu'il le subisse, acteur de son procès. Le citoyen devenant donc son propre Juge. Voilà que la Justice ne serait plus rendue au nom du Peuple Français, mais par le justiciable Français, au nom de lui-même et pour lui-même.

Cette nouvelle et originale espèce de délégation de service public, non seulement dispose des prérogatives régaliennes, transfère les responsabilités, mais érige le justiciable en « fonctionnaire de fait ». L'avantage de cette vieille théorie de droit administratif était que le citoyen, en contrepartie, était exonéré du paiement de l'imposition correspondante... Ici, acteur peut-être, mais sans le moindre « cachet » !

On peut donc aisément imaginer que, tout à fait prochainement, après avoir pris le soin de trier ses déchets ménagers, chacune et chacun s'arme d'un fusil pour partir faire sa petite « guéguerre » (un peu comme BHL), qu'une fois blessé il accède aux urgences, en pilotant une moto aux couleurs de la gendarmerie, pour s'y opérer lui-même.

C'est sans doute le mode de fonctionnement des Conseils de Prud'hommes, essentiellement maîtrisés par les Syndicats (qui comme chacun le sait ne sont pas partisans), qui aura ouvert la voie d'une telle dégénérescence. Créer un citoyen faisant Justice, en ce qu'il participe à la délicate mission de juger, c'est ouvrir la possibilité au citoyen de se faire Justice à lui-même. Ces élucubrations cérébrales, longuement mûries par des esprits technocratiquement fertiles, répondent en réalité à une motivation administrative budgétaire.

Mais plus grave, elles insinuent et instillent, en terme de qualité, un prévisible dysfonctionnement accru de notre Institution Judiciaire. La Justice n'a pas besoin de toutes ces réformes cosmétiques qui l'accablent depuis des années. Elle n'a besoin que d'un accroissement considérable de ses moyens matériels, ne fut-ce, pour exemple, qu'en termes d'application des sanctions pénales. C'est ainsi , Madame le Garde des Sceaux, que vous ferez oeuvre de Justice.

Thierry Giorgio

Délégué national à la Justice