Djokovic détrône le roi Nadal

Roland Garros - 07/06/2015 11:00:00


Persévérance. Quel mot plus approprié pour désigner le parcours de Novak Djokovic à Roland-Garros, lui qui, dix ans durant, a tenté et encore retenté sa chance face au maître des lieux, repartant inlassablement à l'assaut après chacun de ses six échecs. Persévérance. Quel mot plus approprié pour désigner le parcours de Rafael Nadal à Roland-Garros, lui qui, dix ans durant, a su remettre l'ouvrage sur le métier à l'issue de chaque victoire, repoussant toute conception de la victoire comme une finalité.

Mais un jour ou l'autre, il fallait bien que le phénomène constaté depuis maintenant près de deux ans sur les courts du monde entier finisse aussi par se produire à Roland-Garros. C'est donc chose faite depuis ce mercredi 3 juin 2015 : Novak Djokovic, à sa septième tentative, est enfin parvenu à détrôner le roi Nadal (7/5 6/3 6/1 en 2h27). Une passation de pouvoir, ou une simple parenthèse ? Il faudra attendre au moins 2016 pour le savoir. En attendant, l'heure de Novak est venue...

Dès le premier jeu, le Serbe donne le ton : revers gagnant, amortie de revers gagnante, demi-volée amortie gagnante, ace. Jeu blanc. Deuxième jeu, balle de break, déjà : attaque de revers gagnante, 2-0. Puis bientôt 4-0 sur une merveille de point à base d'amortie, lob et contre-lob... Novak Djokovic survole ce début de partie (une seule faute directe à ce moment). Mais, au fond, "Nole" demeure nerveux. Comme le disait Sergi Bruguera en préambule à la rencontre :"Cela fait quatre ans que Novak Djokovic est favori ici. Et à la fin, qui gagne ?" Alors Novak se bat aussi avec lui-même, et le souvenir de ses défaites passées. Et quand Rafael Nadal, toujours irréprochable de combativité, refait un premier break de retard, les yeux au ciel sont de rigueur pour le numéro 1 mondial. Son compteur fautes directes monte à 8 tandis que "Rafa" revient à 4-4. Plein de panache, le nonuple vainqueur de Roland-Garros sauve magistralement trois balles de set à 5-4, d'un service gagnant puis deux amorties.


Mais lorsqu'il se relâche totalement, Novak Djokovic est clairement au-dessus de son grand rival, comme l'est inévitablement un joueur qui n'a plus perdu en grands tournois depuis le Masters 1000 de Shanghai à l'automne dernier, face à un adversaire qui ne compte que l'ATP250 de Buenos Aires à son palmarès dans cet intervalle. La sixième balle de set de "Nole" est la bonne... au bout d'une heure et six minutes de jeu, tout de même (7/5).

Le deuxième acte est du même acabit : à l'échange, le patron, c'est Novak. A mi-manche, la statistique tombe, implacable : il a gagné 43 échanges de plus de quatre coups, contre 28 à Nadal. Suprême inversion des rôles sur le Philippe-Chatrier, l'Espagnol, peut-être bien le plus grand défenseur de l'histoire du jeu, s'accroche en raccourcissant les points (il mène 22 à 19 aux points en moins de quatre coups de raquette). Mais il n'a pas le service d'un John Isner pour tenir ainsi ad vitam aeternam : à 4-3, Djokovic fait à nouveau le break. Il conclut dans la foulée, allant chercher sa balle de set d'un service-volée plein d'aplomb, avant de pilonner Nadal en coup droit pour se détacher deux manches à rien (7/5 6/3).

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