Entretien avec Christophe Degruelle Président du Pays de Chambord et d'Agglopolys, la Communauté d'Agglomération de Blois

NEWS Press - 03/12/2015 09:00:00


La décentralisation a renforcé les agglomérations comme pivot du développement économique des régions ; quel est l'impact sur votre communauté d'Agglomération ?

Nous avons une habitude du travail en commun dans notre territoire au-delà du périmètre des EPCI. Ainsi, je préside le Pays des Châteaux (Blois-Chambord) ; c'est un nom emblématique qui regroupe deux agglomérations : celle de Blois intitulée Agglopolys (48 communes, 110 000 hab.) et celle du Grand Chambord (15 communes et 20 000 hab.)

Nous avons aussi été remarqués à plusieurs reprises par la Chambre Régionale des Comptes et par la Cour des Comptes en 2014 comme « un exemple à suivre » de mutualisation des services de la Ville de Blois et d'Agglopolys.

C'est d'autant plus vrai que le Maire de Blois, Marc Gricourt et moi-même, avons chacun un Cabinet et un Directeur Général différent, les directeurs adjoints et les cadres sont en fonction à la fois pour la Ville et pour l'Agglomération. Nous n'avons qu'un seul organigramme.

En effet, les intercommunalités dont nous sommes et dont l'impact financier est maitrisé sont moins « handicapées » par les services de gestion à la population qui gère davantage les communes. Nous sommes davantage donc tournés vers l'investissement et la baisse des dotations de l'Etat est plus facile à absorber. Nous avons ainsi présenté un programme pluri annuel d'investissement dans lequel nos prospectives financières n'incluent aucune hausse de la fiscalité.

Plusieurs paramètres sont en jeu avec une plus grande rigueur de gestion, un budget de fonctionnement serré, un abaissement de la dotation de solidarité communautaire, une réduction du programme pluri-annuel. Le traitement des déchets, la promotion touristique, les aires d'accueil et l'assainissement sont déjà intégrées dans nos compétences exigées par la loi NOTRe. Il nous reste la gestion de l'eau pour 2020. Nous sommes assez en avance pour avoir transféré la compétence Plan local d'urbanisme (PLU) à l'intercommunalité.

Quels sont les grands investissements de l'Agglomération et d'une façon générale du Pays des Châteaux ?

Le tourisme est un axe fort ; depuis le classement en 1999 de la Loire au Patrimoine mondial de l'Unesco, un autre regard est porté sur ce territoire à la dimension nature-paysage très fort ; « la Loire à Vélo » a accompagné ce changement d'image et renouvelé l'image touristique ; Il est vrai que nous avons la chance d'avoir au-delà de notre Agglomération des « locomotives » avec le Château de Chambord, le Zoo de Beauval et dans notre territoire, trois châteaux remarquables : Blois, Cheverny et Chaumont. Chaque château a une image très différente et nous bénéficions des deux destinations « Château de la Loire » et « Blois-Chambord » ; je me suis beaucoup battu personnellement auprès du Président de la SNCF afin que la gare s'appelle Blois-Chambord. Cela me paraissait important parce que les dénominations ont un rôle essentiel pour l'attractivité des territoires. C'est un enjeu national.

Par exemple, en direction du tourisme chinois, nous avons reçu une délégation de l'Ambassade de Chine au Festival des Jardins du Château de Chaumont. Le Château de Chambord vient de signer une convention d'échange avec le Palais d'été de Pékin ! Nous évoquions la mutualisation : les acteurs du tourisme ont compris que la concurrence n'est plus entre les différents châteaux, mais avec le Futuroscope, le Mont Saint Michel ou encore Paris, ....

Nous visons aussi le tourisme d'affaires qui est très concurrentiel. C'est la raison pour laquelle Blois qui est à la fois une ville et un château revendique son statut de capitale touristique du Val de Loire. Le nouveau projet de « la Salle du Jeu de Paume » avec une capacité maximale de 4 000 places accueillera concerts, compétitions sportives, congrès et séminaires et renforcera notre offre en direction des entreprises.

Les « Rendez-Vous de l'Histoire » sont l'événement incontournable qui rassemble des centaines de milliers de personnes venues du monde entier. Ce rendez-vous voulu et créé par Jack Lang vient de clôturer sa 18ème édition. Il s'inscrit dans une dynamique internationale.

Nous avons la COP21 très prochainement, Comment cette préoccupation se traduit-elle à Blois ?

Le Ministère de l'Environnement en 2013 a choisi Blois comme l'un des lauréats d'un projet « Plan Paysage ». Nous mettons en oeuvre une « stratégie du paysage » sur une période de 10 ans en prenant en compte les grandes caractéristiques de notre paysage classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco. En nous appuyant sur ce paysage classé, nous développons le paysage du quotidien et contemporain. Le plan a intégré de nouveaux modes de découverte des patrimoines. La Loire en Kayak permet de découvrir les traces d'une grande civilisation avec ses ports, ses quais, ses ponts et ses châteaux mais aussi son patrimoine naturel et sa biodiversité, faune et flore.

Nous avons créé il y a une quinzaine d'années, « La Loire à vélo », un circuit d'une trentaine de boucles qui permet de découvrir à vélo les châteaux et paysages viticoles. La région bénéficie aussi d'un circuit des vignobles touristique avec des paysages travaillés, architecturés à dimension géométrique forte et qui attire autant les experts que le grand public.

Si nous passons à la politique, quelle est votre opinion sur les élections régionales ?

Ma réflexion va au-delà de l'enjeu politique. Comme Président de Communauté d'Agglomération, je suis très attentif au-delà de mon choix partisan, à tout ce qui touche les régions. En effet, dans le cadre de l'organisation de la décentralisation et compte tenu des compétences des intercommunalités, il existe un lien privilégié entre les agglomérations et les Conseils Régionaux.

Il y a bien sûr des relations institutionnelles avec les conseils départementaux mais c'est bien avec les régions que nous partageons le plus de projets et que la complémentarité est la plus forte.

Les agglomérations ont un rôle moteur dans le développement de l'économie et il ne faut pas que la politique interfère trop avec les enjeux d'intérêt général.

C'est pourquoi, indépendamment de nos étiquettes politiques, les Maires et Présidents d'Agglomérations ont souhaité débattre et agir dans ce domaine mais après les régionales.

Les Maires et Présidents d'Agglomérations entendent peser sur un certain nombre de choix et d'orientations parce que les territoires urbains ont besoin d'être reconnus. Parce que ce sont eux qui tirent la croissance.

Mais nous ne le ferons pas dans le but d'opposer « l'urbain » et « le rural » parce que dans la Région Centre Val de Loire, les territoires ruraux et urbains sont totalement mêlés, totalement imbriqués. Nous avons plus de communes périurbaines que de communes rurales « isolées ». Les petites communes vivent dans un environnement paysager que l'on peut qualifier de rural mais où les modes de vie sont urbains. Les gens travaillent à la ville et font leur course dans les grands centres commerciaux. Nos territoires sont hybrides. Il ne faut pas opposer mais au contraire associer, mutualiser, mettre en commun.


Propos recueillis par Alexia Lecomte - Agence News Press - Octobre 2015.

Jean François Puech Directeur de la Rédaction NEWS Press jfpuech@newspress.fr


NEWS Press



1, rue de Stockholm
75008 Paris
01 45 22 37 12

presse@newspress.fr

SITE INTERNET

TWITTER, FACEBOOK, RSS et ENGLISH NEWSPRESS