In Situ, un dialogue entre Patrimoine et art contemporain

Audrey Azoulay - Ministère de la Culture et de la Communication - 24/06/2016 14:55:00


IN SITU Patrimoine et art contemporain, manifestation estivale portée pour la 5ème année par l'association Le Passe Muraille, établit un dialogue entre l'architecture patrimoniale et l'art contemporain dans 11 lieux patrimoniaux situés dans le Gard, l'Hérault, l'Aude et les Pyrénées Orientales. Les 11 installations, souvent spectaculaires, sont éphémères et adaptées à l'esprit des lieux. Un itinéraire à découvrir du 18 juin au 18 septembre.

Sélection de propositions artistiques

Dans le Gard

La Bambouseraie en Cévennes à Générargues - Time maker's
Réalisée in situ par le collectif d'architectes Time Maker's, une colonne de bambous nous immerge au coeur du matériau et du site. Le bambou devient la matière et l'objet de cette architecture verticale, dont la complexité se signale par la diversité des couleurs et l'ordonnancement des tiges pour suggérer un sentiment d'équilibre et de rationalité. Les yeux guidés vers le ciel, on découvre une architecture végétale pensée comme un élément normé par les canons des cinq ordres classiques, pour en être le sixième. Les ordres, en architecture, déterminent les proportions, les formes et l'ornementation de toute partie construite en élévation (en particulier des colonnes). Si selon Vitruve, les ordres étaient inspirés par les proportions du corps humain, qu'en est-il de celui-ci ? L'harmonie presque géométrique des bambous, leur linéarité parfaite, leur singularité graphique et chromatique ? C'est cette opposition entre deux forces, l'une naturelle - on connaît la puissance colonisatrice des bambous - et l'autre civilisatrice, celle de l'homme qui nous interpelle devant ce défi vertical et ce monument végétal célébrant le triomphe de l'une et de l'autre.

Dans l'Hérault

L'église Saint-Martin à Saint-Martin-de-Londres - Bertrand Gadenne
Bertrand Gadenne a débuté à la fin des années 1970 par des installations de films Super 8. Il a développé un travail dans lequel la vidéo invite le spectateur à retrouver, dans un lieu d'exposition ou au détour d'un mur dans une ville, un émerveillement depuis longtemps oublié : celui de la matérialisation d'une image projetée. En concevant des dispositifs lumineux insolites et spécifiques à chacun des éléments naturels (végétal, minéral, animal, etc.) dont il suscite l'apparition, il crée des situations empreintes d'un caractère spirituel et propices à une méditation sur les liens à la fois techniques et poétiques que son oeuvre tisse entre « la nature des choses » et le fragile miracle de leur visibilité. La simplicité apparente de ces images survenant telles de véritables apparitions, entre rêve éveillé et matérialisation de l'insolite, images synoptiques et luminescentes, constitue une proposition radicale et passionnante.

Le château de Baulx à Saint-Jean-de-Buèges - Martine Feipel & Jean Bechameil
Toujours pensées en réaction aux lieux dans lesquels elles s'inscrivent, les installations de Martine Feipel et Jean Bechameil, qui travaillent ensemble depuis 2008, interrogent notre perception de l'espace. Elles ménagent au sein des espaces quadrillés et contrôlés du monde contemporain des ouvertures où se mêlent l'illusion, l'imaginaire, l'instable et l'illogique, à l'instar de leur intervention au pavillon luxembourgeois à la Biennale de Venise en 2011. La proposition imaginée par les artistes pour Saint-Jean-de-Buèges consiste à surprendre le visiteur par une interrogation qui relie immédiatement le passé à l'avenir : Est-ce que le futur nous appartient ? Réalisées en inox poli miroir, les lettres réfléchissent le ciel et le paysage, creusant une sorte de vide dans le mur médiéval du château de Baulx. À la permanence du paysage s'oppose notre incapacité à nous situer dans le temps. Le patrimoine constitue le socle culturel commun de notre société grâce auquel nous avons appris à penser l'avenir en perspective de notre passé.

Dans l'Aude

La salle capitulaire de l'abbaye de Fontfroide à Narbonne - Marc Couturier
La proposition de Marc Couturier est installée dans la salle capitulaire, symétriquement. Le dispositif miroir réfléchit les éléments de l'architecture gothique de cette petite salle ouverte sur le cloître et la perspective du jardin. La barque nous apparaît comme en suspension dans l'espace, image métaphorique et plus précisément spirituelle du déplacement de l'âme, à la limite du visible et de l'invisible. C'est également par une approche intuitive que le visiteur peut appréhender cette oeuvre qui révèle peu à peu le lieu, invitant le visiteur à un rapport plus contemplatif du monde. Marc Couturier est un des artistes les plus impliqués dans des actions marquées par un symbolisme spirituel. Il est surtout connu pour la réalisation de Croix et Gloire, une commande publique religieuse, à Notre-Dame de Paris. Récemment présenté au Palais de Tokyo (Dessins du troisième jour, 2014), il est actuellement exposé au Château de Chaumont-sur-Loire.

L'abbaye de Lagrasse - Javier Pérez
Depuis les années 1990, Javier Pérez a développé une oeuvre imprégnée par un symbolisme puissant et servie par un recours intense à la métaphore. Composée de 17 cloches de verre noires, l'installation Lamentaciones (2007-2009), dont les battants en résine représentent des bras, intègre une partition vocale de 30 minutes réalisée par Joan Sanmartí et inspirée par le livre des Lamentations du prophète Jérémie. Disposées symétriquement dans l'immense dortoir de l'abbaye de Lagrasse, chaque cloche est suspendue à la hauteur des oreilles du visiteur, le son des voix est transmis par certaines cloches tandis que d'autres sonnent. L'oeuvre nous immerge dans un espace sonore qui sollicite tous nos sens, à la fois inquiétant et fascinant. On découvre un univers troublant à la beauté grave, énigmatique et qui ne cesse d'envoûter.

Dans les Pyrénées-Orientales

Le prieuré de Marcevol à Arboussols - Vladimir Skoda
Dans les absides du prieuré de Marcevol, l'installation de Vladimir Skoda se présente sous la forme de trois disques d'acier poli concave suspendus, tournant sur eux-mêmes avec un mouvement lent et synchronisé, réfléchissant l'espace intérieur du prieuré. Devenu virtuel,cet espace est l'objet de métamorphoses incessantes dont l'architecture et les mouvements du spectateur sont à la fois la cause et l'un des effets-reflets.

Le commissariat artistique de IN SITU est confié à Marie-Caroline Allaire-Matte.

Infos pratiques

Du 18 juin au 18 septembre 2016. 11 lieux patrimoniaux - 11 artistes contemporains. Toutes informations disponibles sur le site.


Audrey Azoulay - Ministère de la Culture et de la Communication




Ministère de la Culture et de la Communication

Ministère de la culture et de la communication
3 rue de Valois - 75033 Paris Cedex 01
France
Téléphone standard : + 33 1 40 15 80 00
Télécopie : + 33 1 40 15 85 30

Site internet







Audrey Azoulay
Ministre de la Culture et de la Communication