Dans l'échappée de 20 coureurs stabilisée après plus de 50 kilomètres de course, le pédigrée des grimpeurs qui avaient réussi à s'y glisser le laissait guère de doutes : avec Pinot, Majka, Costa ou encore Navarro, une explication entre montagnards allait distinguer le plus solide d'entre eux dans les ascensions andorranes. Mais Tom Dumoulin, tout aussi puissant qu'audacieux, a réussi à piéger ses compagnons de route à 12 kilomètres de l'arrivée, sur une portion presque plane, avant de résister en solitaire dans l'ascension finale au retour de l'ancien champion du monde et du maillot à pois. Rouleur de tout premier rang, le Néerlandais a frappé, comme Froome hier, là où on ne l'attendait pas, pour aller chercher sa première victoire sur le Tour de France.
S'il était passé à côté de son rendez-vous à Utrecht l'année dernière, Dumoulin a depuis prouvé sur la Vuelta que son registre ne se limitait pas aux étapes contre-la-montre. Il confirme en s'imposant sur l'étape-reine des Pyrénées, où Chris Froome a lui aussi tenu son rang. Ses attaques dans le final ont fait le tri parmi les favoris capables de lui tenir tête, mais le Britannique n'a pas gagné la moindre seconde sur Nairo Quintana ou Adam Yates par exemple. Il atteint la journée de repos avec 13'' d'avance sur son jeune compatriote. En revanche, Alberto Contador a abandonné...
Valverde indésirable dans l'échappée
Si 197 coureurs prennent le départ de Vielha, le peloton perd sur abandon Mark Renshaw et Matthieu Ladagnous dès l'ascension au Port de la Bonaigua. Dans cette même montée, un très imposant groupe de 44 coureurs se détache, avec notamment Peter Sagan, Rafal Majka et Thibaut Pinot. Alberto Contador veut en être : il est suivi par son compatriote Alejandro Valverde dans une contre-attaque qui rejoint l'échappée au km 13. Le leader de Tinkoff ne persiste pas au sein de ce groupe en pleine décomposition dans la première montée, et qui se stabilise à 21 coureurs, avec Valverde, Anacona, Herrada (Movistar), Rosa, Sanchez (Astana), Sagan, Majka (Tinkoff), Vuillermoz (AG2R), Bennett (Lotto-Jumbo), Frank, Clement, Coppel (IAM), Berhane (Dimension Data), T.Dumoulin (Giant), Pinot (FDJ), Costa, Grmay (Lampre), De Gendt, Gallopin (Lotto-Soudal), Navarro et Edet (Cofidis).
Abandon d'Alberto Contador
Thibaut Pinot montre son intérêt pour le maillot à pois en basculant en tête, alors que l'avance sur le peloton est contenue par l'équipe Sky à 1'20''. La bride est serrée dans la traversée de la province espagnole de Lerida, l'écart se réduisant même à 40'', jusqu'à ce qu'Alejandro Valverde accepte de réintégrer le peloton, au km 53. La situation se stabilise donc à 20 coureurs à l'avant de la course, qui passent le cap des 5 minutes d'avance au km 77. Mais derrière eux, la sensation vient de l'abandon d'Alberto Contador, fiévreux, qui pose pied à terre pour la deuxième fois de sa carrière sur un grand tour au km 81.
Sélection au col de Beixalis
L'échappée s'éloigne sans rencontrer de résistance et obtient un avantage maximal de 10'30'' au passage au km 136, juste avant le sprint intermédiaire où Peter Sagan remplit sa mission de remontée dans le classement par points avant de se relever. Le groupe est bousculé par une tentative en solitaire de Thomas De Gendt, mais la sélection au sein du groupe intervient dans la montée au col de Beixalis, qui divise l'effectif en deux. Pendant que le Belge s'effondre à 3 km du col, seuls les dix plus solides persistent : Anacona, Herrada, Rosa, Majka (Tinkoff), G.Bennett (Lotto-Jumbo), Frank, T.Dumoulin, Pinot, Costa et Navarro.
Dumoulin contrôle Majka et Costa
Après la plongée sur Ordino, les attaques se multiplient de la part de George Bennett par exemple. Juste avant l'ascension à la station d'Arcalis, à 12 km de l'arrivée, Tom Dumoulin quitte la petite bande en solitaire et profite d'une courte période d'hésitation pour prendre une cinquantaine de secondes d'avance. Malgré les tentatives de contre notamment menées par Majka et Costa, ses deux premiers poursuivants dans la montée finale, le coureur de Giant-Alpecin conserve 38'' à l'arrivée et remporte sa première étape sur le Tour de France.
Quintana dans la roue de Froome
Derrière l'audacieux récompensé, la bataille des favoris se joue dans les 5 derniers kilomètres. La première sélection s'achève sur une accélération d'Henao, mais sous une pluie battante, c'est son leader Chris Froome qui se charge personnellement de précipiter l'essorage. Ses accélérations, relayées par des répliques de Richie Porte et de Dan Martin, réduisent le groupe des favoris à 5 dans les deux derniers kilomètres, sachant que Nairo Quintana a constamment gardé la roue du Maillot Jaune, et qu'Adam Yates n'a jamais cédé plus de quelques mètres avant de revenir au contact.