L'UEFA et le PNUD se joignent aux villes et aux régions de toute l'Europe pour mettre en commun leur expérience en matière d'intégration des migrants.

CER Comité Européen des Régions - 13/01/2017 18:10:00


L'Union européenne doit consacrer davantage d'attention à la mission d'intégrer des migrants et de soutenir les efforts déployés par les villes et les régions européennes dans ce domaine. C'est ce qu'a expliqué un haut fonctionnaire de la Commission européenne aux responsables locaux et régionaux, à l'occasion d'une réunion organisée par le Comité européen des régions dans le but d'échanger les expériences locales en matière d'intégration des nouveaux arrivants dans l'UE.

La conférence, organisée le 6 décembre et intitulée «L'intégration des migrants des pays tiers: Le rôle des collectivités locales et régionales», a mis en avant les travaux en cours en Autriche, en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Pologne, en Espagne et au Royaume-Uni, ainsi que les perspectives concernant l'UEFA et le Programme des Nations unies pour le développement. Elle s'est tout particulièrement penchée sur les réponses apportées à l'immigration par les pouvoirs locaux et régionaux dans des domaines tels que le logement, l'éducation, la formation, le marché de l'emploi, le sport et la société civile.

Si le Comité européen des régions (CdR) a organisé cette conférence, c'est avant tout parce que la responsabilité d'assurer la cohésion sociale au sein des communautés incombe principalement aux villes et aux régions. «Ces problèmes ne sont pas nouveaux, mais ils se présentent dans une ampleur beaucoup plus importante que ce n'était le cas il y a quelques années», a déclaré à l'ouverture de cet événement, M. Karl Vanlouwe (BE/Alliance européenne), membre du Parlement flamand, au nom du CdR. Le coût de l'échec de l'intégration des nouveaux arrivants serait «élevé», a-t-il mis en garde.

M. Matthias Ruete , directeur général chargé de la migration et des affaires intérieures à la Commission européenne, a affirmé que, si l'UE «n'est pas en mesure de définir comment intégrer, nous pouvons apprendre les uns des autres». Le rôle de l'Union est, selon lui, «tout d'abord de favoriser la diffusion des idées». Il a indiqué à cet égard s'attendre à ce que le thème de l'intégration fasse l'objet d'une attention accrue au niveau de l'Union, avec la possibilité qu'un financement plus important soit mis à disposition à l'avenir.


M. Ruete a expliqué qu'en matière de migrations, les institutions de l'UE étaient passées en deux ans d'une situation où «soyons honnêtes, entre nous, nous n'osions pratiquement pas aborder le sujet», à une situation dans laquelle l'UE s'efforce «d'éteindre un incendie». Maintenant, a-t-il déclaré, «nous devons réorienter notre attention vers ce que vous (les villes et les régions de l'UE) mettez en place en matière d'intégration». Il a, en outre, prédit qu'intégrer la question de l'intégration constituerait «une priorité dans le cadre de la discussion des financements futurs».

La conférence s'est tenue la veille d'une session plénière au cours de laquelle le CdR a adopté plusieurs recommandations portant sur l'intégration et la migration légale, ainsi que les règles en matière d'asile, et deux des rapporteurs - M. Vanlouwe sur l'intégration, et M. Olgierd Geblewicz (Pologne/PPE), président de la voïvodie de Poméranie occidentale, sur l'immigration légale - ont souligné que l'UE et les gouvernements nationaux doivent mieux tenir compte des besoins et points de vue des villes et des régions, étant donné qu'elles sont en première ligne en matière de migration et plus attentives aux besoins locaux. M. François Decoster (FR/ADLE), maire dans la région de Calais et auteur en décembre 2015 de l'avis du CdR sur l'agenda européen en matière de migration, a déclaré: «Nous aidons les réfugiés comme nous pouvons, mais ce dont nous avons besoin, c'est d'une véritable solidarité européenne. Nous devons mettre en place cette intégration sociale des réfugiés et cela requiert une approche à niveaux multiples, qui soit globale et se fonde sur un calendrier et un contenu communs.»

L'importance des villes a été mise en avant par Mme Cécile Riallant, du PNUD. Elle a expliqué que «les migrations sont devenues un phénomène urbain», en observant que les villes sont «des acteurs de première ligne» dans la gestion des flux migratoires et que, selon les estimations, «60 % des réfugiés vivent dans les villes». D'autres intervenants ont également souligné qu'en plus de constituer un phénomène qui prend de l'ampleur, les migrations se diversifient également. Cette réalité s'impose comme une évidence dans la ville même où sont établies les institutions décisionnelles de l'UE, Bruxelles, où, selon Mme Ingrid Pelssers, conseillère auprès du gouvernement flamand en matière de politique d'intégration, 63 % des habitants sont d'origine étrangère, ce qui en fait l'une des villes au monde présentant le plus de diversité. M. Vanlouwe fait valoir que «l'intégration ne peut se faire sans la promotion active de la diversité culturelle et de la cohésion». M. Oriol Amorós, secrétaire général du gouvernement de Catalogne responsable des questions d'égalité, d'immigration et de citoyenneté, a expliqué que sa région a opté en matière de diversité - «Il existe 180 nationalités et 300 langues dans notre pays», a-t-il dit - pour une approche «interculturelle», par opposition avec d'autres modèles fondés sur l'assimilation ou le multiculturalisme.

M. Brando Benifei (IT/S&D), député européen qui a rédigé cette année pour le Parlement un rapport sur l'inclusion sociale et l'intégration sur le marché du travail, a insisté sur la nécessité de s'assurer du soutien et de la compréhension des communautés d'accueil. «Nous devons rassurer nos citoyens sur le fait que nous sommes en train de bâtir des systèmes durables», a-t-il déclaré. «Il faut éradiquer le racisme, mais, à cette fin, associer nos propres citoyens est une nécessité. Pour éviter d'opposer des groupes vulnérables, nous devons également prévoir les ressources nécessaires, de sorte qu'aucune région n'ait à choisir entre les personnes handicapées et les réfugiés.»

Expériences en provenance de toute l'Europe:

Le point de vue d'un réfugié: au cours de cette manifestation, deux récits détaillés de personnes arrivées en Europe en tant que demandeurs d'asile ont été mis en avant, notamment celui de M. Ann Helwani, arrivé en Belgique il y a 15 mois. Il a décrit un parcours au cours duquel, après avoir tout d'abord eu à trouver ses repères à Bruxelles, il a appris le français et a fini par travailler avec d'autres réfugiés. «Mon objectif n'était pas de changer de culture ou de mentalité», a-t-il expliqué, «mais bien de vivre avec elles» dans un nouvel environnement. «Comprendre cette nouvelle culture n'a pas été si difficile», a-t-il ajouté, «ce sont surtout les formalités administratives qui ont posé problème», un chemin parsemé d'échecs dans ses efforts visant à obtenir la reconnaissance de ses qualifications. Il ressort de son travail actuel avec d'autres réfugiés qu'il est «extrêmement difficile» pour des réfugiés «de se réinsérer dans la société après avoir séjourné dans un camp». «Je sais que l'intégration est vraiment un processus complexe», a-t-il dit, «mais qui requiert des efforts de la part des réfugiés, du gouvernement, de la société civile et, surtout, des médias.»

L'accueil des migrants et des demandeurs d'asile: décrivant l'approche privilégiée par les autorités locales dans le Sud-Est de l'Angleterre, M. Paul Watkins, conseiller local de Douvres, a expliqué que les membres d'une équipe de travail régionale conviennent du nombre de demandeurs d'asile accueillis dans leur région et évaluent ensuite les implications pour les services publics et en matière d'accès à l'emploi. «Nous nous efforçons de recenser les besoins en compétences de notre région», a-t-il déclaré, «et essayons également d'offrir des possibilités de formation» et de proposer des cours d'anglais. Toutefois, les autorités rencontrent des difficultés pour obtenir les services d'interprètes, et travailler avec des enfants non accompagnés s'avère particulièrement difficile.


Santé: il est nécessaire d'«adapter le système d'accueil à notre modèle social - et donc également à notre système de soins de santé», a déclaré M. Vittorio Bugli, chargé de la question des migrations au sein du gouvernement régional de Toscane. Il a indiqué que la Toscane fournit des services de santé aux migrants par l'intermédiaire de centaines de centres. La région a donné à chacun une carte indiquant qu'ils sont temporairement étrangers et qu'à ce titre, ils ont accès à tous les types de soins de santé. En outre, la Toscane a formé cette année plus de 200 professionnels à la gestion de ces centres et veillé au respect des normes au moyen d'un organe de surveillance régional. Ce système a pu être mis en place «grâce au niveau élevé de volontariat», a-t-il déclaré, avant d'ajouter que «rien de cela n'aurait été possible sans les bénévoles».

Logement: Mme Shams Asadi, la coordonnatrice en matière de droits de l'homme de la ville de Vienne, a affirmé que «toutes les mesures prises dans ce domaine sont respectueuses des droits de l'homme» et appuyées par des actions de communication auprès des communautés locales. Elle a indiqué que la population déjà diverse de la capitale autrichienne - 36 % des Viennois sont nés à l'étranger - s'est encore enrichie de 43 000 nouveaux habitants cette année, confirmant une tendance à la croissance accélérée. Forte de sa tradition centenaire de logements municipaux, Vienne s'efforce de fournir aux 40 % d'habitants vivant dans des logements municipaux ou subventionnés un habitat innovant, respectueux de l'environnement et socialement inclusif. L'architecture est un élément important pris en considération sur les nouveaux sites. Il en va de même des espaces publics, des équipements civils et de la place réservée aux petites entreprises.

Éducation: la Catalogne «a connu une importante mutation démographique» qui a touché «tous les aspects de la vie», mais l'immigration a simplement été considérée comme une évolution à gérer et n'a pas donné lieu à «de graves conflits sociaux», a déclaré M. Amorós, le secrétaire général du gouvernement de Catalogne responsable des questions d'égalité, d'immigration et de citoyenneté. L'idée selon laquelle «plus d'immigration entraînerait plus de xénophobie est catégoriquement réfutée en Catalogne», a-t-il souligné. L'idée maîtresse de la politique de la Catalogne, qui comprend notamment la conviction que les droits - comme le droit à l'éducation - devraient être reconnus dès le début, a contribué au nombre inhabituellement élevé de personnes nées à l'étranger qui parlent le catalan (46,3 %). Il a mis en avant trois éléments liés à l'éducation que sa région a favorisés: le tutorat assuré par des étudiants plus âgés, l'explication du fonctionnement du système éducatif aux familles, et le fait d'encourager les migrants à instruire d'autres nouveaux arrivants dans leur langue maternelle (les cours donnés en roumain, arabe ou chinois sont particulièrement prisés).

Emplois: M. Günter Lambertz , de l'association allemande des chambres d'industrie et de commerce, a indiqué que cette association a pour objectif d'aider les entreprises à embaucher des migrants, et ces derniers à acquérir les compétences requises par le marché du travail, avec, à terme, l'idée qu'ils puissent devenir eux-mêmes chefs d'entreprise. L'association a mis en place un réseau national d'entreprises afin que celles-ci puissent échanger leurs expériences et, désormais, toutes les chambres de commerce de l'Allemagne y participent. Les entreprises doivent familiariser les migrants avec la formation professionnelle. Plus généralement, les compétences linguistiques revêtent une importance particulière, a-t-il déclaré en faisant référence aux évolutions structurelles qu'a connues l'économie de l'Allemagne. Cela ne constitue toutefois pas, pour de nombreux migrants, une incitation suffisante à continuer d'étudier l'allemand étant donné que «nombre d'entre eux doivent commencer à travailler immédiatement pour envoyer de l'argent dans leur pays d'origine».

Sport: l'«obsession culturelle» des Européens pour le football recèle «un réel potentiel» en matière de promotion de l'intégration, a déclaré M. Piara Powar, directeur exécutif du réseau FARE de l'UEFA. Étonnamment peu de fonds sont nécessaires, a-t-il expliqué en mentionnant l'expérience de l'Allemagne, où la fédération nationale de football «a obtenu des résultats incroyables» en proposant 500 EUR par équipe pour soutenir les efforts d'intégration. Il a toutefois insisté sur «la nécessité de garder à l'esprit, dans tout ce que nous faisons, qu'une contre-réaction est toujours possible», et sur le fait que les efforts en faveur de l'intégration doivent «toujours» être déployés «dans le cadre d'une collaboration».

Participation du citoyen: la Belgique connaît un problème de ségrégation, quand deux Flamands sur cinq perçoivent l'immigration comme une menace pour le mode de vie de la région, a expliqué Mme Ingrid Pelssers, qui conseille le gouvernement flamand sur les questions d'intégration. «Nous devons passer de la ségrégation à un vivre-ensemble actif», a-t-elle déclaré, soulignant que les interactions entre les différents groupes sont plus faibles parmi les personnes plus âgées, les travailleurs faiblement qualifiés et dans les zones rurales. Ce qui fait défaut, a-t-elle ajouté, c'est un «lubrifiant permettant à tous les rouages de tourner ensemble». Elle a insisté sur l'importance de la «gouvernance à niveaux multiples», du dialogue et du fait que les idées et les actions doivent venir de la base. Parmi les exemples belges de bonnes pratiques figurent le «cabinet citoyen» qui élabore des propositions relatives aux politiques en faveur de la jeunesse et de la diversité, les cinémas éphémères et les cours d'intégration en immersion. Les nouveaux arrivants rencontrent des difficultés avec les services de base comme les services bancaires et les accords écrits.

photo Ann Helwani
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Contact:
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andrew.gardner@cor.europa.eu


CER Comité Européen des Régions


Le Comité des régions est la voix des régions et des villes dans l'Union européenne.

350 membres - élus locaux et régionaux des 28 États membres de l'UE.
6 commissions se partagent des compétences dans les domaines politiques suivants, conformément aux traités:
- emploi, formation professionnelle, cohésion économique et sociale, politique sociale, santé;
- éducation et culture;
- environnement, changement climatique, énergie;
- transports et réseaux transeuropéens;
- protection civile et services d'intérêt général.

6 sessions plénières par an.
Plus de 50 avis par an sur la législation de l'UE.
Plus de 40 consultations de parties prenantes par an.
Plus de 300 manifestations par an.



Vasco Alves Cordeiro
Président du Comité européen des régions .


Contact Nathalie Vandelle
Tél. +32 (0)2 282 24 99
nathalie.vandelle@cor.europa.eu


BIOGRAPHIEVasco Alves Cordeiro a été élu président du Comité européen des régions en juin 2022.

Né le 28 mars 1973 aux Açores, région autonome du Portugal et région ultrapériphérique de l’Union européenne, Vasco Alves Cordeiro, avocat, marié et père de deux enfants, est membre de l’Assemblée législative de la région autonome des Açores.

Diplômé en droit de l’université de Coimbra et titulaire d’un diplôme de troisième cycle en droit régional de l’université de Lisbonne et de l’université des Açores, Vasco Alves Cordeiro a commencé sa carrière professionnelle d’avocat aux Açores en 1995, où il a exercé jusqu’en 2003.

En 1996, il a été élu pour la première fois député du parti socialiste à l’Assemblée législative de la région autonome des Açores.
Il a depuis lors occupé plusieurs postes au sein de l’exécutif régional dont notamment celui de secrétaire régional pour les affaires européennes et extérieures, et secrétaire régional à l’agriculture et à la pêche (2003-2004).

En 2012, il a été élu pour la première fois président du gouvernement régional des Açores, fonction à laquelle il a été réélu en 2016 et, à ce titre, il a représenté sa région aux niveaux européen et international en qualité de membre du Comité européen des régions, ainsi que d’organisations promouvant notamment les outremers de l’UE, et l’Assemblée des régions d’Europe.
Membre titulaire du Comité européen des régions depuis 2013 après avoir été suppléant de 2004 à 2008, M. Cordeiro en a été le premier vice-président de février 2020 à juin 2022, avant son élection à sa présidence