Asthme : un effet « santé » des bactéries pulmonaires pour la première fois démontré

INRA - Institut National de Recherche Agronomique - 17/01/2017 16:30:00


Des chercheurs de l'Inra* en collaboration avec leurs collègues de l'Université de Gand (Belgique) révèlent pour la première fois que certaines bactéries présentes dans les poumons peuvent être associées à des effets bénéfiques ou délétères sur l'asthme. Ces travaux, publiés dans The ISME Journal le 3 janvier 2017, montrent que la communauté microbienne présente dans les poumons (microbiote pulmonaire) constitue une source encore inexplorée de bactéries, ou de molécules produites par des bactéries, pouvant atténuer certaines pathologies respiratoires comme l'asthme.

L'asthme est une pathologie respiratoire chronique pour laquelle des traitements symptomatiques sont disponibles, mais il n'existe pas encore de démarche curative universelle.. L'incidence de cette pathologie a augmenté ces dernières années. Elle touche un enfant et un adulte sur 10 et constitue un véritable enjeu de santé publique. L'asthme peut être déclenché par une exposition à des allergènes respiratoires, tels que la poussière, les acariens, des moisissures, des pollens, etc.

La description du microbiote pulmonaire est très récente, le poumon ayant été très longtemps décrit comme un organe stérile. L'influence du microbiote bactérien pulmonaire sur l'épithélium respiratoire, la mise en place de l'immunité et la sévérité de l'asthme sont des sujets novateurs auxquels se sont intéressés très tôt les chercheurs de l'Inra. Jusqu'à aujourd'hui, aucun microorganisme résident du poumon n'avait été associé à des effets bénéfiques ou délétères sur l'immunité pulmonaire.
Des bactéries pulmonaires aux effets santé
Dans cette étude, les chercheurs ont décrit les poumons de deux types de souris : celles élevées dans des conditions stériles (axéniques, c'est-à-dire sans bactéries) et celles élevées dans un environnement classique, en contact avec des micro-organismes. Les poumons des souris axéniques présentent des différences dans le niveau d'expression de certains gènes par rapport à ceux des souris normales. Ce résultat indique que l'environnement dans lequel nous avons grandi peut changer les capacités de défense de nos poumons.

La colonisation bactérienne du poumon se fait progressivement à partir de la naissance et accompagne la maturation des défenses immunitaires pulmonaires. La période néonatale est donc une fenêtre d'intervention privilégiée pour prévenir ou réduire l'impact des maladies respiratoires de l'enfant. Pour étudier les effets protecteurs (ou non) des bactéries du poumon vis-à-vis de l'asthme, les chercheurs ont cultivé et caractérisé des souches bactériennes isolées à partir de poumon de souris sans pathologie. Trois souches de microorganismes ont été retenues et ont été administrées séparément par inoculation nasale à des souriceaux, avant que les animaux ne respirent des allergènes d'acariens.

Une souche a eu un effet neutre (sans effet) sur la pathologie, une souche a diminué les symptômes de la maladie chez les souriceaux et une souche a exacerbé l'asthme.

Ce travail montre que les bactéries pulmonaires constituent une source encore inexplorée de bactéries, ou de molécules produites par des bactéries, pouvant atténuer certaines pathologies respiratoires comme l'asthme. Un brevet a été déposé sur les applications en santé respiratoire de certaines bactéries pulmonaires.

Les chercheurs poursuivent leurs travaux, notamment pour déterminer si ces bactéries pulmonaires peuvent changer la susceptibilité vis-à-vis d'affections respiratoires touchant le nouveau-né.