En pleine « présidentielle » les maires ruraux de France présentent les Etat « générEux » de la ruralité.

AMRF - Association des Maires Ruraux de France - 13/03/2017 09:05:00


Démontrer l'innovation des territoires à quelques semaines du 1er tour de l'élection présidentielle, c'était l'objectif de l'AMRF au cour d'une conférence de presse qui s'est déroulé le 9 mars 2017 au Sénat.

L'association est partie d'un constat unanimement reconnu : le déclin des zones rurales. Vanik Berberian, président de l'association et maire de Gargilesse-Dampierre (Indre), aime à illustrer de façon imagée ou par des statistique et des chiffres les fractures ou changements qui ont traversé le monde rural depuis 30 ans. Sous l'angle des finances publiques, l'exemple le plus frappant provient de la DGF, ou Dotation Globale de Fonctionnement dont la méthode de calcul est basée sur une période d'urbanisation aujourd'hui achevée. L'État dépense ainsi 64 euros pour un citoyen rural et 128 euros pour un citoyen urbain.

L'association des maires ruraux de France (AMRF) a tenu à annoncer elle-même des propositions aux candidats à la présidence de la République. Créé en 1971, l'AMRF regroupe 10 000 communes de moins de 3500 habitants. Les communes rurales occupent 70% du territoire représentant 21 millions d'habitants. Une évidence souvent occultée. L'association a fait émerger 150 initiatives parmi lesquelles 15 mesures concrètes. Celles-ci s'articulent autour de 8 enjeux, notamment : l'aménagement du territoire, l'éducation, l'emploi et l'économie ou encore la santé et les finances nationales et locales.
Ainsi la mesure « Démocratie » promeut-elle d'abord une refonte du statut de l'élu des maires ruraux pour aplanir les disparités entre élus communaux et les conseillers départementaux et régionaux. Par ailleurs, les maires ruraux refusent de ne plus avoir voix aux chapitres dans les structures intercommunales. Une autre mesure, sous le titre « Décision publique », vise à remplacer le vote délibératif des fonctionnaires au sein des commissions normatives par un vote consultatif, en effet la voix des élus dans la prise de décision, proche du terrain, doit être mieux prise en compte.

Dans le même registre, l'AMRF souhaite pouvoir mettre fin aux normes « ruralicide » et obtenir une prise en compte des situations particulières de l'espace rural eu égard aux handicaps naturels, structurels et financiers des communes. Conférer aux collectivités locales la capacité d'expérimentation dans tous les domaines de compétences pourrait être une solution alternative.

Mais les préoccupations des maires ruraux concernent aussi d'autres domaines. Pour ce qui concerne le numérique il faut développer en urgence l'internet mobile (la 4G).
M. Berberian affirme qu'aujourd'hui les touristes ne demandent plus des locations de vélos, mais l'accès à internet dans les gites ruraux. L'association souhaite aussi que la commune obtienne une aide différenciée selon la santé financière de chacune d'entre elle pour le patrimoine classé ou inscrit aux monuments historiques. En effet, il est « désolant de voir les églises ou châteaux des communes tombés en ruines sans argent pour les rénover ». Dans le domaine de l'emploi, l'AMRF estime nécessaire que l'Etat soutienne les initiatives de création et d'adaptation de l'emploi en milieu rural par des exonérations de charges. Au sujet de la mobilité, une problématique se pose : comment rompre l'isolement de personnes isolées ? Via des aides ou des services à la personne adaptée aux territoires ruraux, répond l'association. Enfin, au sujet de la santé, l'association réclame un soutien aux communes dans les aides à l'installation des médecins en relation avec les Conseils Départementaux et Régionaux, elle considère comme nécessaire une réforme des études de médecine avec la levée du numerus clausus, une modification des périmètres de compétences des professions médicales et paramédicales ainsi que la création d'un statut de médecin territorial à l'instar des médecins d'entreprise.

Au terme de la conférence de presse, M. Berberian a tenu à souligner que selon l'association, le déséquilibre entre les campagnes et les villes était structurel et provenait d'une lacune de la Constitution, aussi étonnant que cela puisse être. En effet l'article 2 dispose : « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » et en cela, omettrait la référence aux espaces et à ses « territoires ». L'association des maires ruraux de France propose de ce fait une révision de cet article constitutionnel.

Raphaël de La Salmonière, NEWS Press