Vedecom : une piste à induction pour véhicules électriques

Conseil Départemental des Yvelines - 07/04/2017 18:40:00


Vedecom (Institut du véhicule décarboné, communicant et de sa mobilité) a ouvert ses portes pour présenter ses dernières avancées technologiques. L'événement s'est déroulé en présence de divers élus et partenaires sur le site de Versailles Satory.
En dehors de l'inauguration d'un laboratoire consacré à la fiabilité et à l'électronique de puissance, c'est surtout le lancement d'une piste à induction de plusieurs centaines de mètres qui a marqué les esprits. Concrètement, le projet, baptisé Fabric, permet d'ores et déjà la recharge dynamique et sans contact, une révolution dans le milieu des véhicules électriques.

De l'induction pour quelles applications ?
Aujourd'hui, les utilisateurs possèdent le choix de recharger leurs voitures par le biais de bornes se situant à domicile ou ailleurs. Ce procédé, aussi novateur soit il, présente toutefois quelques désagréments : temps de chargement des batteries, accessibilité des bornes en cas de long trajet ou de « panne sèche »...

La technologie proposée par Vedecom pourrait permettre de pallier ces inconvénients. Selon l'institut, l'automobiliste aura la possibilité dans un futur plus ou moins proche, de recharger ses batteries tout en circulant sur des portions de routes dédiées, et ce, sur des autoroutes ou encore des périphériques en zones urbaines. « Il s'agit d'un très beau challenge, commente Luc Marbach, directeur général de Vedecom. Car recharger un véhicule électrique tout en roulant à 90 ou 110 km/h est très innovant. »

Des essais à la réalité, il y a... l'économie
Pour l'heure, la piste de Satory a pour objectif d'apporter une validation sur un plan purement technique. « Elle va en effet nous permettre de démontrer que nous savons d'ores et déjà le faire », poursuit Luc Marbach.

Cependant, avant d'imaginer un développement à plus grande échelle, des questions d'ordre stratégique et économique pointent à l'horizon. « Notre système nécessite des infrastructures lourdes, reconnaît le directeur général. Bien entendu, nous nous demandons déjà quels seront les investissements nécessaires pour le mettre en oeuvre. » De toute façon, l'avènement de la route à induction risque fort de bousculer l'univers dans lequel bon nombre d'ingénieurs planchent actuellement dans le monde entier : à l'avenir, faudra-t-il embarquer toujours plus de batteries (ou passer par des batteries à recharge rapide) à l'intérieur des véhicules ou opter pour la piste à induction ?

Cette question devrait être tranchée par des raisons économiques et de rentabilité. Et là encore, Vedecom pense pouvoir apporter des éléments de réponses : « Avec son lot de constructeurs, de personnes dédiées à la réalisation des routes, celles travaillant sur l'électronique..., je pense que nous représentons un bon écosystème pour explorer les conditions de réussite d'un tel projet, conclut Rémi Bastien, président de l'institut. Vedecom pourra d'une manière ou d'une autre participer à la résolution de cette équation économique. »

Trois questions à... Rémi Bastien, président de Vedecom
"La voiture autonome sur autoroute pour l'utilisateur lambda, nous y serons dans 5 ans"

Pour le grand public, le travail effectué sur la voiture autonome par Vedecom et d'autres acteurs internationaux peut paraître abstrait voire parfois relever de la science fiction. N'est ce pas un peu frustrant pour vous et vos équipes ?
R.Bastien - vedecomRémi Bastien : Même si cela fait un certain temps que nous entendons parler de la voiture autonome, nous n'avons jamais été aussi proche du but. Quand Renault s'est lancé dans l'aventure de la voiture électrique, il y avait énormément de sceptiques pour penser que cela ne fonctionnerait jamais. Et pourtant, aujourd'hui, bon nombre de professionnels du secteur automobile s'accordent pour dire qu'elle représente une solution d'avenir.

Par rapport à la voiture autonome, il faut bien noter qu'il existe deux grands champs d'application. Pour l'utilisateur lambda, l'application passera essentiellement par l'autoroute. Et concrètement, nous y serons dans 5 ans ! La seconde utilisation concernera le robot-taxi, qui sera plus local, mais qui lui aussi pourra se déployer très rapidement une fois lancé.

A la fin du mois de mars 2017, un véhicule autonome signé Uber a subi un accident lors d'un essai aux Etats-Unis. Cet événement tendrait-il à prouver que la technologie n'est pas encore tout à fait fiable ?
Rémi Bastien : De toutes les manières, nous sommes en mode d'expérimentation ce qui est indispensable avant de passer à d'autres phases. Dans ce cas précis et à ma connaissance, il ne s'agit que de tôles froissées et heureusement, aucune personne n'a été impliquée. Toutefois, cet incident montre qu'il y a encore des étapes à franchir et du travail à effectuer.

Je crois qu'Uber élabore actuellement un robot-taxi destiné à la ville. C'est la mise en situation la plus complexe pour des raisons évidentes liées à la sécurité en zones urbaines. Mais avec la voiture autonome sur autoroute, nous réduisons une grande partie des problèmes. Aujourd'hui 90 % des accidents sont le fait d'erreurs humaines. Grâce aux technologies de demain, nous serons en mesure de faire baisser considérablement ce chiffre.

Quand pourrons-nous voir un de vos véhicules autonomes en action ?

Rémi Bastien : Nous avons déjà effectué une démonstration qui s'est déroulée avec succès à Bordeaux en 2015. Vedecom prévoit un nouveau rendez-vous de ce type à Strasbourg pour juin 2017.