Entretien avec Julien Aubert député du Vaucluse

Jean François Puech Directeur de la Rédaction NEWS Press - 29/05/2017 18:50:00

Après Vilius Sapoka, Ministre des finances de la Lituanie, nous donnons la parole à Julien Aubert, député du Vaucluse et coprésident de la commission de l'énergie à l'Assemblée Nationale.

Ce natif de Marseille, expert des finances publiques, est passé par la Cour des comptes. Il est un passionné des questions numériques et environnementales, deux problématiques qu'il associe dans son action au plan local.

Elu en 2012, il s'élance à nouveau, en tant que candidat LR, dans la 5ième circonscription du Vaucluse.

Avec l'élection d'Emmanuel Macron à la tête de la présidence de la République, une nouvelle donne est en cours pour les législatives. Quel en est l'impact au plan local ?

En Marche ! a fait irruption dans le paysage politique. Ce phénomène est sans précédent dans la 5ième république et, sur le terrain, il y a naturellement un impact. Il y a également toujours, dans notre histoire politique, une dynamique en faveur du président de la République. Ici, la bataille se fait sur le terrain avec les habitants de la circonscription. La question qui se pose, c'est de savoir si ce sera un réflexe « de l'étiquette » ou une reconnaissance de ceux déjà élus et ancrés dans le département.

En ce qui me concerne, je suis confiant. A gauche, il y a un dissident du Parti Radical de Gauche. Le candidat du Front National est en perte de vitesse depuis le retrait de Marion Maréchal le Pen. Mon lien avec la circonscription, ce sont des origines familiales, c'est surtout le territoire et le milieu rural auxquels je suis très attaché.


La disparition des partis de gouvernement à gauche et à droite au second tour de la présidentielle vous rend-elle la tâche plus difficile ?

Il est vrai que les présidentielles ont entraîné, de façon générale, une suspicion et, chez nos électeurs, une certaine frustration : le sentiment d'avoir été dépossédé.

Ce qui est arrivé à notre candidat est aussi sans précédent. Le traitement de cette affaire par les médias a abouti à stigmatiser tous les élus, à créer des confusions entre le droit et la morale, déséquilibrant ainsi l'équilibre des institutions. C'est ce que j'avais décrit dans un ouvrage intitulé de façon satirique « Salaud d'élu » de manière presque prémonitoire. Cela s'est passé ainsi. Richard Ferrand subit lui aussi cette vindicte populaire et médiatique dans une proportion moindre.

Vous évoquez la moralisation de la vie publique. Quelles seraient vos propositions ?

La situation de certains élus entre dans la cadre légal, mais pas moral et, du moins n'est plus acceptable par l'opinion publique. Il n'en demeure pas moins qu'une infraction constatée doit entraîner une inéligibilité à vie. Par ailleurs, il faudrait renforcer le pouvoir de contrôle des Chambres Régionales des Comptes (CRC), notamment en ce qui concerne les contrôles sur place, ce qui ne peut être le cas aujourd'hui compte tenu des faibles effectifs des CRC.

Pour ce qui concerne les emplois de proches auprès des élus, l'opinion publique souhaiterait que les assistants parlementaires aient un statut public et que des règles claires soient mises en place. Je le comprends. Or, ce que ne savent pas nos concitoyens, c'est qu'ils sont liés aux députés par des contrats de droit privé et la confiance qui lie le député à ses collaborateurs est le facteur essentiel d'une bonne activité. N'oublions pas qu'ils traitent des affaires réservées, qu'ils connaissent la situation personnelle de leurs électeurs ; ils tiennent aussi à la discrétion de leur action publique. Mais des règles s'imposent.

A l'inverse, la présomption d'innocence doit être protégée car elle est une garantie des droits de la défense.

Comment se déroule votre campagne ?

Ma circonscription est un territoire rural dont je suis très fier. Je fais d'abord campagne sur mon bilan et sur toutes les actions menées pour la défense de mes administrés.

Mes principaux axes programmatiques sont la défense de l'agriculture, le problème du vieillissement en zone rurale et du non-renouvellement des générations, le maintien des services publics que je défends - par exemple les maternités et les unités de soins - et le développement du haut débit.

Dans le domaine des énergies nouvelles, nous devons trouver des solutions pour nos départements ruraux. Je pense à la méthanisation des déchets agricoles pour la production d'électricité qui pourrait être développée comme nous l'avons fait à L'Isle sur la Sorgue.

Je vais vous parler d'un sujet qui me tient à coeur et tient aussi au coeur des habitants de ma région : la lavande bleue. Je l'ai défendue à Bruxelles pour participer au soutien à cette production et à ce patrimoine dont la protection est indispensable pour le département.

Ma préoccupation est d'éviter une triangulaire qui verrait une victoire toujours possible du Front National. C'est aussi la volonté de résorber une fracture croissante entre la ville et la campagne. Celle-ci est vieillissante ; il faudrait donc la dynamiser par une augmentation d'élus jeunes. C'est enfin le haut débit avec un accès pour tous notamment avec l'appui de la Région.

Quelles sont vos préoccupations au plan national ?

D'une part, je traite de la politique énergétique au plan national - je suis vice-président du groupe d'étude sur l'énergie et membre de la commission du développement durable au Parlement. Je m'inquiète des choix du gouvernement. En effet, fermer six centrales nucléaires est un risque pour notre économie. Je ne vois pas comment, en supprimant ces emplois, le même nombre de nouveaux emplois pourrait être créé dans l'industrie photovoltaïque et les éoliennes.

Le photovoltaïque est très cher, est dominé par l'industrie chinoise et occupe un très grand espace géographique. Quant à l'éolien, il provoque des nuisances, principalement sonores. C'est ce que nous constatons dans nos campagnes. Et les français ne sont pas prêts à une envolée de leur facture énergétique.

Sur la question des dépenses publiques, l'alignement du régime des indépendants, le RSI, sur le régime général, sur le principe est une bonne chose. Néanmoins, le financement de cette mesure entraînera inévitablement une augmentation importante des dépenses sociales. Or, pour la financer, le gouvernement a choisi l'augmentation de la CSG au détriment, donc, des personnes âgées.

Comment envisagez-vous l'évolution du paysage politique à droite ?

Une clarification est nécessaire. Je suis partisan d'un retour à une droite telle que constituée au moment du RPR de façon à investir l'ensemble du champ politique à droite.

Entretien avec Jean François Puech directeur de la Rédaction

Les candidats aux élections législatives de la 5ème circonscrition du Vaucluse : Mesdames et Messieurs : Christophe CHALENÇON, Julien AUBERT, Marie THOMAS DE MALEVILLE, Sandrine KRAFT, Cédric LECELLIER, Lucien PIERINI, Luc REYNARD, Stéphane CHOTARD, Anne DAURES, Marie-Christine KADLER, Jean VIARD, Nathalie FOREST, Véronique MOREL.