Pour Guillaume Cros VP de la Région Occitanie et membre du Comité européen des régions, une nouvelle politique agricole de l'UE est nécessaire
La Commission européenne sollicite beaucoup plus souvent le Comité européen des Régions la deuxième assemblée à Bruxelles composée d'élus des régions et des villes des 28 Etats de l'UE; la délégation britannique en faisant naturellement partie. On a bien conscience depuis le coup de semonce du Brexit que ces représentants locaux et régionaux sont au plus près de la population européenne. Et les questions relatives à l'agriculture, secteur de l'économie fragile et soumis à la concurrence internationale ne peuvent être négligées dans les prochaines années. La ruralité est également fragilisée par une lente dévitalisation (départ des jeunes, viellissement des actifs, fermeture des commerces en centre ville....) alors que la Politique agricole Commune mobilise encore des fonds européens conséquents. Les élus du Comité européen des Régions ( aussi Comité des Régions ou CdR)ont incontestablement leur mot à dire. C'est dans ce contexte qu' un certain nombre d'entre eux réunis dans la commission dite NAT (Ressources Naturelles,une formation analogue à celles du Parlement européen, ont appelé de leurs voeux une profonde réforme dans ce domaine. Le statu quo n'est plus possible dit-on au CdR. Le texte qui a été adopté le 1er juin dernier à une très large majorité sera transmis au Parlement et à la Commission et il dessine d'ores et déjà les propositions concrètes pour la future réforme de la politique agricole de l'Union européenne.
Les défis auxquels l'UE,est confrontée pour son agriculture, son alimentation et ses territoires ruraux ont aussi un impact sur l'économie des pays membres et sur la construction européenne elle même. La ruralité ne pourrait en être un parent pauvre. Ce sont parmi leurs homologues également concernés, des élus français qui se sont mobilisés en faveur de la ruralité européenne. Le rapporteur du texte qui se veut être, à défaut d'une alarme, un signal fort, est le Vice-président du Conseil Régional d'Occitanie Guillaume Cros. Il a résumé l'exigence des élus européens de façon nette.
"Nous avons besoin d'une Politique Agricole Commune, juste, durable et solidaire, qui assure sa légitimité sur les plans économique, social, environnemental, territorial, et international" a t-il déclaré au nom de ses collègues.
Toujours selon Guillaume Cros, "sans un revenu d'abord assuré par des prix agricoles justes et stabilisés, sans une plus juste répartition du soutien public entre exploitations et entre Etats membres, sans une plus grande durabilité des modes de production, et sans un effort accru pour le développement rural, l'UE ne pourra garantir la pérennité d'exploitations agricoles prospères à taille humaine, faire face aux défis environnementaux et de santé publique, développer des territoires ruraux vivants et renforcer la cohésion de l'Union européenne".
La vitalité des territoires et leur reconnaissance sont liés à la question économique et à celle de ses enjeux qui font régulièrement l'actualité lors des crises des différentes filières et productions et des mouvements sociaux qui les accompagnent. Le Comité européen des régions cite entre autre : la régulation des marchés agricoles pour empêcher excédents ou pénuries, la réorientation de la politique commerciale agricole de l'UE vers l'exportation de produits à haute valeur ajoutée, la valorisation des territoires par un développement de ces productions au premier rang desquelles les productions "bio" et la lancinante question de la répartition plus équitable des marges entre les acteurs des filières, des producteurs et des distributeurs.
Au coeur de ces problématiques souvent macro-technico-économiques, il est vrai, la commission NAT du Comité européen des Régions propose un plafonnement et une modulation des paiements directs par actif agricole. Il s'agit de développer des exploitations agricoles à taille humaine pourvoyeuses d'emploi. Autres impératifs : réduire l'écart entre Etats membres des niveaux de paiement direct aux agriculteurs, Renforcer le "verdissement". On entend par la rotation des cultures, l'introduction de plantes légumineuses, et la transition vers des cultures sans pesticides et des élevages à taille humaine. Bref ce qui favorise le terroir au détriment d'une production agricole "hors sol".
Au total, il s'agit de renforcer la politique de développement rural et de laisser une plus grande liberté aux collectivités locales et régionales pour transférer plus de fonds vers des actions ciblées, à l'impact immédiat sur le terrain. Les élus de la Commission NAT ont évoqué : le soutien aux jeunes agriculteurs, aux circuits courts (la production agricole doit être privilégiée dans les grandes surfaces et les cuisines collectives) plébiscités par les consommateurs, aux filières de qualité, à la restauration collective biologique et locale, la transformation artisanale des produits etc.
Les élus européens ont cependant conscience que la vie de la ruralité est un tout et qu'elle ne pourrait omettre des activités non agricoles mais indispensables à la dynamique des territoires ruraux. Ainsi, précisément, pour les activités non agricoles de ces territoires, la commission NAT du CdR mise sur la simplification et l'intégration des différends fonds européens pour mettre en valeur l'innovation technique et sociale, la formation professionnelle, le maintien de services publics locaux, la suppression de la fracture numérique, etc.
Le projet d'avis sera à présent soumis au vote de la session plénière du Comité européen des Régions le 12-13 juillet prochains. Le texte final représentera la contribution des élus des Régions et des Villes pour la modernisation de la PAC.
Il s'appuie aussi sur une initiative qui avait été remarquée à Bruxelles : l'inauguration du premier restaurant d'entreprise des institutions entièrement bio au sein du Comité : LA VIDEO
Jean-François Puech,
Directeur de la rédaction News Press
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