Accès aux soins : la Mutualité, partie prenante des futures réformes

Mutualité Française - 28/06/2017 14:20:00


Pour améliorer l'accès aux soins, le mouvement mutualiste souhaite faire entendre ses propositions sur les futures réformes. Cette action, portée par l'intérêt général, doit être menée avec les autres acteurs de santé, confirme un débat sur les enjeux du quinquennat. Celui-ci s'est tenu le 22 juin 2017, lors de l'assemblée générale de la FNMF.

"Ce qui nous réunit les uns et les autres, c'est l'intérêt général. L'accès aux soins est un facteur de cohésion sociale qui aide à faire société", a déclaré le 22 juin 2017 le président de la Mutualité Française. Thierry Beaudet s'exprimait à l'occasion d'une table ronde consacrée aux enjeux du nouveau quinquennat pour favoriser l'accès aux soins de tous. Ce débat, organisé dans le cadre de l'assemblée générale de la FNMF, a réuni des mutualistes mais aussi d'autres acteurs du monde de la santé.

"Nous avons la capacité de débattre, de nous rassembler pour l'intérêt général de la population, même si nous avons des divergences sur certains points", a lancé le Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom). Pour ce généraliste, le fait de réfléchir ensemble permettra de "faire des propositions dont les objectifs seront partagés".

"Agir pour ne pas subir"

Tous les participants s'accordent sur un point : ils veulent se faire entendre dans le cadre des futures réformes touchant la santé. Thierry Beaudet a d'ailleurs invité le mouvement mutualiste à être force de proposition sur tous les sujets qui le concernent. "Soyons acteurs en liaison avec l'ensemble des parties prenantes, les professionnels de santé, les usagers, les partenaires sociaux évidemment," a exhorté le président de la Mutualité Française.

"Pour être entendus, nous devons être nous-mêmes dans une ouverture de dialogue avec nos environnements, qui soit plus aboutie que ces dernières années", soutient Patrick Brothier, président d'Adréa Mutuelle et vice-président de la FNMF.

"Soit nous essayons d'agir pour ne pas subir, soit nous subirons des décisions sur lesquelles nous n'aurons pas du tout réfléchi", prévient Stéphanie Soares, administratrice déléguée en charge de l'animation du mouvement.

D'autre part, "la capacité du gouvernement à tenir compte des propositions des différentes parties prenantes, et à construire les projets avec elles, sera le fil conducteur de la réussite", assure Isabelle Musseau-Aubry, administratrice de la MGEN déléguée à l'action sociale et aux accompagnements des personnes en situation de fragilité.

Les mutuelles atténuent le reste à charge

Parmi les chantiers annoncés par le président de la République, Emmanuel Macron, figurent notamment la mise en oeuvre de contrats type visant à améliorer la lisibilité des garanties des complémentaires santé, ainsi qu'un reste à charge zéro dans les domaines de l'optique et du dentaire.

Pour Jean-Paul Benoit, président des Mutuelles de France et vice-président de la FNMF, ce reste à charge zéro en dentaire dépend d'ores et déjà des discussions sur le règlement arbitral dentaire. "Si la négociation aboutit à l'explosion des tarifs plafond des prothèses, le programme du président sera mort-né !"

Ce sujet pose aussi la question des tarifs opposables, pour diminuer le reste à charge. En optique, dentaire et audioprothèse, celui-ci s'élève à "4,4 milliards d'euros après prise en charge de la Sécurité sociale et des complémentaires santé", déplore Dominique Cotillon-Dupoux, maire-adjointe de Châteauroux déléguée à la santé publique et à l'hygiène.

En dépit de ces sommes considérables, "la France est le pays d'Europe où le reste à charge est le plus bas", souligne Patrick Brothier. "Peut-être que les mutuelles sont aussi à l'origine de ce résultat." Concernant la transparence des contrats, le président d'Adréa note que les remboursements des complémentaires "sont articulés avec ceux du régime obligatoire". Il faudra donc que ce chantier soit "coordonné" pour garantir effectivement une meilleure lisibilité.

Lutte contre les déserts médicaux

Autre proposition présidentielle mise en débat : la création de maisons de santé pluridisciplinaires pour améliorer l'accès aux soins dans les territoires. Si ces structures sont jugées intéressantes, les participants estiment crucial de mener une réorganisation de l'offre de soins de façon simultanée.

Pour Patrick Bouet, il est urgent de lier la formation des professionnels de santé et la structuration du système de soins. Le Cnom préconise à cet effet la mise en oeuvre de bassins de santé de proximité permettant de partir des besoins de la population sur une zone de vie donnée.

Pour lutter contre la désertification médicale, c'est justement un service de proximité qui a été créé à Châteauroux, avec l'aide de Dominique Cotillon-Dupoux, également médecin de profession : "Nous avons mis en place un système type SOS médecin pour assurer les soins de premier recours. Une permanence des soins est assurée de 8 heures à 23 heures, 7 jours sur 7."

Avant ce dispositif, la situation était tendue et se traduisait par "des urgences débordées, des généralistes au bord de la crise de nerf et un préfet obligé de réquisitionner des médecins pour la permanence des soins".

Offre de soins mutualiste de proximité

De son côté, la Mutualité Française est engagée de longue date dans les territoires pour proposer des solutions favorisant l'accès aux soins, en partenariat avec les acteurs locaux. C'est le cas au travers de ses 2.600 services de soins et d'accompagnement mutualistes (Ssam) qui proposent des soins à tarifs maîtrisés.

Cette offre de soins de proximité est primordiale au regard des préoccupations de la population. "Selon la Drees, 26,3% des Français ont déclaré avoir renoncé à des soins pour raisons financières en 2014", rapporte Stéphanie Soares. "L'accès aux soins constitue un sujet de préoccupation très fort des concitoyens, qui s'est largement exprimé sur le site Internet Place de la Santé", ajoute-t-elle.

Place de la Santé a enregistré un pic de fréquentation juste avant le premier tour de l'élection présidentielle avec, de fait, une importante mise en lumière des questions de santé auprès des Français. Un premier pas concret pour se faire entendre des pouvoirs publics !