Entretien avec Mario Vielgrader, directeur du Forum Culturel Autrichien à Paris

Forum Culturel Autrichien. - 30/06/2017 10:55:00

Mario Vielgrader, Vous êtes directeur du Forum Culturel Autrichien à Paris.Pouvez-vous nous expliquer l'origine du Forum ?

L'Institut Autrichien a été fondé en 1954 pour représenter la culture autrichienne en France. En 2001, le réseau des instituts culturels autrichiens dans le monde a été transformé (une trentaine d'instituts) et les instituts renommés.
Ils s'appellent aujourd'hui « Forum Culturel Autrichien ». Ce changement de nom montre que notre objectif est de travailler comme une plateforme participative plutôt que comme un lieu d'enseignement, ce que suggérait l'appellation « Institut ». Nous voulons faire partager au public français ce que les artistes autrichiens actuels produisent, et ce via les réseaux sociaux, les expositions ou directement par le Forum Culturel.
Nous voulons aller à la rencontre du public, ce qui est parfois difficile parce qu'en France la culture artistique est très riche en évènements. Nous souhaitons donc intégrer cette démarche dans des concepts de communication plus larges et rassembleurs.

Un point à noter est que l'organisation administrative du Forum Culturel dépend du ministère des affaires étrangères autrichien, et non pas du ministère de la culture comme pour bien des pays. En effet, nous sommes persuadés que les échanges artistiques et culturels sont des vecteurs importants pour la transmission d'idées et de thèmes qui sont chers à l'Autriche.

Quels types d'évènements organisez-vous ?

Contrairement aux centres culturels traditionnels, nous ne dispensons pas de cours de langue. En revanche, nous disposons d'une formidable bibliothèque, riche de plus de 35 000 livres, que nous mettons à la disposition des étudiants et des chercheurs. Cette bibliothèque provient de dons et d'achats ciblés que nous avons pu mener au cours de nos 50 années d'existence. Cette année, par exemple, où nous célébrons le 300ème anniversaire de la naissance de l'Impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, nous collectons un maximum d'ouvrages sur elle, ainsi que sur la relation qu'elle a entretenu avec sa fille, la Reine Marie-Antoinette.
Nous organisons autour de cette relation des discussions avec des spécialistes de la Chapelle Expiatoire à Paris.

Ceci dit, nous souhaitons avant tout mettre en valeur les artistes contemporains, à accompagner le mouvement de l'art contemporain. La France offre un grand nombre d'opportunités dans ce domaine qui permettent d'apprendre et apportent un enrichissement continuel. Nous essayons ainsi d'être présent dans toute la France, pas seulement à Paris, pour rencontrer tout le public français. Avec des conférences, des expositions, des débats, ce sont plus de 150 évènements de toutes sortes auxquels nous participons ou que nous organisons tous les ans. Evidemment, cela ne peut se faire qu'avec l'aide de nos partenaires français et internationaux. Un exemple : nous participerons en février 2018 au festival « Travelling » de Rennes ; à ce festival nous présenterons toutes les activités cinématographiques de Vienne, mais en même temps nous organiserons des concerts, des stages, des expositions, des ateliers ayant pour sujet Vienne... Vienne sera ainsi mise à l'honneur pendant deux semaines et pour plus de 35 000 visiteurs.

Quels moyens utilisez-vous pour faire connaître tous ces artistes ?

Pour promouvoir efficacement les artistes autrichiens, nous avons tissé des liens avec de grands organismes français comme des musées, des festivals, mais aussi avec des partenaires internationaux comme par exemple réunit dans le Forum des Instituts Culturels Étrangers à Paris (FICEP) ou EUNIC, ou dans des centres particuliers comme le Centre Pompidou, la Villa Méditerranée à Marseille, le FRAC à Besançon ou la cathédrale Notre-Dame de Paris . Tous ces partenaires offrent de nombreuses opportunités à nos artistes pour qu'ils présentent et fassent connaître leur travail.
Bien sûr, cela vaut dans les deux sens, et c'est ce qui rend nos échanges particulièrement enrichissants et constructifs : nous avons ainsi organisé en 2016 l'exposition « VERSATILE PHOTOGRAPHY » avec des photographes français et autrichiens d'abord présentée à Paris puis à Vienne.
Et cette même année, pendant l'EURO de football, nous avons installé sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris, l'exposition « Kicking the Horizon » de l'artiste autrichien Michael Goldgruber de photos d'un artiste autrichien sur le thème conjoint du football et de la migration. Cet artiste a eu ainsi l'opportunité de faire un travail sur les jeunes réfugiés. Cela a été un grand succès : plus de 450 000 visiteurs !

Mais les artistes autrichiens bénéficient aussi d'une structure existante à Paris, la Cité Internationale des Arts, à laquelle l'Autriche apporte sa souscription, et qu'il leur est possible d'intégrer via un concours organisé en Autriche.

Certaines thématiques sont des priorités pour nous et influent beaucoup sur notre programmation : par exemple, nous soutenons les femmes qui agissent dans le domaine culturel. De fait, dès 2016, nous avons pratiquement atteint la parité des artistes présentés en France.

Pensez-vous que l'Autriche dispose d'un atout dans le milieu artistique ?

Le fort engagement du ministère des affaires étrangères et du ministère de la culture autrichien donne un élan considérable à nos projets dans des domaines parfois novateurs. Vous connaissez la grande tradition musicale autrichienne et particulièrement viennoise ; eh bien, nous avons organisé en mai un festival de musique électro-acoustique avec VELAK EXPORT, un groupe de créateurs en rupture avec les canons musicaux. La culture au sens traditionnel joue un grand rôle dans nos projets, mais nous considérons qu'il est bon parfois de rompre avec les traditions pour faire découvrir de nouveaux artistes au public français.

Trouvez-vous que les français vous font bon accueil ?

Le public français aime l'art et les artistes, il est sollicité par un très grand nombre d'évènements culturels et artistiques, mais comme en Autriche, nous constatons une remise en question des goûts du public, une recherche de nouveauté, de nouvelles expressions.
Nos artistes vivent le même phénomène en Autriche de la part du public autrichien, un même besoin de créations nouvelles, de nouvelles formes.
Nous sommes donc souvent sollicités dans cette recherche de nouveauté pour présenter le savoir-faire et le travail de nos créateurs.
Récemment, un festival bordelais nous a demandé la participation de Manuel Knapp spécialisé et connu dans le domaine de l'expression digitale...

Pour plus d'informations sur les évènements du Forum Culturel Autrichien : http://austrocult.fr/ ou facebook.com/austrocult.fr ou paris-kf@bmeia.gv.at