Entretien aux Jeux de la Francophonie à Abidjan avec Hery Rajaonarimampianina Président de la République de Madagascar

Jean François Puech Directeur de la Rédaction NEWS Press - 01/08/2017 14:20:00

Jean François Puech : Monsieur le Président, vous êtes à Abidjan pour les 8 èmes Jeux de la francophonie. Quel est le sens de votre présence ?

Président Hery Rajaonarimampianina : La francophonie c'est un engagement et je suis à Abidjan à double titre : En tant que président du Sommet de la francophonie et naturellement au titre de Madagascar. La francophonie est un espace très important au plan international, un espace de solidarité comme j'ai toujours l'habitude de le dire et un espace de croissance dans le monde ; et ce sont ces messages qui devraient être véhiculés grâce cet événement. Dans le contexte international de mondialisation, il est essentiel que les grands événements culturels et sportifs soient mis en avant. C'est le cas évidemment des grands championnats, des expositions universelles mais aussi des jeux entre les Etats qui ont le français en partage. Les Jeux ont une grande histoire depuis la première édition qui a eu lieu en 1985 au Maroc à l'instigation du Roi Hassan II qui pressentait que le sport et la culture étaient un facteur déterminant dans l'attachement à la langue et aux liens équilibrés entre les pays du nord et les pays du sud. Le facteur humain, le sport, les échanges culturels contribuent à la sérénité et à l'harmonie des relations internationales. C'est d'ailleurs un point sur lequel nous avions insisté avec les chefs d'Etat et de gouvernement que Madagascar avait accueillis, lors du dernier Sommet de la francophonie à Antananarivo.

Jean François Puech : Et la présence du Président de la République de Madagascar ?

Président Hery Rajaonarimampianina : Je suis ici pour encourager notre equipe. Nous avons à Abidjan 32 compétiteurs avec un encadrement très présent : une délégation conséquente pour notre pays. C'était important pour nous d'être présents en nombre, 20 ans après l'édition que Madagascar avait organisée à Antananarivo en 1997. Nous sommes présents cette année dans 4 disciplines sportives : l'athlétisme, la lutte, le tennis de table et le judo. Dans cette dernière discipline, nous alignons 11 athlètes et la sélection d'athlétisme compte 14 représentants. Nous sommes plein d'espoir pour des médailles dans ces deux disciplines, mais nous pourrions aussi avoir de bonnes surprises dans une autre discipline. L'art est aussi important. J'ai d'ailleurs en mémoire la médaille d'or en concours de littérature lors de la 3ième édition d'Antananarivo ; ce qui souligne l'importance de la culture dans l'héritage et que du passé, nous en tirons du positif pour l'avenir.


Jean François Puech : Quel a été le rôle des acteurs nationaux notamment des fédérations sportives ?

Président Hery Rajaonarimampianina : Elles sont toujours au coeur du processus de sélection en coordination avec le comité international des jeux de la francophonie à Paris qui a toujours été disponible pour nos équipes. Je dois dire que les fédérations tout comme les autres acteurs du sport se sont particulièrement impliquées du point de vue de l'organisation. C'est d'ailleurs ce qui explique l'importance de la délégation malgache aux jeux d'Abidjan et que, si nous avons des médailles, c'est bien sur grâce aux efforts de nos sportifs en 1er lieu, mais c'est aussi grâce au travail de notre encadrement technique et administratif : c'est un travail d'equipe. ! C'est vrai dans le sport comme dans tous les domaines. Ma venue à Abidjan, c'est aussi l'occasion d'intensifier nos relations avec le pays hôte sur un plan bilatéral, mais aussi sur un plan panafricain, et je suis très attaché aux relations entre nos deux pays. Et je regarde avec beaucoup d'intérêt les expériences de la Côte d'Ivoire.

Jean François Puech : L'organisation de grands événements internationaux est toujours un enjeu en termes d'image ; Qu'en est-il pour Abidjan 2017 ?

Président Hery Rajaonarimampianina : Quand une communauté d' états confie la tenue d'un grand événement international à un de ses membres, c'est une marque de confiance.
Tout d'abord envers les capacités économiques et structurelles du pays. Mais aussi envers les institutions et la gouvernance du pays élu pour cet événement. Il était naturel que cette responsabilité soit dévolue à un grand pays comme la Côte d'ivoire sous l'autorité du Président Alassane Ouattara. Cette marque de confiance, Madagascar l'avait aussi ressenti lors du sommet des chefs d'états de la francophonie qui a eu lieu en novembre 2016 à Antananarivo. Pour répondre plus précisément à votre question, l'organisation a un impact très fort en termes d'image et j'ai pu constater, que, tant en ce qui concerne les sites sportifs et culturels, l'hébergement des artistes et des sportifs au village, leur transport par navette, tout a été fait pour que ce soit une réussite. La cérémonie d'ouverture au stade Houphouët Boigny a été à la hauteur de l'engagement de toutes les institutions étatiques, des collectivités territoriales du mouvement sportif et de toutes les ivoiriennes et de tous les ivoiriens. On ne peut que féliciter la Côte d'ivoire qui a réuni plus de 4000 jeunes sportifs, athlètes et artistes de 54 pays !

Jean François Puech : Selon vous peut-on faire un lien direct entre croissance économique et grands rendez-vous internationaux ?

Président Hery Rajaonarimampianina : Il faut plutôt parler de corrélation car les jeux d'Abidjan sont positifs pour l'ensemble des pays francophones et notamment du continent africain. C'est un message positif aux partenaires du monde entier qui porte en lui, comme je le disais tout à l'heure, une marque de confiance pour le présent mais aussi pour l'avenir. Permettez-moi de revenir à notre pays. Pour Madagascar, la tenue du sommet à Antananarivo a été une nouvelle étape dans les progrès du pays. De nombreux projets structurants sont en cours dans le domaine des transports avec la modernisation de nos ports nationaux, dans le routier avec la relance des grandes voies nationales du pays et de grands ouvrages routiers et ferroviaires, dans le domaine manufacturé avec la transformation sur place de nos matières 1ères. C'est ainsi que nous accueillons pour la première fois une Foire Internationale à l'Agriculture et à l'Industrie agro-alimentaire. Dans le secteur de l'énergie avec la mise en route de nouvelles centrales.

Jean François Puech : Le Sommet de la Francophonie a été une nouvelle étape. Comment le percevez-vous ?

Président Hery Rajaonarimampianina : Les investissements internationaux se développent avec de nombreux partenaires et nous avons des actions de fonds pour la dynamique économique. Récemment, nous avons accueilli la Conférence des secteurs public-privé sur les infrastructures avec le Japon. Et l'un des nôtres vient d'être nommé à la présidence de la Commission des Affaires économiques de l'Union Africaine. La Banque Africaine de développement nous ouvre une ligne de financements de 1 Milliards de dollars sur la période 2017 2021. Avec La Banque Mondiale, Madagascar est en train de sécuriser le droit foncier essentiel pour la vie des affaires et la croissance des investissements et nous dématérialisons les procédures administratives pour accélérer la création et le développement des entreprises. Nous avons bien sur des difficultés car nous partons de loin. Mais une chose est sûre. C'est un message de volonté que j'adresse aux investisseurs avec des faits. Mon gouvernement progresse régulièrement et surement pour le pays et dans la durée.

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