Espagne : si la langue est vivace la migration est paresseuse

Muséum national d'Histoire naturelle - 13/10/2017 11:20:00

Une équipe de recherche franco-espagnole (CNRS-MNHN-Université Paris 7, Université de Salamanca) vient d'analyser les migrations internes survenues en Espagne depuis l'époque d'Isabelle Ière, la reine qui finança les expéditions de Christophe Colomb et qui fut la première à régner sur l'ensemble du pays, il y a cinq siècles.

Les chercheurs ont reconstitué les mouvements migratoires en analysant la répartition géographique de plus de 30 000 noms de famille, correspondant à presque cinquante millions d'espagnols. Une grande majorité des noms ne montre pas d'origine géographique claire à cause de leur origine multiple, similairement au cas des Dupont en France dont le nom est lié à l'existence d'un pont près de leur maison à l'époque où les noms de famille se fixèrent. Néanmoins, la provenance géographique de plus d'un quart des noms de famille est claire, permettant ainsi de savoir d'où venaient les ancêtres des espagnols d'aujourd'hui.

Il apparaît que les régions dans lesquelles une langue autre que le castillan (espagnol) est parlée (Galice, Asturies, Léon, Extremadura, Catalogne) sont celles qui ont attiré le moins de migrants et celles desquelles les gens s'éloignaient peu, ainsi, la composition actuelle de leur population y est plus proche de celle du Moyen Âge qu'ailleurs.

Les effets des migrations sur la variabilité linguistique sont une aire de recherche récente, et le cas de l'Espagne est d'un intérêt particulier, car c'est la première fois que l'effet cumulatif des migrations sur une échelle de temps de plusieurs siècles peut être quantifié.

Les barrières linguistiques ont entrainé une stabilité résidentielle laquelle, à son tour, les a maintenues. C'est le cas du catalan, du valencien, du galicien et du basque, mais aussi de l'aragonais, de l'estrémègne, du fala, de l'asturien, du léonais et du gascon.

Cette étude a été publiée le 1er septembre 2017 dans la revue Journal of Anthropological Sciences.

Référence :

TITRE : From surnames to linguistic and genetic diversity: five centuries of internal migrations in Spain

AUTEURS : Roberto Rodríguez-Díaz (1,2), María José Blanco-Villegas (1), Franz Manni (2,1)

1) Departamento de Biología Animal, Facultad de Farmacia, Universidad de Salamanca, Espagne
2) National Museum of Natural History, Musée de l'Homme. Paris, France

Lien :
http://www.isita-org.com/jass/Contents/2017vol95/RodriguezDiaz/28885981.pdf

Musée de l'Homme > Alerte presse > 04.10.2017