Bilan de l'Atelier international #Nature4climate

UICN - Union Internationale pour la Conservation de la Nature - 31/10/2017 10:05:00

Retour sur l'Atelier international Eau & Climat - « Génie écologique et risques climatiques »

220 participants des 5 continents ont participé à l'atelier international Eau & Climat sur le thème « Génie écologique et risques climatiques » organisé par l'Agence de l'eau Seine-Normandie et l'Agence Française de développement en partenariat avec le Comité français de l'UICN, le Partenariat Français pour l'Eau, l'Institut du développement durable et des relations internationales et l'Agence française pour la biodiversité, les 20, 21 et 22 septembre 2017 à Paris.

Les présentations, échanges et groupes de travail ont permis de souligner l'importance de s'appuyer sur les écosystèmes pour s'adapter au changement climatique et les avantages apportés par ces solutions fondées sur la nature, grâce à des retours d'expériences diversifiés. Les débats ont également mis en lumière la nécessité d'intégrer ces solutions dans les politiques et projets d'aménagement du territoire, d'assurer un portage institutionnel et une appropriation de ces solutions par les populations locales.

ous l'effet du changement climatique, la raréfaction des ressources en eau, la multiplication des événements extrêmes et la montée du niveau de la mer menacent les écosystèmes et les populations. Favoriser les solutions fondées sur la nature, « sans regret » et multifonctionnelles, permettant de protéger à la fois les populations et les écosystèmes, et les services écologiques qu'ils procurent, sont des défis essentiels pour faire face aux changements climatiques.

Face aux enjeux des risques naturels et dans un contexte de changement climatique, cet atelier a su montrer la nécessité de :

. Faire de la nature une alliée, de s'inspirer et s'appuyer sur des écosystèmes en bon état pour mieux s'adapter aux changements climatiques, tout en restant humble face aux dynamiques naturelles.
. Développer un dialogue, permettant de partager des éléments de diagnostic qui vont permettre aux acteurs, praticiens, décideurs de s'en inspirer pour proposer des réponses à la hauteur des enjeux.

DES RÉFLEXIONS QUI SERONT PORTÉES SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

Les échanges issus de cet atelier seront portés à la COP23 et au Forum Mondial de l'Eau Brasilia 2018 et contribueront à enrichir la dynamique lancée dans les bassins français pour s'adapter aux changements climatiques en cohérence avec la mise en oeuvre des Objectifs de développement durable des Nations Unies.

DES ÉCOSYSTÈMES SAINS POUR S'ADAPTER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Préserver des écosystèmes sains et fonctionnels permet de les rendre plus résilients face aux changements globaux et de favoriser l'adaptation de nos économies et nos modes de vie qui en sont bien plus dépendants que nous le pensons.

DES SOLUTIONS MULTIFONCTIONNELLES

Les solutions fondées sur la nature sont multifonctionnelles (comme l'agroforesterie ou la restauration de zones humides) et apportent des co-bénéfices pour l'emploi, les rendements agricoles, l'environnement, les ressources en eau, la biodiversité...

CES SOLUTIONS NÉCESSITENT UNE RÉFLEXION SUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Faire de la place au vivant, accepter des espaces de liberté le long de nos côtes, pour les cours d'eau, pour les dynamiques écologiques de la biodiversité sont autant de « nouvelles » façons de gérer les risques naturels liés à l'eau.

Les politiques publiques et d'aménagement doivent intégrer les solutions fondées sur la nature dans le panel des solutions de gestion des risques naturels. Les zones humides, urbaines ou en milieux ruraux, par exemple en Chine ou sur la vallée de l'Oise, supposent un aménagement radicalement différent de l'espace associé à une redistribution des ressources et des priorités.

Les solutions fondées sur la nature doivent être de plus en plus considérées, explorées et utilisées tout en sachant qu'il n'y a pas de solution unique mais plusieurs solutions adaptées à un territoire et à sa population. Elles n'excluent pas le recours aux solutions plus classiques de génie civil qui peuvent être combinées dans les territoires à ces solutions douces en fonction des enjeux.

DES RETOURS D'EXPÉRIENCES DIVERSIFIÉS

Nous avons maintenant de nombreux exemples de toutes natures qui sont autant de démonstrateurs qu'il est possible d'avoir recours à la restauration et/ou la protection des écosystèmes dans la gestion des risques liés à l'eau et de leur pertinence dans un contexte de changement climatique. Il s'agit aujourd'hui d'encourager leur mise en oeuvre, au-delà de la réalisation technique de ces solutions.

LA CONDUITE DES POLITIQUES ET ACCEPTABILITÉ SOCIALE

Un certain nombre de pistes ont été évoquées, parmi lesquelles l'importance et l'efficacité de la participation, qui suggèrent qu'il faut des politiques non seulement participatives, mais plus encore inclusives, qui s'appuient sur des diagnostics clairs des besoins des populations locales, comme l'a souligné l'exemple brésilien. Les projets ont pu pointer les insuffisances ou les limites à la mise en oeuvre des solutions fondées sur la nature : acceptabilité sociale, portage politique, financement spécifique, manque de données à la fois hydrologique mais aussi sur les écosystèmes, maîtrise du foncier, mais aussi un retour sur l'efficacité des solutions choisies et des bénéfices pour la biodiversité.

Nous bénéficions en effet de plusieurs décennies d'expérience de génie écologique, dans des domaines aussi divers que la gestion du trait de côte, de l'érosion, de l'agroforesterie, des trames vertes et bleues en zone urbaine. L'enjeu aujourd'hui est de faire sortir ces expériences, ces savoir-faire techniques, de leur domaine spécialisé et d'en faire les bases de politiques publiques qui répondent à ces défis.

ILS L'ONT DIT DURANT L'ATELIER

« Nous n'arriverons pas à relever les défis du climat sans prendre en compte les écosystèmes »
Sébastien MONCORPS, Directeur de l'UICN France

« Notre responsabilité de décideur politique c'est d'agir, au plan local, par bassin et au plan international. La stratégie d'adaptation au changement climatique du bassin Seine-Normandie, partagée par l'ensemble des acteurs rassemblent nos forces et actions pour relever le défi du changement climatique. »
François SAUVADET, Président du Comité de bassin Seine-Normandie

« Rendre la ville plus perméable, infiltrer la pluie là où elle tombe, rendre nos milieux naturels plus résistants aux impacts du changement climatiques sont des solutions mises en oeuvre par les acteurs du bassin et soutenus par l'Agence de l'eau Seine-Normandie »
Patricia BLANC, Directrice générale de l'Agence de l'eau Seine-Normandie

« Les pays partenaires de l'Agence Française de Développement sont des pays en développement pour qui l'adaptation au changement climatique est une priorité. »
Jean-Luc FRANCOIS, directeur du département Transition écologique et gestion des ressources naturelles (NAT) de la Direction des Opérations (DOE) de l'AFD

« Le sujet du changement climatique et de l'eau commence à être pris en compte dans les événements internationaux comme les COP. Il s'agit d'impliquer le plus grande nombre d'Etats et d'acteurs de la société civile pour faire en sorte que les Solutions basées sur la nature trouvent une place de plus en plus importante dans le monde comme des solution complémentaires aux solutions plus classiques »
Philippe GUETTIER, Directeur Général du Partenariat Français pour l'Eau

« Il faut à la fois prendre le temps d'expérimenter, de mieux connaitre et se poser des questions sur la performance réelle des solutions fondées sur la nature tout en ayant besoin de convaincre très vite. Notre prochain défi est de convaincre les acteurs politiques locaux que le solutions fondées sur la nature peuvent prendre davantage d'espace. »
Sébastien TREYER, Directeur des programmes IDDRI

« Le vivant est le meilleur révélateur du climat qui change. »
Gilles BOEUF, Président du conseil scientifique de l'Agence Française pour la Biodiversité