La Quatrième Commission demande l'envoi d'une mission en Nouvelle-Calédonie à l'approche du référendum de 2018

ONU - ORGANISATION DES NATIONS UNIES - 10/11/2017 09:20:00

Après avoir achevé son débat sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, la Quatrième Commission a adopté, aujourd'hui, trois textes sur les territoires non autonomes, dont la Nouvelle-Calédonie, et l'île de Guam.

Un travail « biaisé », « un recueil de rumeurs et d'allégations sans fondements ». C'est avec ces mots que le représentant d'Israël a rejeté avec force le rapport du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques de son pays dans les territoires occupés qui avait été présenté hier à la Commission, appelant par ailleurs les États Membres à mettre un terme à son « mandat déshonorant ».

Regrettant « un rituel annuel », synonyme de « perte de temps et de ressources » pour les Nations Unies, il a dénoncé l'absence de référence, dans ce document, « à l'organisation terroriste internationalement reconnue » du Hamas, déplorant en outre un rapport qui a « l'audace de critiquer le système judiciaire israélien », soulignant que son pays est la seule démocratie au Moyen-Orient où les citoyens -juifs ou arabes- bénéficient de procès équitables.

Face à un rapport qui fait état d'une détérioration alarmante des droits de l'homme dans les territoires occupés, le représentant israélien a mis en avant les mesures « positives » prises par son pays pour « améliorer les conditions humanitaires dans la bande de Gaza, tout en préservant la sécurité des citoyens israéliens », citant notamment la rénovation et la construction de 100 000 logements et de centaines d'écoles. En une journée, a-t-il souligné, 78 365 personnes entrent en Israël à partir de la Cisjordanie, dont 53 295 pour travailler et 9 711 pour des raisons médicales. Il a aussi mis en avant l'assistance de son gouvernement aux victimes de la guerre en Syrie, précisant que 600 enfants et 3 000 blessés de guerre ont été traités dans des hôpitaux israéliens depuis 2013, sans oublier la livraison de vivres, d'essence et de vêtements.

Aux antipodes de cette analyse, les autres délégations ont soutenu le Comité spécial et son analyse, rappelant notamment que des organisations israéliennes de défense des droits de l'homme avaient aidé le Comité spécial à rédiger ce rapport, à défaut de voir le Gouvernement israélien coopérer avec lui.

Aujourd'hui encore, les délégations, à une écrasante majorité, ont déploré la persistance de l'occupation des territoires palestiniens et du Golan syrien, la poursuite de la colonisation, des destructions ou des confiscations de terres et de propriétés palestiniennes, ainsi que « la punition collective » imposée avec le blocus de Gaza. Elles ont aussi, une fois de plus, déploré l'impunité dont jouit Israël, qui « mine la crédibilité des Nations Unies ».

Plusieurs délégations ont, dans ce contexte, réclamé une nouvelle fois que la Palestine soit reconnue comme État membre à part entière des Nations Unies, défendant la solution politique des deux États, dans la limite des frontières de 1967. La Libye a en outre dénoncé l'inertie des Nations Unies et des pays occidentaux qui, 20 ans après les accords d'Oslo et 15 ans après l'Initiative de paix arabe, tolèrent l'impunité israélienne. « On est en droit de se demander comment une telle force occupante peut-elle être soutenue et se présenter comme victime éternelle alors que c'est le bourreau? », a notamment lancé le représentant libyen.

Usant de son droit de réponse, l'observatrice palestinienne a accusé Israël de faire obstacle à tous les efforts déployés pour trouver une solution juste et durable au conflit, déplorant « l'audace » de son représentant qui « feint de se préoccuper des ressources des Nations Unies, mais a toujours foulé au pied son autorité et violé ses résolutions ».

À l'issue de ce débat, les États Membres ont adopté trois projets de résolutions sur les territoires autonomes, qui avaient nécessité des consultations plus longues.

Adopté par consensus, le projet sur la Nouvelle-Calédonie (A/C.4/72/L.15) réaffirme que c'est au peuple néo-calédonien qu'il appartient de déterminer librement et équitablement son futur statut politique. Il demande notamment l'envoi d'une mission de visite dans la perspective du référendum d'autodétermination de 2018 prévu par les Accords de Nouméa, notamment pour étudier la composition du registre électoral, reflétant ainsi la requête de certains pétitionnaires Kanaks intervenus lors du débat général de la Commission.

Contrairement aux années précédentes, le projet de résolution sur l'île de Guam a été adopté après mise aux voix par 80 pour, 9 contre (États-Unis, France, Iraq, Israël, Japon, Malawi, Maroc, Ukraine et Royaume-Uni,) et 62 abstentions. « Dépité » d'avoir été contraint de s'opposer au texte, le représentant des États-Unis a mis en cause les pressions vénézuéliennes pour politiser le texte, pointant notamment l'appel à éviter les activités militaires dans les territoires non autonomes et réaffirmant le droit de son pays à mener ces activités conformément à ses intérêts nationaux.

Enfin, le projet portant sur les « activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes » (A/C.4/72/L.14), modifié pour intégrer les conséquences des ouragans Maria et Irma, a été adopté par 154 voix pour. Mis aux voix à la demande du Royaume-Uni, qui s'est abstenu avec la France, tandis que les États-Unis et Israël s'y opposaient, le texte demande notamment aux puissances administrantes concernées d'apporter toute l'assistance nécessaire aux habitants des territoires non autonomes touchés par ces catastrophes naturelles. Il réaffirme aussi les préoccupations liées aux activités d'exploitation des ressources naturelles qui sont le patrimoine des peuples des territoires non autonomes, ainsi que la nécessité d'éviter toutes les activités économiques et militaires qui seraient préjudiciables aux intérêts des peuples de ces territoires.

La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) achèvera ses travaux le vendredi 10 novembre.