Au CHU de Lille, on soigne l'asthme sévère avec la chaleur !

CHRU de Lille - 16/11/2017 10:25:00

Encore peu pratiquée en France, la thermoplastie bronchique dans l'asthme sévère est désormais proposée aux patients du CHU de Lille. Le principe est simple : sous anesthésie générale, l'intérieur des bronches du patient est chauffé à 65 degrés environ. Des publications scientifiques de renommée ont prouvé l'efficacité de cette technique innovante dans la diminution de la fréquence des crises d'asthme, et du nombre d'hospitalisations.

L'asthme sévère de l'adulte, une pathologie grave et handicapante Entre 200 000 et 400 000 personnes souffrent d'un asthme sévère en France. « Quand le traitement inhalé est au maximum et que son efficacité n'est pas optimale, on a recours à des corticoïdes par voie orale. Ces traitements peuvent entrainer des effets indésirables importants (prise de poids, diabète, ostéoporose, fonte musculaire). Des nouveaux traitements tels que la biothérapie peuvent également être envisagés, mais ils ne sont efficaces que dans certains types d'asthme sévère.» nous explique le Dr Stéphanie Fry, Pneumologue à l'hôpital Calmette du CHU de Lille. Elle ajoute « Pour certains asthmatiques, respirer représente une gêne de tous les instants. Chez certains patients, les crises aiguës sont fréquentes et sont accompagnées d'un risque vital.»

Qu'est-ce qu'une crise d'asthme ?
Les crises d'asthme sont liées en partie à une contraction des muscles qui entourent les bronches. Au cours des crises, des bronches se ferment partiellement, le calibre des bronches rétrécit, et l'air ne peut plus passer correctement. Chez les asthmatiques sévères, ces muscles sont plus gros entraînant un rétrécissement plus important des bronches.

Une innovation technique pour limiter les crises d'asthme sévère La thermoplastie bronchique est une technique qui soigne l'asthme sévère par la chaleur. Le Dr Clément FOURNIER, Pneumologue et chef du Service d'Endoscopie Respiratoire à l'hôpital Calmette du CHU de Lille, précise « Cette procédure est une innovation majeure, que le CHU de Lille est le seul centre à proposer au Nord de Paris. Elle se réalise sous anesthésie générale, sans aucune incision chirurgicale. Un dispositif spécifique est mis en place à l'intérieur des bronches du patient, permettant de chauffer celles-ci. Il n'y a pas de destruction des tissus. On réduit uniquement la masse musculaire. ». La technique nécessite trois interventions de 40 à 60 minutes, à 3 semaines d'intervalle.

Des bénéfices importants pour le patient à court et long terme « Ce traitement semble très prometteur et a déjà changé la vie de ma patiente. Elle fait toujours des crises mais plus comme avant, sa fonction respiratoire s'est améliorée, et il a été possible de baisser sa dose de cortisone orale » témoigne le Dr Cécile Chenivesse, Pneumologue à l'hôpital Calmette du CHU de Lille, qui rapporte son expérience de traitement d'une première patiente. « Bien sûr il faut rester prudent et voir ce que ce traitement va donner à moyen et long terme, mais je suis très optimiste, et la patiente aussi ! » Chez plus des deux tiers des asthmatiques traités, les chercheurs constatent une réduction importante du nombre de crises annuelles. Les études médicales rapportent des résultats qui se maintiennent durant les cinq années qui suivent le traitement en cas de succès.

Un atout pour la santé publique en région, possible par le soutien du CHU de Lille Seuls quelques centres spécialisés en France proposent cette technique innovante, dont maintenant le CHU de Lille qui en assure pleinement le financement grâce à son « Budget de Programme Innovation (BPI) ». Ce programme existe pour aider les médecins et chercheurs qui travaillent sur des innovations susceptibles de modifier la prise en charge des patients ou l'organisation des soins. Une alternative thérapeutique proposée aux patients de la région grâce à l'engagement du CHU de Lille dans l'innovation.