Conseil de sécurité. Combattants terroristes étrangers

ONU - ORGANISATION DES NATIONS UNIES - 29/11/2017 14:20:00

Trois ans après sa résolution pionnière, le Conseil de sécurité se mobilise pour endiguer l'afflux de « revenants »

Un défi mondial qui exige une réponse multilatérale « urgente et concertée ». C'est en ces termes que le Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, M. Vladimir Voronkov, a qualifié, cet après-midi, au Conseil de sécurité, le phénomène du retour des combattants terroristes étrangers, que la délégation française a appelés « revenants ».

On parle de « revenants », s'est expliqué le représentant de la France, parce que 244 adultes et 59 mineurs sont de retour dans l'Hexagone depuis 2013. « La diversité des profils, le niveau très variable de radicalisation et l'attraction que continue d'exercer l'idéologie barbare de Daech sont autant de défis majeurs. »

Si plusieurs membres du Conseil se sont félicités de la chute récente de Raqqa, la « capitale autoproclamée » de Daech, selon la représentante des États-Unis, ils ont également été nombreux à identifier les lacunes dans la mise en oeuvre de la résolution 2178 (2014).

Le Conseil de sécurité avait adopté, en septembre 2014, ce texte sans précédent pour endiguer l'afflux de combattants aguerris, « 5 600 de 33 nationalités différentes » jusqu'à présent, et désormais capables de se livrer à des attaques contre des cibles civiles dans les pays dont ils sont ressortissants ou ailleurs.

Or, à peine moins de 60 États, a prévenu Mme Michèle Coninsx, à la tête de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, ont à ce jour introduit les mesures obligatoires pour exiger des compagnies aériennes des « renseignements préalables concernant les voyageurs ». Le Secrétaire général adjoint a expliqué que son Bureau a coordonné un projet visant à améliorer ces renseignements, à l'intention des 43 États les plus affectés par le phénomène des combattants étrangers, dont la Libye, le Yémen et l'Afghanistan.

Alarmée par l'appel lancé par Daech à ses partisans, « où qu'ils se trouvent » dans le monde, la délégation américaine, à l'initiative de la séance d'aujourd'hui, a notamment suggéré de concevoir des normes communes pour les données biométriques des passagers, en vue de renforcer encore la sécurité aux frontières face à un « ennemi toujours plus délocalisé ». La représentante des États-Unis a insisté sur l'élaboration d'un nouveau projet de résolution pour « mettre en pièces le récit d'invincibilité » de cette organisation terroriste. « Si Daech est affaibli dans le monde physique, sa présence dans le monde virtuel reste bien établie et pose une menace croissante à la paix et à la sécurité internationales », a analysé le Président du Comité des sanctions concernant l'État islamique d'Iraq et du Levant (Daech) et Al-Qaida.

Invité par les membres du Conseil à privilégier les synergies, le Secrétaire général adjoint a évoqué le Plan global d'application mis au point pour donner effet à la résolution 2178 (2014), qui mobilise et coordonne les efforts de 38 entités des Nations Unies, y compris la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l'Équipe de surveillance de Daech et d'Al-Qaida.

« Le Plan d'application évolue au même rythme que la menace des combattants étrangers et comprend désormais une théorie du changement fondée sur les preuves », a argué le haut fonctionnaire. Cette feuille de route tient compte de toute la durée de vie des combattants étrangers, et comprend plusieurs projets relatifs aux poursuites, à la rééducation et à la réinsertion pour aider les États à répondre à la situation des rapatriés, y compris à celle, spécifique, des femmes et des enfants.

Au total, 50 projets de renforcement des capacités ont été soumis par 13 entités onusiennes pour un budget quinquennal de 107 millions de dollars, a fait valoir le Secrétaire général adjoint.

Pour la Fédération de Russie, les programmes de réinsertion des ex-combattants ne sauraient se substituer à la sanction pénale, un point de vue également partagé par l'Égypte. Le délégué russe a souligné à cet égard la nécessité de peines proportionnelles aux crimes commis, en citant en exemple son propre pays, qui a engagé près de 2 000 poursuites judiciaires contre ses ressortissants de retour de théâtres de conflits.

À l'instar du Sénégal et du Royaume-Uni, la Suède a rappelé qu'au-delà de l'établissement des responsabilités pénales, il serait judicieux de garder à l'esprit que les principaux facteurs de recrutement des terroristes ne sont ni religieux, ni idéologiques, mais bien socioéconomiques et liés aux lacunes de l'état de droit.

Les progrès dépendront d'une bonne collaboration entre les États, les agences de l'ONU et les organisations partenaires, car « seul un réseau peut triompher d'un réseau », a souligné la Chef de la Direction exécutive.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D'ACTES DE TERRORISME
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