Discours du Président du Parlement européen, Antonio Tajani lors du Sommet Union Africaine - Union Européenne

Parlement Européen - 07/12/2017 11:57:01

ABIDJAN, Côte d'Ivoire, 29 November 2017

Je souhaiterais tout d'abord remercier le Président Ouattara de nous recevoir ici en Côte d'Ivoire pour ce sommet entre l'Union Africaine et l'Union Européenne.

Ce rendez-vous arrive à un moment très important.

Il conclut une année riche en évènements autour de l'Afrique, commencé avec le Sommet France - Afrique à Bamako. Suivi du Forum économique mondial sur l'Afrique à Durban, en passant par les journées européennes du développement à Bruxelles et le Partenariat pour l'Afrique du G20 à Berlin.

Et nous voici réunis aujourd'hui à Abidjan.

Ceci marque enfin une prise de conscience collective quant à l'importance de notre partenariat.

Maintenant, il faut passer des paroles aux actes. Et ce sommet doit en être le garant.

Ce sont les citoyens d'Europe et d'Afrique qui nous le demandent.

La semaine dernière, le Parlement européen a organisé une semaine africaine de travaux parlementaires avec une conférence de haut niveau sur la nécessité d'un renouveau de notre partenariat.

Comme je le dis souvent, il faut regarder à l'Afrique avec des lunettes africaines, pas européennes.

Voilà pourquoi beaucoup de délégations africaines étaient présentes à cet évènement, à commencer par la République Centrafricaine - je remercie à nouveau le Président Touadéra de sa présence.

Mais aussi des délégations du Mali - merci Président Keita d'avoir envoyé deux de vos ministres - duNigeria, de la Tunisie, du Maroc et bien d'autres.

Les différents organes de l'Union Africaine étaient aussi présents, à commencer par mon collègue, le Président du Parlement Panafricain.

Le Parlement européen, en tant qu'institution directement élue par les citoyens démontre d'un intérêt vrai et sincère pour les relations entre nos deux continents.

J'irai même plus loin : d'une nécessité absolue.

Nous sommes liés par l'histoire, par la géographie, par des valeurs communes, par des langues communes.

Mais si nous ne cultivons pas cet avantage comparatif au jour le jour, il risque d'être relégué au deuxième plan.

Au-delà de nos liens, nous avons surtout des défis et des intérêts communs.

N'oublions pas qu'ensemble nous représentons plus d'un tiers des pays du monde.

Ensemble, nous pouvons dans les arènes multilatérales - aux Nations Unies, à l'Organisation mondiale du Commerce - définir des positions communes et atteindre des succès communs. Comme nous l'avons fait pour l'accord de Paris sur le climat.

Voilà notre force et voilà notre intérêt stratégique qui doit nous rapprocher et nous unir.

Je l'ai dit, nous avons des défis et intérêts communs. J'en citerai quatre : les flux migratoires, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le changement climatique, la croissance et l'emploi.

Sur ces quatre aspects c'est maintenant qu'il faut agir car il risque d'être trop tard.

Car cette fois-ci nous faisons face à une urgence : le boom démographique africain : 1 milliard aujourd'hui, 2.5 milliards d'ici 2050, 4.4 milliards d'ici 2100.

D'où le thème de ce sommet : la jeunesse.

Dans un avenir très proche l'Afrique devra, en raison de cette explosion démographique, créer plusieurs millions d'emplois pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail.

C'est à cette jeunesse que nous devons donner des réponses concrètes. Des opportunités d'emplois, des conditions de vie qui soient digne. En somme, donner de l'espoir.

Mais pour cela nous devons changer notre approche.

Elle ne doit plus se reposer exclusivement sur l'aide au développement mais sur un partenariat d'égal à égal. Sur des investissements massifs dans le but de développer le continent. Axé sur les personnes, sur l'économie réelle, les sur PME, sur les entrepreneurs.

Nous avons donc l'obligation d'être ambitieux.

Voilà pourquoi je continue de répéter qu'il faut un vrai Plan Marshall pour l'Afrique d'une somme de 40 milliards d'euros.

Il existe un potentiel inexploité en Afrique. De véritables opportunités dans des secteurs variés, pensez à la digitalisation ou à l'agriculture et au développement rural. Mais cela nécessite aussi une formation et une éducation de qualité. Aussi pour former la future classe dirigeante.

Les échanges universitaires, la migration régulière et la mobilité doivent donc être un moteur de développement.

Nous devons faciliter les échanges dans l'enseignement supérieur, soutenir les bourses via Erasmus +, étendre les programmes d'échanges pour les jeunes entrepreneurs.

Il s'agit d'un effort commun. Des institutions européennes et africaines - de nous - mais aussi des États Membres, donc de vous.

Je salue à ce titre les initiatives de la Chancelière Merkel et de la présidence allemande du G20, de Paolo Gentiloni et de la présidence italienne du G7 et du Président Macron surtout en ce qui concerne le Sahel.

Région fondamentale que nous devons par tous les moyens empêcher qu'elle tombe et déstabilise l'Afrique toute entière, car les risques seraient terribles pour nos deux continents.

Précisément le Sahel nous démontre qu'une approche holistique est nécessaire.

Car les entreprises, le commerce et les investissements ne peuvent que prospérer, créer des emplois et une croissance durable et inclusive dans un climat de paix, de sécurité, de stabilité, de respect des droits de l'homme et de bonne gouvernance.

La tâche qui est devant nous est énorme.

Permettez-moi donc de conclure avec cet appel.

Nos sommets ont lieu tous les trois ans. Trop peu à mon avis pour un partenariat privilégié. Ils doivent être plus fréquents. Je propose donc que nous nous réunissions tous les deux ans.

Mais surtout, entre chaque sommet, qu'il y ait des réunions de suivis et de mise en oeuvre à plusieurs niveaux en incluant la société civile, les jeunes, et les acteurs économiques car ceux sont eux qui porteront et concrétiseront nos ambitions.

C'est le sens de la déclaration adoptée par le Sommet Parlementaire qui s'est tenu hier et que nous vous remettons aujourd'hui avec mon collègue du Parlement Panafricain.

Merci !