Berlin, 28 ans d'enfermement, 28 ans de liberté

République Fédérale d'Allemagne - CIDAL - 06/02/2018 14:35:00


10 316 jours. Soit 28 ans, deux mois et 26 jours. C'est le temps qu'aura duré la déchirure du mur entre Berlin-Est et Berlin-Ouest du 13 août 1961 au 9 novembre 1989. C'est aussi, en ce 5 février 2018, le nombre de jours exact qui nous sépare de la démolition de ce « mur de la honte » sous les coups de pioche de la Révolution pacifique en RDA. Une génération entière (les moins de 30 ans) a désormais grandi dans l'Allemagne réunifiée. Le mur a largement disparu dans le paysage comme dans les têtes. Mais le devoir de mémoire demeure.

Expositions

Une visite au Musée du mur (Mauermuseum) suffit pour s'en convaincre. Le site lui-même - l'ancien point de passage de Checkpoint Charlie entre l'Est et l'Ouest, sur la Friedrichstraße - est chargé d'histoire. À l'intérieur, les témoignages s'amoncèlent, physiques (véhicules, panneaux, objets), photographiques et audiovisuels. Ils racontent les tragédies de la grande histoire à hauteur d'homme: la douleur d'une ville soudain coupée en deux, les tentatives désespérées pour échapper à la fatalité et la brutalité sans merci de la répression contre les aspirants à la liberté.


Le bilan de ces 10 316 jours à l'ombre des barbelés et des miradors est sinistre : 139 personnes ont perdu la vie sur la frontière interallemande entre 1961 et 1989. Et les histoires qui s'y sont déroulées sont poignantes.

Une exposition explore d'ailleurs la cruauté de cette déchirure sous un jour plus intime encore. Elle est présentée jusqu'au 15 août au mémorial de la Bernauer Straße. Elle rassemble 58 clichés privés, pour la plupart inédits, qui révèlent les blessures infligées à l'identité allemande sous un jour original.

Sur les traces du mur

Tous ces témoignages sont précieux. En effet, il ne reste aujourd'hui presque plus de traces des 160 kilomètres de mur qui encerclaient Berlin-Ouest, ni des quelque 1 400 kilomètres du Rideau de fer qui coupaient l'Allemagne en deux.

Parois en béton de plus de 3,50 mètres, barbelés, miradors : tout a été démoli immédiatement après la réunification. La Potsdamer Platz et ses gratte-ciels ont poussé à l'emplacement de la « bande de la mort », immense terrain vague qui séparait les deux parties de Berlin. Et l'East Side Gallery conserve, seule ou presque, le souvenir de 1,3 kilomètre de pans authentiques du mur de Berlin, déplacés au bord de la Spree et décorés par 118 artistes.

La mémoire, toutefois, n'a pas disparu. Les touristes, qui affluent du monde entier, le savent. Un parcours suivant le tracé du mur (indiqué sur la chaussée) permet, par exemples, de revivre les heures tragiques de la Guerre froide et de rendre hommage aux victimes. Du musée de la Bernauer Straße au « Parlement des arbres » dans le quartier gouvernemental en passant par le Kieler Eck, le mur n'a pas fini de hanter l'histoire de Berlin.