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La démographie française est faite de continuité et de surprises. À l'occasion des 50 ans de Population et Sociétés (le numéro 1 est paru deux mois avant mai 1968), Gilles Pison attire notre attention sur quatre changements démographiques qui n'avaient pas été anticipés il y a un demi-siècle : l'étonnante progression de l'espérance de vie, le retard des maternités, l'augmentation des naissances hors mariage, l'invention et le succès du pacs.

L'espérance de vie a augmenté de 11 ans au cours d'un demi-siècle, passant de 71,5 ans sexes confondus en 1967 à 82,5 ans en 2017. Une telle progression était inimaginable il y a cinquante ans et l'espérance de vie n'a toujours pas atteint de plafond comme on le prévoyait dans les projections publiées à cette époque.

Aujourd'hui, en France, les femmes mettent au monde autant d'enfants que leurs mères (environ deux chacune en moyenne), mais à des âges plus élevés. L'âge moyen à la maternité est passé de 26,5 ans en 1977 à 30,7 ans en 2017. En 1977, les femmes étaient mères de leur premier enfant à 24 ans en moyenne. Elles le sont près de cinq ans plus tard aujourd'hui.

Près de 60 % des enfants naissent de parents non mariés. Il y cinquante ans, ils n'étaient que 6 % dans ce cas. Ces naissances, alors rares et mal perçues, étaient classées officiellement comme « naturelles » ou « illégitimes ». Mais la norme sociale a changé et elles sont aujourd'hui plus nombreuses que les naissances de parents mariés.

Le pacte civil de solidarité (pacs) a été instauré en 1999 en partie pour permettre aux couples de même sexe de faire enregistrer leur union et de bénéficier des mêmes droits que les couples de sexe différent non mariés. On pensait qu'il allait surtout être utilisé par les premiers. La surprise a été que les seconds s'en soient emparés massivement. Les nouveaux pacs sont presque aussi fréquents que les mariages aujourd'hui et 96 % d'entre eux unissent des personnes de sexe différent.

Auteur : Gilles Pison
Population et Sociétés n°553, mars 2018