Le Comité des ouragans de l'OMM analyse la saison 2017, particulièrement dévastatrice

OMM - Organisation Météorologique Mondiale - 16/04/2018 09:15:00

Le Comité des ouragans de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) se réunit du 9 au 13 avril en Martinique, France, pour dresser le bilan de la saison des ouragans 2017 dans l'Atlantique, qui s'est révélée particulièrement dévastatrice, et débattre de la question de la coordination et de la planification opérationnelle qu'il importe d'assurer au niveau régional pour protéger les personnes et les biens pendant la prochaine saison.

Il a retiré les noms Harvey, Irma, Maria et Nate de la liste de noms utilisés par rotation, qui seront remplacés par Harold, Idalia, Margot et Nigel.

L'OMM tient à jour des listes de noms utilisés par rotation, qui sont propres à chacun des bassins cycloniques. Dans l'Atlantique et le nord-est du Pacifique, les noms masculins et féminins alternent par ordre alphabétique, et les listes sont utilisées tous les six ans. Si un ouragan est particulièrement meurtrier ou dévastateur, son nom est retiré de la liste et remplacé par un autre. Les quatre nouveaux noms seront utilisés pour la saison 2023.

La saison des ouragans 2017 dans l'Atlantique, qui a été extrêmement active, est l'une des plus destructrices jamais observée. Les dégâts se sont chiffrés à plus de 250 milliards de dollars aux États-Unis seulement, et le relèvement des îles des Caraïbes les plus durement touchées, comme la Dominique, pourrait prendre des années. Plusieurs centaines de personnes ont trouvé la mort, et la vie de millions de personnes a été bouleversée.

La fiabilité des prévisions et des alertes concernant les vents, les ondes de tempête et les risques d'inondation ainsi que la bonne coordination des services météorologiques et des services chargés de la gestion des catastrophes ont contribué à empêcher que le bilan des victimes ne soit encore plus lourd. De plus, grâce à la coopération qui s'est instaurée de longue date au sein du Conseil régional pour l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale et les Caraïbes (CR IV) de l'OMM, tous les pays et territoires de la région ont pu disposer de produits de prévision et d'études d'impact de grande qualité.

Pour la première fois depuis le début des relevés, trois ouragans de la catégorie 4 (Harvey, Irma et Maria) ont atteint les côtes des États-Unis, et les ouragans Irma et Maria ont à six reprises touché terre dans le bassin des Caraïbes alors qu'ils étaient encore classés en catégorie 5.

Selon un rapport du Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) de l'OMM à Miami, qui relève du Centre national des ouragans des États-Unis, sur les 17 tempêtes tropicales ayant reçu un nom qui se sont formées en 2017, 10 se sont transformées en ouragans et 6 sont devenues des ouragans majeurs (catégorie 3 ou supérieure sur l'échelle Saffir-Simpson). En comparaison, les moyennes pour la période 1981-2010 sont de 12 tempêtes tropicales, 6 ouragans et 3 ouragans majeurs.

Toujours selon le rapport du CMRS de Miami, l'énergie cyclonique cumulée (ACE), qui sert à exprimer à la fois l'intensité et la durée des tempêtes tropicales et des ouragans pour une saison donnée, a représenté en 2017 quelque 241 % de la moyenne à long terme et se classe au septième rang des valeurs relevées dans l'Atlantique depuis 1851.

De plus, tous bassins cycloniques confondus, septembre a été le mois qui a présenté la plus forte ACE depuis le début des années 1970, période à partir de laquelle on dispose de relevés d'une fiabilité avérée.

Compte tenu du caractère exceptionnel de la saison 2017, il est prévu que le Comité des ouragans du CR IV de l'OMM se réunisse cinq jours durant, soit un jour de plus que les quatre jours habituels. À cette occasion, il examine les rapports détaillés émanant de tous les pays et territoires touchés et débat de la planification opérationnelle pour la saison 2018 en vue de renforcer la résilience face aux catastrophes. La réunion est présidée par le nouveau directeur du Centre national des ouragans relevant de la NOAA, Kenneth Graham.

Harvey, Irma et Maria

Trois ouragans particulièrement destructeurs se sont succédé à un rythme rapide dans l'Atlantique Nord à la fin du mois d'août et en septembre.

Harvey, qui a touché terre en tant qu'ouragan de catégorie 4, est resté quatre jours au-dessus ou à proximité des côtes du Texas à la fin du mois d'août, donnant lieu à des précipitations record (plus de 1 500 mm) dans le sud-est du Texas et provoquant des inondations catastrophiques dans plusieurs grandes villes, dont Houston. Les dégâts causés par Harvey ont été estimés à 125 milliards de dollars, ce qui en fait l'ouragan le plus coûteux de l'histoire des États-Unis après Katrina (2005). Au moins 68 personnes ont succombé sous les effets directs de la tempête au Texas, soit le plus grand nombre de décès directement imputables à un cyclone tropical dans cet État depuis 1919.

Irma a gardé une intensité de catégorie 5 pendant 60 heures au début du mois de septembre, semant la destruction dans de nombreuses îles des Caraïbes. L'île de Barbuda a été presque entièrement détruite, et des dégâts très importants ont été infligés à Saint-Martin/Sint Maarten, à Anguilla, à Sain-Kitts-et-Nevis, aux îles Turques et Caïques, aux îles Vierges et à la partie sud des Bahamas. Irma a suivi une trajectoire longeant la côte nord de Cuba et a été le premier ouragan de catégorie 5 à toucher terre à Cuba depuis 1932, y faisant de gros dégâts. Cet ouragan a ensuite touché terre dans le sud-ouest de la Floride avec une intensité de catégorie 4, provoquant l'évacuation d'environ 6 millions d'habitants et causant de graves inondations.

Maria s'est transformée rapidement en ouragan 24 heures après avoir atteint le stade de la tempête tropicale, puis a gagné en intensité pour devenir un ouragan de catégorie 5. Cet ouragan s'est abattu sur la Dominique le 19 septembre, avec la plus forte intensité jamais enregistrée. Maria a causé des dégâts catastrophiques, et l'île autrefois verdoyante a été littéralement réduite en un immense champ de débris. Selon les estimations de la Banque mondiale, le montant total des pertes et préjudices causés par l'ouragan à la Dominique s'élèvent à 1,3 milliard de dollars, soit 224 % du produit intérieur brut (PIB).

Maria était encore un ouragan de catégorie 4 lorsqu'il a atteint Porto-Rico; il s'agissait d'ailleurs de la plus forte tempête à s'abattre sur l'île depuis 1928, et de loin la plus destructrice. L'électricité a été coupée dans l'île entière et n'a été rétablie pour à peine plus de la moitié de la population que trois mois après l'ouragan, et l'approvisionnement en eau et les communications ont aussi été fortement perturbés. Selon les estimations de la NOAA, Maria aurait causé à Porto-Rico et aux îles Vierges américaines des dégâts s'élevant à 90 milliards de dollars, ce qui en ferait l'ouragan le plus coûteux de l'histoire américaine après Katrina (2005) et Harvey (2017).

Deux autres ouragans importants ont marqué la saison 2017 dans l'Atlantique, tous deux au mois d'octobre, à savoir Nate, qui a provoqué de graves inondations en Amérique centrale (particulièrement au Costa Rica et au Nicaragua), et Ophelia, qui est devenu l'ouragan le plus à l'est jamais observé à atteindre une telle intensité (catégorie 3), avant de traverser l'Irlande pendant sa phase de transition extratropicale en y faisant des dommages considérables.

La saison 2005, pendant laquelle des ouragans particulièrement dévastateurs ont sévi, détient le record du nombre de noms supprimés: Dennis, Katrina, Rita, Stan et Wilma avaient ainsi été rayés de la liste.