L'artiste Stéphane Thidet vous invite à plonger dans un « Détournement » de la Seine à la Conciergerie

Centre des Monuments Nationaux - 18/04/2018 16:50:00

A l'invitation du Centre des monuments nationaux, Stéphane Thidet conçoit pour la Conciergerie « Détournement », une pièce aussi audacieuse et poétique que ses récentes installations « Sommeil », forêt gelée tournoyant sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris pour la Nuit blanche en 2016, ou « Bruit blanc », sculpture givrée dans un des bosquets des jardins du château de Versailles cet hiver.

Poursuivant son travail en lien avec les éléments naturels, Stéphane Thidet opère un détournement d'une partie de l'eau de la Seine, pour la faire s'écouler, puis serpenter à l'intérieur du monument avant de la restituer au fleuve, provoquant un glissement du cours naturel du fleuve. Après la crue de 1910, dont le niveau a laissé sa marque sur les colonnes du monument, l'artiste souhaite que l'eau du fleuve s'introduise à nouveau entre ces murs de manière paisible et maîtrisée. A l'aide d'un dispositif technique élaboré, Stéphane Thidet crée un méandre éphémère, qui s'introduit dans la Conciergerie.

L'eau puisée dans le lit du fleuve au niveau du pont au Change passe au-dessus du quai de l'Horloge, entre dans le monument par ses cuisines historiques pour surgir en cascade dans la majestueuse salle des Gens d'armes de la Conciergerie. Là, le chemin d'eau serpente parmi les colonnes gothiques avant de s'élever et de refranchir la façade du monument par la grande baie centrale située entre les tours jumelles, César et Argent, en jaillissant en cascade pour se déverser dans le saut-de-loup, le fossé extérieur de la Conciergerie. La structure acheminant l'eau est composée d'éléments en bois brut évoquant l'esthétique des premières montagnes russes.

Ce « Détournement » est l'occasion de mettre en lumière ce monument dont la façade fait partie intégrante du panorama parisien mais dont l'histoire et le parcours permanent restent méconnus, y compris parfois des Parisiens. L'installation de Stéphane Thidet permet de s'interroger sur les rapports du monument avec son environnement immédiat : l'Ile de la Cité, la Seine et plus largement la ville. En effet, elle met en valeur le rôle déterminant du fleuve dans la construction géographique, économique, historique et sociétale de la capitale et invite à réfléchir sur la place de la Seine dans Paris aujourd'hui et demain.

Une programmation culturelle variée permet à tous les publics de s'approprier cette installation et d'approfondir les liens entre le fleuve et l'île de la Cité : une rencontre avec Stéphane Thidet, une conférence de l'historienne Isabelle Backouche, des visites familiales et des visites contées sont proposées. L'installation est aussi accessible lors de deux nocturnes exceptionnelles les 9 mai et 6 juin, et, pour la première fois en 2018, la Conciergerie tout entière est ouverte pour la Nuit des musées le 19 mai.

Cette exposition est accompagnée d'une publication aux Éditions du patrimoine dans la collection « Un artiste / Un monument », avec un essai de Rebecca Lamarche-Vadel, critique d'art et commissaire d'exposition au Palais de Tokyo, qui sera disponible au printemps.

« En janvier 1910, la Seine s'est invitée à la Conciergerie, spontanément. Une trace de ce passage est encore visible sur un des piliers de la salle des Gens d'armes : une ligne de niveau, accompagnée de la date du 28 janvier 1910.
J'invite à nouveau l'eau du fleuve à venir séjourner, traverser, cheminer entre les colonnes de cette immense salle, cette fois-ci, avec un parcours proposé, dessiné.
Il y a plusieurs raisons qui m'ont poussé à imaginer ce projet pour la Conciergerie. La proximité d'un élément fort, sauvage, difficile à contenir tel que la Seine en est une, mais surtout le fait qu'une grande partie de l'histoire de ce lieu soit liée à l'enfermement, la détention : à toutes formes d'isolement vis-à-vis du monde extérieur.
Je propose alors avec ce geste une extrême communication avec l'extérieur : un projet qui dépasse les murs et communique avec un élément extérieur vivant, fort. Le dehors s'invite à nouveau dans le dedans. »
Stéphane Thidet