A la Réunion, la Nouvelle Route du Littoral, se présente comme un modèle de Grands Travaux Ecologiques
La Nouvelle route du Littoral est un chantier emblématique de notre pays et il se trouve en plein océan indien sur l'Ile de la Réunion. D'une longueur de 12 kilomètres, avec un viaduc de 5 Kilomètres, la NRL comme on l'appelle à Saint-Denis relie le centre urbain et la zone industrielle au grand port maritime de la Possession. Autrement dit, un axe déterminant pour le centre économique de l'ile et la principale agglomération de la Réunion.
Elle remplacera une route nationale à bout de souffle, à l'aplomb de la falaise, constellée de filets de protection contre les éboulis. De nombreux accidents conduisent à la fermeture de la chaussée attenante, ce qui entraine des embouteillages jusqu'à 4H30 entre les deux sites séparés de 12 kilomètres : Un enfer pour le quotidien des réunionnais, un frein pour l'économie.
C'est un projet ambitieux qui a été choisi ; celui de créer ex nihilo, un nouvel ouvrage routier qui répond aux besoins de toutes les mobilités et aux normes de l'environnement les plus strictes notamment pour compenser l'impact de cette construction. 150 mesures « bleues » et « vertes » ont été prises pour permettre de concilier économie et écologie, pour un budget sans précédent de 80 millions d' eurosuros.
Au premier chef, la qualité de l'eau (sa turbidité) aux abords du viaduc est en permanence surveillée par 31 bornes, des barrages anti-matières en suspension emprisonnent toutes particules pouvant nuire à la faune et à la flore sous-marine. 6 éco-piles du viaduc accueillent depuis plus d'un an des récifs artificiels présentant des structures similaires à celle des habitats naturels des poissons et crustacés. Ce dispositif innovant est une première.
Pour ne pas déranger les grands mammifères marins, des ULM survolent la zone avant les travaux bruyants sous-marins. En cas de présence à proximité, les travaux ne démarrent pas ! Les entreprises présentes respectent des seuils acoustiques les plus contraignants au monde, basées sur la réglementation allemande. Il n'est pas rare qu'une journée d'opération de fragmentation de la roche soit annulée en raison de la présence d'une baleine à bosse dans les eaux du chantier.
Si les grands mammifères marins ne sont pas repérés dans la zone du chantier, des mesures de prévention sont prises : des rideaux de bulles sont mis en place pour contenir les bruits sous-marins, les explosifs sous-marins utilisés sont non détonants... Pour préserver l'avifaune, les éclairages du chantier de couleurs jaune-orangées sont orientés vers le sol afin de ne pas attirer et désorienter les oiseaux. Entre décembre et avril ce sont 50 nuits d'interdiction d'éclairage qui ont été décrétées. Car c'est une période délicate ; les petits s'élançant pour la première fois hors du nid s'échoueraient massivement sur le sol.
Afin de compenser les possibles pertes, la Région accompagne et finance les plans de conservation et d'actions en faveur de tous les oiseaux de l'île. La population réunionnaise est d'ailleurs particulièrement bien informée puisqu'elle ramène 3400 oiseaux par an à la Société d'Etudes Ornithologique de la Réunion qui les soigne, puis, les relâche au bord de l'eau.
La Région finance également à hauteur de 300 000 euros un plan d'action pour le sauvetage des tortues marines et la réhabilitation des plages de ponte. Le musée de Kelonia abrite à cet effet, un centre de soins pour tortues et 5 hectares de plages seront réhabilitées prochainement sur la côte ouest. Un programme de re-végétalisation est en cours permettant aux tortues de venir pondre dans un habitat propice à l'éclosion des oeufs, sans pollution lumineuse des phares de voitures, et ce dans un cadre où les végétaux invasifs sont remplacés par des espèces endémiques attirant par leurs effluves, -on parle de plume olfactive-, les femelles. Des plantations de lianes à croissance très rapide, appelées Patates à Duran, favorisent également la stabilité des plages et endiguent l'érosion. Le Veloutier de mer, lui forme en amont un rideau protecteur contre la lumière venant de la route ou des éclairages urbains.
L'accumulation des connaissances scientifiques en matière d'environnement et de construction de bord de mer est telle qu'une thèse est en préparation pour servir de modèle et de points de comparaisons avec d'autres futurs chantiers dans le monde.
La Région souhaite même aller plus loin sur cette voie du futur en s'attaquant au chantier de la transition énergétique de l'éclairage public en partenariat avec EDF pour des éco-ville et des éco-quartiers.
L'audace de la Nouvelle route du Littoral revient à Didier Robert, le Président de la Région. Son grand projet tire la croissance de l'Ile avec 1700 emplois directs créés depuis 2013 et un taux supérieur à la moyenne nationale 3%. Mais la situation de l'Ile est fragile avec un taux de chômage plus élevé 23% de la population active. Notamment celui des jeunes (près de 39%) qui aspirent à une stabilité de l'emploi et à des perspectives nouvelles.
Didier Robert est allé chercher les financements à Paris grâce aux accords de Matignon signés en 2010 et à Bruxelles avec les instruments financiers de l'Union Européenne et de son bras armé La Banque Européenne d'investissement, ce qui a permis de mobiliser près d'1,6 milliards d'euros et rendu possible l'engagement de la Région.
Au delà des aspects financiers et d'emploi, la Nouvelle Route du Littoral est le vecteur d'une nouvelle image de la Réunion. Elle souligne la capacité de l'Ile à lancer de grands projets structurants pour le développement ; un facteur de crédibilité pour les investisseurs internationaux. Les mesures prises pour la pérennité du patrimoine environnemental démontrent que La Région entend poursuivre la création de véritables sanctuaires de bio-diversité propre à l'Océan Indien.
Marie Ange Richermo à St Denis et Jean François Puech directeur de la rédaction
PLUS D'INFO SUR LA NOUVELLE ROUTE DU LITTORAL LE PLUS GRAND OUVRAGE ECOLOGIQUE DE L'UNION EUROPEENNE
http://www.nouvelleroutedulittoral.re/