Une nouvelle école, de nouvelles amies, un nouveau départ : rebâtir l'éducation à Mossoul

UNICEF - Fonds international d'urgence des Nations unies pour l'enfance - 18/07/2018 13:50:00


Trois fillettes déplacées à cause du conflit trouvent de nouvelles amies et reprennent espoir dans une école fraîchement réhabilitée

L'an dernier, Tabarak, Safa et Dima ont toutes les trois dû fuir leur maison de Mossoul lorsque la guerre a ravagé la ville. Celles qui ne se connaissaient pas encore allaient bientôt devenir inséparables.

« On travaille ensemble, on joue ensemble. On adore lire en anglais. Ce qu'on apprécie le plus, ce sont les histoires pour les filles. On aime aussi écrire nos propres histoires et se les lire à haute voix », raconte Dima.

Les trois fillettes ont fait connaissance il y a quelques mois, lorsqu'elles ont commencé à fréquenter l'école primaire al-Huda située à Mossoul-Ouest.

« Lors de mon premier jour à l'école, il y a six mois, j'étais assise à côté de Safa. C'est comme ça qu'on s'est rencontrées », explique Tabarak.

Pourtant, l'an dernier à la même époque, il n'était pas question pour les filles de s'aventurer en dehors de chez elles, et encore moins d'aller en classe. Durant l'offensive militaire visant à reprendre la ville en 2017, il était devenu trop dangereux de se rendre à l'école.

« Sous l'État islamique, nous sommes allées à l'école la première année, et puis nous avons arrêté car le programme a changé », se rappelle Tabarak. « Au début, je voyais ça un peu comme des vacances parce que je déteste me lever tôt. Et puis on a fini par s'ennuyer. On devait passer la majeure partie de notre temps cachés dans la cave, on avait peur et on s'ennuyait. »

Tabarak et Dima font partie des quelques chanceux qui ont pu poursuivre leur scolarité durant cette période. La mère de Tabarak, professeur d'arabe, lui a fait cours à la maison pendant les années où elle ne pouvait plus aller à l'école. Dima et sa famille ont été déplacées à Erbil, où la fillette a pu aller en classe.

Mais beaucoup d'enfants n'ont pas eu cette chance. Des centaines de milliers d'enfants dans les zones occupées par l'État islamique ont manqué au moins une année d'école. Les bâtiments scolaires ont été endommagés ou détruits, et beaucoup d'établissements se retrouvent encore sans professeurs ni ressources.

Située dans l'ouest de Mossoul, l'école al-Huda est très proche de la vieille ville, quartier le plus durement touché. Les bâtiments environnants ont été complètement détruits. Les enfants doivent enjamber un lampadaire tombé à terre pour traverser la rue qui les mène à l'école.

Al-Huda est l'une des 256 écoles de la ville que l'UNICEF a contribué à réhabiliter depuis fin 2016, au bénéfice de plus de 250 000 élèves. Des travaux sont en cours dans neuf autres écoles de Mossoul-Ouest afin que les cours puissent reprendre.

Vidéo : Une nouvelle école et une nouveau départ pour Tabarak | UNICEF

Rebâtir un avenir plus rayonnant

Aujourd'hui, les filles se serrent toutes les trois à un même bureau dans leur salle de classe. Tabarak, avec ses grands yeux et ses fossettes, tient Safa par la main. Dima sourit comme si elle s'apprêtait à faire une plaisanterie.

« De retour à l'école, on était tellement contentes de retrouver nos amies », s'exclame Dima.

« J'étais un peu nerveuse parce que je ne connaissais personne. Et puis, j'ai rencontré Safa et Dima, et à partir de là, tout s'est bien passé », ajoute Tabarak. Sa famille et elle ont dû quitter leur maison de Mossoul-Ouest pour se réfugier à l'autre bout de la ville, dans un quartier à peine plus sûr. Ils sont revenus vivre dans un autre quartier de Mossoul-Ouest, car le leur reste inhabitable.

Les trois meilleures amies comptent aujourd'hui parmi les plus brillants éléments de l'école primaire al-Huda. Elles arborent toutes les trois des rubans qui récompensent leurs bons résultats à l'école, et à 9 et 10 ans, respectivement, elles espèrent un avenir qu'elles pensent pouvoir contribuer à façonner.

« Je veux devenir pilote ! », déclare Safa avec aplomb. « Moi, je veux être dentiste », renchérit Dima. « Et moi, pharmacienne », conclut Tabarak.

Les fillettes ont aussi des idées bien précises pour rendre leur pays meilleur. « Si j'étais présidente, je donnerais de l'argent aux pauvres. Ils n'ont rien, alors on doit les aider », déclare Tabarak.

Safa, la pragmatique du trio, pense à la reconstruction : « Je veux rénover les écoles. Cela aidera les gens à revenir chez eux et, comme ça, ils auront du travail. »

Et lorsqu'on demande à Dima ce qu'elle ferait pour l'Iraq, la réponse ne se fait pas attendre : « Je construirais un centre commercial ! Tout le monde aime le shopping. »

Cet enthousiasme - notamment chez les petites filles - est un signe réconfortant pour l'avenir de Mossoul. Ces jeunes élèves pleines d'intelligence ont des idées, de l'énergie, et surtout, de l'espoir.

Une génération perdue

S'ils ne peuvent avoir accès à une éducation de qualité, trop d'enfants Iraquiens risquent d'appartenir à une génération perdue. Près de 3,5 millions de petits Iraquiens en âge d'être scolarisés ne vont pas à l'école ou seulement de manière irrégulière, et plus de 600 000 enfants déplacés ont été déscolarisés pendant toute une année.

L'UNICEF s'emploie à ce que le rêve de Safa de réhabiliter les bâtiments scolaires de Mossoul devienne réalité, et a par ailleurs déjà fourni des équipements récréatifs, du matériel de premiers secours, des kits d'enseignement et des supports pédagogiques à 224 000 élèves à ce jour.

Pour répondre aux besoins en matière de suivi psychologique des enfants affectés par le conflit, l'UNICEF a soutenu la formation psychosociale de 25 personnels pédagogiques clés à Mossoul, qui se rendront dans les écoles pour former à leur tour les enseignants.

L'école al-Huda est l'une des 30 écoles de Mossoul soutenues par l'UNICEF grâce à des subventions et à des programmes de formation visant à aider les établissements scolaires et la communauté locale dans l'élaboration et la mise en oeuvre de plans d'amélioration scolaire