Vienne 18 décembre 2018 Discours du Président Juncker à l'ouverture du Forum Afrique-Europe

Commission Européenne - 18/12/2018 13:10:27


Vienne, le 18 décembre 2018

Lieber Sebastian,

ich darf mich noch einmal herzlich bei dir bedanken, dass du uns nach Wien eingeladen hast. Ich bedanke mich auch bei der Bundesregierung für die freundliche Aufnahme. Es steht dem österreichischen Ratsvorsitz gut zu Gesicht, zu diesem Afrika-Europa Forum nach Wien eingeladen zu haben.

I am happy to see on this podium my dearest friend Paul Kagame who is an inspiring leader of the African continent together with the President of the African Commission, my good friend Moussa. I am always happy to see Moussa because then, I am noting that I am not presiding the only Commission worldwide. We had a good idea to have a Commission in the European Union, and our good African friends now have had the same idea. And so you can see two Presidents of two different Commissions coming from two continents.

L'Afrique et l'Europe non seulement sont des continents voisins mais des continents cousins, liés par tant de liens, y compris par des liens de coeur. Le moment est venu aujourd'hui, grâce à l'initiative de Sebastian et de Paul, de donner un nouvel essor à notre relation dans l'esprit de ce que nous avons convenu au sommet Union africaine-Union européenne il y a une année à Abidjan. C'est-à-dire, il faudra que nous bâtissions un partenariat égal, équilibré, reposant sur une responsabilité partagée.

Longtemps - il est vrai - les relations entre nos deux continents ont été essentiellement perçues comme des relations entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Mais trop souvent, surtout ces dernières années, elles ont été réduites - ces relations - à la seule question des migrations. Ceci n'est pas un sommet sur la migration, c'est un sommet qui célèbre, si j'ose dire, un partenariat égal entre nos deux continents.

Nous sommes - l'Afrique, l'Europe - une communauté de destin et une communauté d'intérêt. Les défis de l'Afrique sont aussi les nôtres. Les espoirs de l'Afrique sont nos espoirs. Et l'avenir de l'Afrique, c'est aussi notre avenir. Oui, notre avenir est lié aux évolutions de ce grand et noble continent que constitue l'Afrique. L'Europe a besoin de l'Afrique, l'Afrique a besoin de l'Europe.

J'évoque souvent la diversité de l'Union européenne qui la rend plus riche que beaucoup d'autres ensembles. Mais que dire alors de la diversité énorme de la grande Afrique, que dire de son dynamisme qui va en se développant. L'Afrique c'est un kaléidoscope de différentes réalités culturelles, linguistiques, sociales, économiques et climatiques. C'est aussi, l'Afrique, la plus forte croissance démographique au monde. On l'a déjà dit, d'ici à 2050 un habitant de la planète sur quatre sera africain et 50% des Africains auront moins de 25 ans.

Et la question n'est pas de savoir ce que l'Europe peut faire pour l'Afrique. La question est de savoir: que peuvent faire l'Europe et l'Afrique ensemble? Une grande partie de la réponse qu'il faut apporter à cette question consiste à mettre davantage l'accent sur les politiques d'investissement et sur le commerce.

L'Europe aujourd'hui compte déjà pour 40% des flux d'investissements directs étrangers vers l'Afrique avec un total de 291 milliards d'euros provenant des Etats membres de l'Union européenne. Nous sommes aussi le premier partenaire commercial de l'Afrique avec un total des échanges commerciaux de marchandises qui, en 2017, s'est élevé à 243,5 milliards d'euros. Ensemble, nous pouvons et nous devons faire plus. Nous devons faire mieux pour que la croissance en Afrique soit plus forte, plus inclusive, plus durable et plus créatrice d'emplois.

Pour y parvenir, nous devons mobiliser davantage de sources de financement, tant publiques que privées, et encourager nos entreprises européennes à être plus présentes sur le continent africain. Je voudrais dire à ceux qui représentent nos entreprises et que je salue cordialement parmi nous - bonne idée d'avoir invité les représentants du secteur privé -, je voudrais leur dire: soyez audacieuses, investissez davantage en Afrique !

De mon côté, à la suite des engagements pris au Sommet d'Abidjan avec nos partenaires africains, j'ai proposé une nouvelle Alliance Afrique-Europe pour les emplois et l'investissement durable. L'objectif est clair : attirer davantage d'investisseurs tant africains qu'européens, en ayant recours à des financements mixtes et à des garanties, et de créer 10 millions d'emplois en Afrique d'ici cinq années. Joignant l'acte à la parole, nous avons déjà pris une série d'initiatives pour donner vie à ces ambitions renouvelées.

Nous avions, il y a deux années, lancé un Plan d'investissement extérieur dont l'objectif est de mobiliser jusqu'à 44 milliards d'euros d'investissements supplémentaires d'ici 2020. En septembre dernier, dans mon discours au Parlement européen sur l'état de l'Union, j'avais dit que les projets en cours allaient mobiliser 24 milliards d'euros. Aujourd'hui, 13 milliards d'euros de plus sont dans le pipeline. Ceci veut dire 37 milliards d'euros en cours sur les 44 milliards d'euros annoncés il y a peu.

Je me réjouis de la signature tout à l'heure du premier accord de garantie, nouvel outil financier dans le cadre du Plan d'investissement extérieur. Il concerne le projet d'investissement NASIRA qui permettra de faciliter l'accès au financement à des personnes qui souhaitent créer une entreprise, ainsi qu'aux petites et moyennes entreprises existantes qui n'arrivent pas à emprunter de l'argent à des taux abordables. Notre contribution, d'un montant de 75 millions d'euros, devrait générer un investissement total de 750 millions d'euros au profit de projets portés par ces entreprises, et permettra la création de 800 000 emplois.

Notre objectif est aussi d'investir dans le plus précieux capital qui soit, c'est-à-dire le talent des jeunes Africains, qui sont les forces vives du continent africain. L'appel à proposition du programme Erasmus+ pour 2019 est ouvert depuis octobre, avec des moyens financiers renforcés. J'invite les jeunes Africains à être nombreux à y répondre et je suis confiant que d'ici à 2020, nous atteindrons l'objectif de 35 000 étudiants et universitaires africains participant au programme Erasmus+. Je suis confiant que nous atteindrons ce chiffre, puisque depuis 2014 presque 16 000 étudiants africains y ont déjà participé et nos efforts augmentent.

Notre objectif est également d'aider nos amis africains à créer un environnement propice aux investissements et aux entreprises. Pour la période 2018-2020, nous avons décidé d'augmenter de 50% le soutien financier européen aux réformes qui permettront d'améliorer le climat des affaires et de l'investissement en Afrique, le portant à 300 voire 350 millions d'euros par an. Selon les dernières estimations, nous devrions même être au-delà de ces montants, car cette année 541 million d'euros soutiennent des réformes dans ces domaines.

Oui, les réformes - nous le savons tous - sont difficiles. Mais comme beaucoup de mes amis africains me l'ont déjà dit plusieurs fois : mener des réformes, c'est d'abord et avant tout dans l'intérêt des Africains eux-mêmes. Ils le feront, sans être exposé au matraquage des donneurs de leçon en Europe. L'Afrique sait faire ce qui est dans son intérêt.

Nous voulons contribuer à développer davantage les relations commerciales entre l'Europe et l'Afrique, mais aussi entre les pays de l'Afrique, car ceci est un des objectifs de nos partenaires africains. En septembre dernier, ma Commission s'est engagée à apporter un soutien de 50 millions d'euros à la mise en place de la zone de libre-échange continentale pour l'Afrique. Je voudrais que le jour venu, nous puissions aboutir à une véritable zone de libre-échange entre l'Afrique et l'Europe, un véritable partenariat économique entre partenaires égaux.

Il ne faut pas, aujourd'hui, écrire des poèmes. Nous ne sommes pas en littérature, nous sommes dans le vrai. Je voudrais que l'Afrique et l'Europe marchent ensemble. J'aime, disait le philosophe français Blaise Pascal, les choses qui vont ensemble. Et bien, l'Afrique et l'Europe, ce sont deux choses, deux continents, qui vont ensemble.

Merci.

SPEECH/18/6864

Sebastian Kurz Chancelier de l'Autriche accueille Jean Claude Junker