RUGBY, Arbitrage : Ne rien perdre de vue

FFR - Fédération française de Rugby - 13/02/2019 13:50:00


À l'image du XV de France avant ses échéances internationales, le corps arbitral prend soin de sa préparation physique avec l'objectif de continuer à exceller au plus haut niveau. Des pieds à la tête, aucun aspect n'est négligé, avec cette saison une nouveauté : le travail sur la vision périphérique et la rapidité de décision qui en découle.

Joël Dumé a réuni ses troupes en décembre au siège de la FFR et de la DTA, au sein du CNR de Linas-Marcoussis, afin de leur faire passer des tests physiques poussés et de faire un point sur l'homogénéité de l'arbitrage tricolore du secteur professionnel. Des vestiaires aux salles de réunion, en passant par le terrain couvert, des ateliers se succèdent au cours de la matinée ; physique, technique, optique, tous les domaines sont abordés.

Un travail appliqué, néanmoins ponctué par des moments de détente comme en atteste ce 3 vs 3 ludique sur un quart de terrain joué par les Garcès, Poite et autre Ruiz, en attendant la suite d'un test de motricité concocté par Mickaël Simon, leur préparateur attitré depuis bientôt une demi-douzaine d'années. « On constate une évolution pleine au niveau physique depuis qu'ils se préparent comme des sportifs de haut niveau, confie l'ancien préparateur physique du RCT (2005-2009). On voit qu'ils sont plus affûtés, plus physiques, plus précis sur leurs déplacements aussi. »

Une précision érigée en leitmotiv par Joël Dumé, le Directeur technique national de l'arbitrage, qui cherche à diversifier les axes d'apprentissage de ses ouailles, afin de continuer à les faire évoluer au maximum de leur potentiel : « Ce stage s'inscrit dans la formation continue de l'arbitrage, précise le DTN. Tous les mois ou les mois et demi, on a l'habitude de réunir les arbitres et les arbitres vidéo. Auparavant, on était plus sûr de d'analyse vidéo, technique, en montrant des cas de jeu qui ont posé problème. Cette fois-ci, pour se remettre en question en termes de pédagogie, et pour intéresser apprentissage, avec deux axes principaux : d'abord, recréer des situations de match, avec tout ce que cela implique de fatigue récurrente pour l'arbitre, avec des situations dans lesquelles on leur impose des prises de décision, sur le terrain, voire des prises de décision en mouvement. Dans un deuxième temps, travailler avec Jean-Baptiste Fouroux sur la vision périphérique, toujours en recréant des conditions de match, où ils ont beaucoup de choses à observer, pas simplement le porteur de ballon, mais aussi les partenaires, les adversaires, etc. »


Lutter contre la fatigue visuelle

Après une batterie de tests physiques et oculaires, vient le moment d'affronter la série d'examens élaborés par Jean-Baptiste Fouroux. Ce dernier a également évalué les joueurs de Jacques Brunel juste avant le premier rendez-vous de l'automne, début novembre, face à l'Afrique du Sud. « À l'aide de techniques d'optométrie fonctionnelle, j'essaie de faire un bilan sur le système visuel, de déterminer s'il a des faiblesses, pour ensuite adapter le programme de travail par rapport au poste et au joueur, confie le fils de Jacques Fouroux, aussi précis dans ses explications techniques que l'était son père dans sa direction tactique. Le cerveau peut être considéré comme un muscle. Mon père disait toujours que le muscle le plus important au rugby, c'est celui qu'on a entre les deux oreilles. L'oeil n'est qu'un capteur qui envoie des informations au cerveau par le nerf optique. Mon travail c'est d'améliorer le temps de réaction, la rapidité de prise d'informations visuelles et leur traitement. Pour les joueurs comme pour les arbitres, si on n'a pas les bonnes données au bon moment, ce qui se joue en millièmes de secondes, on a plus de risques de prendre la mauvaise décision. »

Une analyse partagée par Mickaël Simon : « On sait que le champ de vision se réduit avec la fatigue. Mais il n'y a que la réalité du terrain qui compte. Est-ce qu'à la 40e minute d'un match international, les arbitres vont avoir la bonne prise de décision? C'est pourquoi on crée une corrélation entre travail physique et tests de vision périphérique. On verra, sur une ou deux années, quels sont les bénéfices qui peuvent être tirés de ce travail. »

« À terme, on envisage que chaque arbitre dispose chez lui d'un outil informatique qui lui permettra de travailler individuellement sur cette vision, conclut Joël Dumé. Ce n'est qu'en pratiquant qu'on deviendra meilleurs. »