ENTREZ DANS L'UNI-VERRE LALIQUE !

Musée Lalique - 18/02/2019 12:35:00


LE MUSÉE LALIQUE DE WINGEN-SUR-MODER

Créé dans le village où René Lalique a implanté sa verrerie en 1921, le musée Lalique a pour ambition de faire découvrir la création Lalique dans toute sa diversité, en mettant l'accent sur la création verrière. Il a ouvert le 1er juillet 2011 sur un ancien site verrier en activité jusqu'au XIXe siècle dont le réaménagement a été effectué sous la houlette de l'Agence Wilmotte. Si la création Lalique était présente dans les collections de très grands musées internationaux, aucun musée en Europe n'était encore dévolu à ce
créateur génial ni au travail de ces successeurs.

Dans une muséographie résolument moderne, le musée présente non seulement plus de 650 pièces exceptionnelles - que ce soit des bijoux, des dessins, des flacons de parfum, des objets issus des arts
de la table, des lustres, des bouchons de radiateur ou des vases - mais permet aussi de plonger dans des ambiances par des photographies grand format et des audiovisuels. Ainsi, le visiteur pénètre par exemple dans l'Exposition universelle de 1900 pour y voir le stand de René Lalique ou découvre l'Exposition des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925.

Si les visiteurs ne peuvent pas visiter la manufacture, il était important de mettre en avant les savoir-faire et de rendre hommage aux femmes et aux hommes qui perpétuent la tradition verrière. Leur travail est notamment présenté au travers d'une table tactile retraçant les différentes étapes de la fabrication du vase Bacchantes, pièce emblématique créée en 1927. Du moule au vase fini, le visiteur peut visionner de petits films sur chacune des étapes du processus et expérimenter par le toucher les changements apportés à la matière.

Le musée Lalique s'inscrit également dans un cadre naturel magnifique, au sein du Parc naturel régional des Vosges du Nord. Une promenade dans les jardins permet de faire le lien entre des plantes qui ont inspiré la création Lalique et les oeuvres présentées dans le musée, ainsi qu'avec la tradition verrière locale grâce à un parcours d'interprétation.


LALIQUE, UNE HISTOIRE FAMILIALE

RENE LALIQUE (1860-1945)
Né en 1860 à Aÿ en Champagne et décédé en 1945 à Paris, René Lalique a vécu deux vies d'artiste
successives, s'élevant chaque fois parmi les protagonistes majeurs qui marquèrent de leur personnalité
l'Art nouveau puis l'Art Déco, aux styles diamétralement opposés.

L'inventeur du bijou moderne
Puisant son inspiration dans la nature et ayant l'audace d'utiliser le corps féminin comme élément d'ornementation, René Lalique apporte à la joaillerie des renouveaux imprévus. Il n'hésite pas à associer à l'or et aux pierres précieuses des matières jusque là peu utilisées et peu considérées, telles que la corne, l'ivoire, les pierres semi-précieuses, l'émail et bien entendu le verre. A ses yeux, mieux vaut la recherche
du beau que l'affichage du luxe... L'esprit reprend le pas sur la matière. À ses débuts, les bijoux avant-gardistes de René Lalique plaisent principalement à une élite intellectuelle et artistique, éloignée des
conventions, capable d'apprécier la beauté d'un objet malgré la relative pauvreté des matériaux utilisés. Entre 1891 et 1894, la grande comédienne Sarah Bernhardt lui achète diadèmes, colliers, ceintures et autres accessoires de scène aux dimensions spectaculaires, conçus en fonction de ses rôles. Ainsi assure-t-elle à la fois la gloire et la notoriété à René Lalique.

Autre personnage déterminant dans la carrière de l'artiste : Calouste Sarkis Gulbenkian. Financier,
magnat du pétrole, c'est aussi un collectionneur averti. Entre 1899 et 1920, il acquiert quelques cent
cinquante bijoux et objets d'art, oeuvres exceptionnelles que l'on peut aujourd'hui admirer à la Fondation
qui porte son nom à Lisbonne.

Révélé au grand public à l'occasion du Salon de 1895, présenté trois ans plus tard par Emile Gallé
comme l'inventeur du bijou moderne, René Lalique connaît un triomphe sans égal à l'Exposition universelle
de 1900. Son stand fait sensation, ses oeuvres novatrices sont unanimement admirées et le voilà promu
Officier de la Légion d'honneur. Dès lors, il reçoit des commandes du monde entier, est invité à toutes
les manifestations artistiques majeures se déroulant en Europe et aux États-Unis... Qui dit succès, dit
également tentatives d'imitation. Lalique est loin d'en être flatté. Inventeur qui ne veut suivre personne,
il déteste être suivi. Las d'être plagié, il va progressivement se tourner vers d'autres horizons. Le verre
l'attire depuis quelque temps déjà. Une nouvelle carrière se profile...


L'attrait magique du verre
Les premières expérimentations de René Lalique dans le domaine du verre remontent aux années 1890.
Les procédés de fabrication des bijoux le familiarisent avec les matières vitrifiables, et c'est sans doute
grâce à l'émail qu'il découvre le verre. Le gravant et le sertissant, il l'utilise progressivement pour
remplacer les gemmes. Translucide et transparent comme elles, il a l'avantage de pouvoir être conçu
et fabriqué en fonction du projet final. René Lalique crée également de petits objets, vases et sculptures,
selon la technique de la cire perdue. Un peu plus tard, il expérimente la technique du soufflage dans un
moule, mais un moule précieux, en argent ciselé, restant solidaire du verre qu'il enserre pour devenir
monture.

Sa rencontre avec François Coty, l'amenant non seulement à créer mais aussi à produire des flacons
de parfum, lui ouvre de nouveaux horizons. Une véritable révolution technologique et commerciale
s'opère, qui n'aurait pu aboutir sans l'habileté et l'inspiration de l'artiste. Bien que fabriquées en série,
ces créations sont incontestablement des oeuvres d'art.

Une manière de perpétuer la philosophie de l'Art nouveau qui voulait réconcilier Art et industrie. Peu à
peu, René Lalique diversifie ses productions. En 1912, maîtrisant parfaitement les techniques, il décide
de se consacrer de façon exclusive au verre. Il organise alors sa dernière exposition de bijoux et le grand
public le découvre maître-verrier.

Bijoutier d'avant-garde, René Lalique, en devenant verrier, se démarque également de ses prédécesseurs.
Il délaisse le verre multicouche aux couleurs variées au profit de la limpidité et de la transparence,
qualités naturelles du verre. Au niveau des formes aussi, il affirme sa différence. Léon Rosenthal la résume
ainsi : simplicité, pondération, symétrie. Il en use avec une parfaite liberté, selon ses tendances qui sont
d'élégance plus que de force, avec un besoin perpétuel d'invention. Il ne recule ni devant l'audace, ni
devant la fantaisie, mais ses écarts sont toujours mesurés.

Créateur éclectique, René Lalique ne s'intéresse pas uniquement aux arts de la table, aux vases et aux
statuettes. Il signe également des bouchons de radiateur pour les luxueuses automobiles des Années
folles, la décoration de trains, tel le Côte d'Azur Pullman Express, de paquebots, parmi lesquels le
Normandie, imagine des fontaines exceptionnelles, s'intéresse à l'architecture religieuse...


Aux sources de l'inspiration de René Lalique: La Femme, la Flore, la Faune ; les 3 F qui ont inspiré Lalique.
Observateur attentif des Êtres et des Choses, René Lalique a trouvé dans la nature une inspiratrice
féconde. Il l'a disséquée et examinée, épiant ses lignes, ses formes et ses structures particulières, y
cherchant et y trouvant l'étincelle de la vie. Il a scruté les plantes et les fleurs, étudié la vie aquatique, observé les reptiles et les oiseaux et a été fasciné par les insectes. Mais il n'a pas seulement interrogé le sol et le ciel, les plantes et les arbres, la créature humaine, le visage et le corps féminin ont également instillé en lui un souffle créateur. Son génie provient de sa capacité à adapter et à composer. Il ne copie pas la nature, il ne stylise pas les différents éléments, il crée en transformant. Des créations que font vivre la magie de la matière. Si René Lalique met toute sa sensibilité dans son interprétation, celle-ci se nourrit également des grands mouvements artistiques.
En 1900, l'écrivain Pol Neveux soulignait en effet que les chefs d'oeuvres des Égyptiens, des Italo-Grecs n'ont jamais été considérés d'un oeil plus pénétrant que le sien et l'art des Byzantins, des Florentins et des Japonais ne fut plus jalousement étudié que par lui.


L'esprit Art Déco
Lorsqu'il s'oriente vers le verre, il dessine des lignes épurées et l'ornement, souvent géométrisé, se décline dans des rythmes nouveaux, à des cadences syncopées, associées à ces années folles lancées dans la
vitesse. Mais il sait aussi, au besoin, les adoucir de sculptures de végétaux, d'animaux ou de femmes
de conception très naturaliste. Ainsi, au fil du temps, René Lalique a-t-il non seulement eu le courage,
mais aussi le talent, d'adapter son inspiration aux nouvelles tendances sans pour autant se départir de
sa personnalité.