Le homard est-il sensible au champ électromagnétique des câbles électriques sous-marins ?

IFREMER - 20/02/2019 15:40:00


Parmi de potentiels impacts des énergies marines renouvelables, une interrogation revient fréquemment : quel peut être l'effet du champ électromagnétique, produit par le câble d'export, sur les organismes vivant au fond de la mer ? Pour élucider cette question, une expérimentation extrêmement innovante vient d'être réalisée par France Energies Marines et l'Ifremer, en collaboration avec l'Institute of Marine Research de Norvège. Il s'agit d'une des toutes premières mondiales dans le domaine.

Quand acceptabilité rime avec science appliquée
Dans un contexte où les premiers parcs éoliens offshores commerciaux verront bientôt le jour en France, les études d'impact sont plus que jamais au coeur des préoccupations. Obligations légales, elles
sont également au centre du dispositif d'acceptabilité de ces nouveaux modes de production
d'énergie. Parmi les impacts environnementaux potentiels, se pose la question de l'effet du champ
électromagnétique, produit par le câble d'export, sur les organismes vivant au fond de la mer. Pour
répondre à cette interrogation, une expérimentation innovante vient d'être réalisée par des
scientifiques bretons, en collaboration avec l'Institute of Marine Research de Norvège. Aux manettes
dans le laboratoire, Bastien Taormina, doctorant à France Energies Marines et à l'Ifremer.


2 hypothèses : indifférent ou sensible ?
L'animal choisi pour cette étude est le homard européen, une espèce benthique à fort enjeu
économique et écologique. Plusieurs suivis scientifiques ont montré qu'elle fréquente les corridors des
raccordements électriques de plusieurs projets d'énergies marines renouvelables. L'expérimentation
a été menée sur des juvéniles au stade 5 de croissance, c'est-à-dire éclos depuis 3 semaines et d'une
taille d'environ 1 cm. La réponse de ces jeunes homards, qui sont à un stade sensible de leur cycle de
vie, n'avait jamais été étudiée jusqu'à maintenant. Le champ électromagnétique généré par les câbles
d'export a été reproduit à l'aide de deux bobines de 600 m de fils électriques permettant le passage
d'un courant alternatif ou continu. La valeur de champ utilisée, 200 uT, a été choisie pour correspondre
au mieux aux conditions réelles. Elle équivaut à 4 fois celle du champ magnétique naturel terrestre.
Dans la première phase d'expérimentation, le but était de déterminer si les juvéniles sont attirés ou
repoussés par le champ électromagnétique, ou bien s'ils restent indifférents. Lors de la seconde phase,
l'objectif était d'étudier les effets d'une exposition de 7 jours à un champ électromagnétique sur la
mortalité ainsi que sur le comportement naturel de l'animal, et notamment sa capacité à trouver un
abri. L'analyse des enregistrements vidéo est en cours. Les résultats de cette étude, qui seront publiés
en fin d'année, apporteront les premières connaissances objectives en termes d'impacts des champs
électromagnétiques des câbles électriques sous-marins vis-à-vis des juvéniles de homard.


Un contexte scientifiquement et techniquement riche Cette expérimentation a été menée dans les installations de l'Institute of Marine Research, en étroite
collaboration avec plusieurs chercheurs de cette entité norvégienne de recherche. Elle s'inscrit plus
largement dans le projet de R&D collaboratif SPECIES. Celui-ci vise à améliorer les connaissances sur
les interactions potentielles entre les câbles de raccordement électrique des projets d'énergies
marines renouvelables et les organismes benthiques. Coordonné par France Energies Marines et piloté
scientifiquement par l'Ifremer, le projet fédère un consortium de 9 partenaires académiques et privés
aux compétences et aux contributions complémentaires.



Contacts
Mélusine Gaillard - melusine.gaillard@france-energies-marines.org - T. 02.98.49.98.27
Arthur de Pas - presse@ifremer.fr - T. 02 98 22 41 07