Découverte d'une nécropole romaine et étrusque dans le cadre d'une fouille archéologique préventive à Aléria - Lamajone

INRAP - Institut national de recherches archéologiques préventives - 06/03/2019 14:20:00


Préalablement à la construction d'un habitat résidentiel au sud d'Aléria, la prescription d'une fouille archéologique par les services de l'État (DRAC de Corse) réalisée par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a permis de mettre au jour un ensemble de vestiges antiques remarquables.
Menées depuis le mois de juin de 2018, les recherches archéologiques dirigées par Laurent Vidal ont révélé deux tronçons de voies et une nécropole étrusque et romaine. La découverte d'un hypogée sous un ensemble de sépultures a provoqué la publication d'un arrêté de prescription de fouilles complémentaire. Ces travaux hors norme, pris en charge à 100 % par l'État par le biais du fonds national pour l'archéologie préventive (FNAP) pour un montant de 1,4 million d'euros, permettent d'éclairer nos connaissances sur l'occupation antique de la Corse, de qualifier plus précisément la diversité des échanges avec le monde méditerranéen et de mettre en lumière leur extraordinaire richesse.

Une nécropole

L'étude archéologique menée par l'Inrap s'étend sur une surface d'un hectare située à quelques centaines de mètres à l'est de la cité antique. Elle a révélé une nécropole bordée par un ensemble de voies de circulation.
L'équipe d'archéologues a mis au jour une pluralité d'inhumations qui témoigne de l'usage de cette nécropole pendant plusieurs siècles. L'état de conservation des sépultures est inédit. En effet celles-ci présentent souvent l'intégralité de l'architecture ainsi qu'un mobilier de prestige (parures, vases, etc.). Plus de deux
cents objets ont été inventoriés dont une centaine de vases complets correspondant aux périodes allant du IIIe siècle avant notre ère jusqu'au IIIe siècle de notre ère


Un hypogée

Dans les couches les plus profondes, une découverte inattendue a été réalisée. Parmi l'enchevêtrement de sépultures, les archéologues de l'Inrap ont mis au jour un hypogée. La tombe consiste en une cavité creusée dans le sous-sol où fut déposé le défunt. Ce type de construction nécessite des moyens considérables et est réalisé à l'attention de personnes de haut rang social. Si l'on se réfère aux travaux menés par J. Jehasse sur la nécropole de Casabianda située à environ 500 mètres de Lamajone sur la commune d'Aléria, cette sépulture pourrait être datée des Ve-IVe siècles avant notre ère. Au regard des données actuelles, le couloir menant à la cavité mesure huit mètres de long et le mur de terre fermant la salle funéraire semble intact. Cette tombe est susceptible de contenir du mobilier de prestige d'une grande valeur scientifique et patrimoniale. La découverte d'un tel monument n'avait pas été réalisée depuis une quarantaine d'années et son importance est jugée exceptionnelle à l'échelle de la Méditerranée occidentale. Aussi la commission
territoriale de la recherche archéologique s'est prononcée pour son classement au titre des Monuments historiques.


Un berceau historique

Aléria constitue à ce jour un site de référence pour l'histoire ancienne de la Corse. Les travaux menés par Jean et Laurence Jehasse dans les années soixante sur la butte de Masselone à Aléria avaient mis en évidence la ville romaine autour d'un forum et d'un amphithéâtre. Plus au sud, à Casabianda, la mise au jour de la
nécropole associée à la culture étrusque (entre c. 500 à 259 av. J.-C.) avait été classée au titre des Monuments Historiques du fait son intérêt exceptionnel. Il s'agissait alors d'un des plus riches ensembles funéraires connus en dehors de l'Étrurie. Le mobilier collecté à l'époque, remarquable par le nombre et la qualité (4510 objets recueillis dont 345 vases attiques, des équipements militaires de guerriers étrusques, etc.), est partiellement présenté au sein du musée de site d'Aléria. Après de nombreuses années d'interruption les programmes de recherches viennent de prendre un nouvel sous l'égide de l'État (DRAC) et de la Collectivité de Corse et notamment avec la mise en place d'un projet collectif de recherches sur Aléria et son territoire rassemblant plus de 70 chercheurs (Universités, CNRS, Inrap, etc.).


Archéologie préventive en Corse

En Corse, les archives terrestres constituent un ensemble patrimonial particulièrement emblématique et vulnérable. Leur étude et leur préservation justifient des mesures de conservation adaptées mis en place depuis plusieurs années. Les moyens humains et financiers sont aujourd'hui sans précédent. Ils contribuent aussi au renouvellement des connaissances sur le passé le plus lointain de l'île jusqu'à la période moderne. Sous la responsabilité de L'Etat (Drac), l'archéologie préventive en Corse liée à l'aménagement du territoire est aujourd'hui comparable à celle de certaines régions métropolitaines. Elle permet de renouveler nos connaissances sur l'histoire de l'ile et de sensibiliser le grand public à travers la valorisation des résultats au sein de ses quatre musées d'archéologie labellisés musée de France.



Contacts
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