Un sommet a réuni hier soir les dirigeants de l'industrie automobile et les syndicats autour d'Angela Merkel à Berlin.Hausse de la prime à l'achat d'un véhicule électrique, déploiement de 50 000 nouvelles bornes de rechargement d'ici à 2022 : le gouvernement et l'industrie automobile ont annoncé hier de nouvelles mesures pour donner un coup d'accélérateur au développement de la mobilité électrique en Allemagne.
La prime à l'achat créée il y a trois ans sera prolongée de cinq ans, jusqu'en 2025. Elle passera de 4.000 euros à 6.000 euros pour l'acquisition d'un véhicule vendu neuf à moins de 40.000 euros, et de 4.000 euros à 5.000 euros au-delà (jusqu'à 65.000 euros). L'industrie automobile, qui en finance 50 %, supportera la moitié de l'effort financier. Le gouvernement espère ainsi encourager les Allemands à acheter 650.000 à 700.000 voitures électriques.
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Cette subvention s'accompagnera d'investissements massifs dans la construction de bornes de rechargement. Leur nombre insuffisant (21.000 dans toute l'Allemagne) est souvent considéré comme un frein à l'achat d'un véhicule électrique. Les conducteurs redoutent la panne, notamment dans les zones rurales.
L'ambition est de construire 50.000 bornes publiques d'ici à 2022, et un million d'ici à 2030. « Nous allons investir la somme record de 3,5 milliards d'euros », a annoncé Angela Merkel. L'industrie automobile, de son côté, financera 15.000 bornes d'ici à 2022 et 100.000 d'ici à 2030. Toutes les stations-service devront être équipées, ainsi que de nombreux parkings de supermarché.
Changer d'échelle
Ces mesures constituent « un net bond en avant », a commenté Bernhard Mattes, président de la Fédération allemande de l'industrie automobile (VDA).
Gouvernement et industriels visent un même objectif : faire passer le déploiement de l'« électromobilité » à la vitesse supérieure. En août dernier, l'Allemagne comptait 220.000 véhicules électriques. Or, il lui en faudrait entre sept et dix millions en 2030 pour respecter ses objectifs climatiques, a calculé le gouvernement.
Les constructeurs allemands, de leur côté, ont compris le défi. Après avoir longtemps misé sur l'essence et le diesel, ils ont tous changé leur fusil d'épaule. Daimler promet dix milliards d'euros d'investissements et la mise sur le marché de dix modèles électriques de série. BMW, qui commercialise son i3 électrique depuis 2013, annonce le lancement d'une demi-douzaine de nouveaux modèles d'ici à 2023. Il veut produire plus d'un million de véhicules électriques et hybrides d'ici la fin de 2021.
L'électrique, bientôt la voiture de M. Tout-le-monde ?
Au total, la VDA annonce la mise sur le marché de 150 nouveaux modèles dans les deux ans. Mais le défi est de taille pour les constructeurs. Il leur faut investir des sommes gigantesques dans des technologies nouvelles sans savoir si les consommateurs suivront. En effet, même si le nombre d'immatriculations électriques vient d'augmenter de 89 % sur un an en Allemagne, les véhicules propres ne représentent encore que moins de 2 % du parc automobile européen.
Dans ces conditions, les marques entendent convertir leur gamme de manière plus ou moins rapide. La palme du volontarisme revient à Volkswagen. Le premier constructeur européen, qui veut faire de l'e-mobilité le pilier de sa stratégie, inaugurait hier à Zwickau la première usine de production de son nouveau modèle électrique ID.3. 330.000 véhicules par an doivent sortir de ses chaînes de montage à compter de 2021.