Rencontre entre les avocats et le Premier ministre : un air de déjà-vu

Gazette du Palais - 05/02/2020 17:17:47


Le 4 février 2020, au lendemain de la manifestation nationale du collectif SOS Retraites qui a réuni 15 000 manifestants à Paris selon les organisateurs, la présidente du Conseil national des barreaux (CNB) Christiane Féral-Schuhl, la présidente de la Conférence des bâtonniers Hélène Fontaine et le bâtonnier de Paris Olivier Cousi ont rencontré le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre de la Justice Nicole Belloubet sur la réforme des retraites. Comme lors de leur précédente rencontre, les avocats et le gouvernement ont eu des réactions très différentes à l'issue du rendez-vous.

Prochaine étape : le 6 février. Dans son communiqué, le Premier ministre a estimé que « la réunion [avait] permis de partager de façon constructive différentes propositions pour accompagner l'intégration des avocats dans le régime universel », citant les pistes déjà plusieurs fois avancées par le gouvernement: « la mise en place de l'abattement de 30 % sur l'assiette globale des prélèvements sociaux et de la CSG, l'accompagnement de la trajectoire de cotisations et le rôle de la Caisse nationale des barreaux français dans la gestion des réserves en tant qu'interlocutrice des avocats dans le futur régime universel ». Édouard Philippe a également évoqué des mesures spécifiques pour les avocats entrant dans la profession, et précisé que la ministre de la Justice et le secrétaire d'État chargé des retraites formaliseraient d'ici le jeudi 6 février, dans un courrier adressé aux institutions représentatives, « les propositions très concrètes évoquées lors de cet échange ». Et d'inviter les représentants de la profession « à s'en saisir rapidement pour définir les modalités d'intégration des avocats dans le régime universel et répondre aux attentes de la profession sur ses conditions d'exercice ». Une façon de siffler la fin de la partie que n'a pas goûtée la présidente du Conseil national des barreaux, Christiane Féral-Schul. « Si les communiqués de Matignon sont écrits avant nos rencontres, pourquoi discuter ? Le Premier ministre a promis des propositions. Elles ont intérêt à être à la hauteur de la crise. Et à ne pas se limiter à ce communiqué regrettable. On ne joue pas impunément avec les nerfs des avocats », a-t-elle réagi sur Twitter.

Poursuite du mouvement. Les propositions gouvernementales seront soumises à l'assemblée générale du CNB qui se réunira vendredi 7 février et qui décidera de la suite du mouvement. « En l'état, le mouvement de grève doit se poursuivre sans faiblir », ont précisé les instituts dans leur communiqué.

Laurence Garnerie