De l'Afrique à l'Asie, Symbiose de la représentation figurative aux formes : Entretien avec l'artiste de renommée internationale Emmanuelle VROELANT

Jean François Puech Directeur de la Rédaction NEWS Press - 29/03/2023 11:55:00


De l'Afrique à l'Asie, symbiose de la représentation figurative aux formes, Puissance de l'abstrait. Portrait d'un cheminement, nous recevons Emmanuelle VROELANT.
Que pouvez-vous dire de votre cheminement dans la peinture ?
Lumière, respiration, mouvement, matière...
... tout est rencontre, quelques-unes sont fondamentales :

Michel Ange pour ses dessins, ses sculptures, les muscles et l'ampleur de ses personnages, Vermeer pour sa délicatesse et sa compréhension de la lumière, Kandinsky pour sa spontanéité, Soulages pour sa force de décision, Richter pour son oeuvre polymorphe.

Et, par-dessus tout, Zao Wou-Ki, ma vraie rencontre picturale, pour la subtilité des espaces vivants qu'il nous offre, ses vides habités par le silence et la couleur qui transcendent le quotidien.
Votre éclectisme est surprenant, contrairement à beaucoup de peintres, vous abordez tout en même temps, paysages, nus, abstraits et d'une manière étonnante la sculpture en bronze.


Comment l'expliquez-vous?


J'aime par-dessus toutes les saisons, ces changements d'énergie dans la nature et en nous. J'aime l'alternance et tout ce qui se transforme. Cela rend la vie pleine et surprenante.
Alterner d'un nu à un abstrait, c'est une façon de rythmer ma créativité, de gérer mon énergie, de mobiliser différents niveaux d'implication, constitutifs d'un équilibre de vie et de la jubilation d'entreprendre.
Est-ce pour cette raison que vous dénommez certaines de vos peintures comme réactionnelles?
Je peux ne pas peindre pendant un mois ou deux, mobilisée et disponible pour la vie avec les autres ou pour voyager.

Les joies, les inquiétudes et les questionnements ressentis s'accumulent en moi, j'écoute cette pression intérieure et elle s'exprime de façon plus ou moins figurative : résonnance à ce qui m'entoure, légère ou grave, selon la couleur intérieure.

Et votre travail sur les corps?


Ce qui se dégage de ce corps, de cette attitude, de cette lumière, voilà ce que je cherche à capter et ma façon de le traiter sera liée à l'émotion que cette personne me donne.
Chaque modèle a son identité et parle avec son corps : aisance du corps jeune et bronzé, retenue du corps inquiet, maturité des courbes. Corps charpentés, voluptés des courbes, accroche de la lumière...
Selon que la lumière est crue ou enveloppante, l'atmosphère est à saisir. Huile ou acrylique, chacune de ces techniques me propose une liberté différente.

Quel rapport avec vos tableaux abstraits?

Peindre un tableau abstrait fait appel à une énergie très profonde que je situerais dans le «Hara» japonais. C'est une respiration basse et c'est un dialogue intime avec la toile, qui évolue, se transforme.
«Ça» vit en moi et «ça» me fatigue. J'écoute et je laisse venir, je m'inquiète, ça vient, ça ne vient pas, je me bats et finalement, c'est là et il n'y a plus rien à dire.
C'est jaillissement, mouvement, combat et passion du début à la fin.
Et cette vision personnelle que vous avez de la mer?
Je pensais en m'installant en Bretagne que je ne peindrai jamais la mer, trop grande, trop vaste, trop vivante pour être rétrécie, limitée...
Mais c'est un émerveillement et un ressourcement permanent que de vivre près de cette eau, ces rochers, ce vent et cette lumière.

De temps en temps, je me risque à essayer de saisir cette impression, L'AIR, LA LUMIERE, LA FORCE ET LA RESPIRATION DE LA MER.

Vous peignez de plus en plus rarement de paysages?

Quand j'étais citadine, j'avais grand besoin de peindre des jardins, des sous-bois... C'étaient des instants précieux, cadeaux d'un moment de paix.
Maintenant, j'ai envie de me balader en moi...

Et ces bronzes?

C'est le brut, la densité, la fascination de la matière.
Je n'aime pas le lisse, le brillant, je suis amoureuse du minéral, du rugueux, des vieux bois, du grès et du bronze.
J'aime le poids, j'aime empoigner.

Le bronze est un dur labeur, un très long processus qui me donne une immense satisfaction et un sentiment de pérennité.


PLUS D'INFO
Une renommée internationale et une technique unique

Les toiles abstraites d'Emmanuelle Vroelant sont inspirées par ses voyages et sa vie. Depuis une dizaine d'années, elle se consacre aux grands formats et est exposée de par le monde ; à New-York, Pékin, Kyoto, Bruxelles, Abidjan...
Michel-Ange, Kandinsky et Vermeer orientent son travail artistique. Maniant l'acrylique et les techniques mixtes, Emmanuelle Vroelant est une artiste complète et accomplie. La majorité de ses oeuvres sont peintes sur toile ou sur bois, travaillées avec du mortier, de la poudre de marbre et du papier artisanal fabriqué en Asie.

Une vie faite de voyages et de rebondissements

A l'âge de 23 ans, poussée par ses parents, Emmanuelle Vroelant obtient un diplôme en psychologie puis décide de partir à la découverte du monde. C'est en Océanie, au Vanuatu, qu'elle fait deux rencontres qui changeront sa vie. L'artiste Juan Roderta, moine défroqué de l'abbaye de Montserrat, et le journaliste Alphonso Colondro permettront une réelle remise en question de l'artiste qui découvre alors la nécessité de peindre.
De retour à Paris, elle ouvre son atelier en 1981, et commence à exposer. Elle fera d'ailleurs partie, pendant plusieurs années, des artistes présents au Salon des Indépendants au Grand Palais. Sa première exposition internationale se tient à Abidjan en Côte d'Ivoire.
Contrainte par une maladie d'interrompre son activité, elle ouvre un cabinet de psychanalyse où elle pratique notamment l'art thérapie jusqu'en 2006, Emmanuelle Vroelant quitte la capitale pour s'installer en Bretagne. Son énergie créatrice lui insuffle alors de nouvelles inspirations, à découvrir lors de cette prochaine exposition parisienne
.

LA BIOGRAPHIE d'Emmanuelle VROELANT

VILLES ET CULTURE : Emmanuelle expose pour la première fois à ABIDJAN ET DE 2013 à 2019 à New-York, Beijing, Kyoto, Paris, Luxembourg, Bruxelles

Mon énergie intérieure, il faut qu'elle sorte, et vive » 1978: découverte passionnée, apprentissage de la couleur et des ombres avec l'encre et l'aquarelle, portraits et paysages.

1981: peinture à l'huile, nus et compositions, apparition d'abstraits oniriques.

1985-86: voyages et exposition en Cote d'Ivoire, série africaine à l'encre et à l'huile.

1988: beaucoup de jardins, recherche sur le mouvement, la couleur, le ressenti.

2006-2009: jaillissement de couleur, huile et acrylique, après une grande interruption pour cause de maladie, recherche de respiration, mouvement, lumière, émotions des visages.

2013 -2019: de plus en plus vers les grands formats, la matière, simplification, en dire moins. Expositions : New-York, Beijing, Kyoto, Paris, Luxembourg, Bruxelles.

2020 : jaillissement, mouvement, combat et passion dans de grands formats : exposition à Paris

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