Les femmes essentielles dans les opération de paix : LONGHI FAIDA JEANNETTE casque bleue congolaise et WIEM CHADLIA JRAD de la Tunisie

ONU - ORGANISATION DES NATIONS UNIES - 05/06/2020 16:40:00

LONGHI FAIDA JEANNETTE : UNE FEMME CASQUE BLEU CONGOLAISE AU SERVICE DES COMMUNAUTÉS LOCALES
En tant qu'assistante de liaison communautaire (CLA), mon travail est de constituer un pont entre les populations et la mission. A cet effet, ma tâche consiste à susciter l'engagement communautaire, en particulier celui des organisations de la société civile pour la mise en oeuvre du mandat de la MONUSCO, dans le cadre du maintien de la paix et de la stabilisation de l'est de la RDC en général et du Grand Nord, en particulier. »

C'est en ces termes que Longhi Faida Jeannette, 60 ans, s'introduit professionnellement. Elle a rejoint la Section des Affaires civiles de la MONUSCO le 27 août 2012 à Goma où elle a travaillé à la Base opérationnelle (COB) du contingent indien pendant une année. A Goma, sa tâche consistait à monitorer les situations de protection et les rapporter ; notamment les violations des droits de l'homme, dans la partie nord de la ville et les entités du territoire de Nyiragongo, qui étaient sous une forte menace du M23 en 2012-2013.

Dans le cadre de l'approche protection de sa section, elle a contribué « à la mise place, à la formation et au fonctionnement des Comités Locaux de Protection (LPCs) dans 7 différentes entités (Bujovu, Majengo, Virunga, Kahembe, Murara, Rusayo, KIbumba) ». De ce fait, elle coordonnait les alertes précoces à l'aide de l'outil CAN (Réseaux d'alertes Communautaires) en collectant les informations auprès des points focaux en vue de les partager avec les officiers de la base opérationnelle, les commandants FARDC ou de la police pour une éventuelle intervention.

Comme tous les CLA, Jeannette travaille avec la base. Et à Beni, zone la plus trouble du Nord-Kivu, où elle a été redéployée en 2013 et y travaille jusqu'à ce jour, elle dit avoir apporté sa petite contribution à la paix en suscitant, même pendant les périodes de grande crise, «la collaboration entre la population et la MONUSCO ».

Cela a été le cas lors de la dernière crise de novembre 2019, souligne-t-elle. Et pour elle, c'est l'un des souvenirs qui l'a beaucoup marquée : « Je garde encore en mémoire cette situation vécue en novembre 2019 où, à cause de l'insécurité persistante dans la région, la population s'est acharnée sur la MONUSCO et la situation s'était soldée par la destruction et l'incendie du bureau de la MONUSCO à Boikene. La population ne jurait que par le départ de la MONUSCO. Une rupture s'est creusée entre elle et la Mission ».

« A partir des rencontres et des consultations communautaires, d'abord informelles et ensuite formelles, j'ai réussi à faciliter des rencontres entre la MONUSCO et les différentes couches de la population afin de renouer le dialogue et faire renaitre la confiance entre elles.

Selon Jeannette, cela a sensiblement contribué à la réduction du sentiment anti-MONUSCO dans la ville et territoire de Beni, "car les membres des communautés ont été sensibilisés à ne plus s'attaquer aux patrouilles de la Monusco et ils ont suivi le message", déclare-t-elle.


Jeannette Longhi se dit fière de son parcours au sein de la MONUSCO. Et fière surtout de ce que la mission lui a aussi apporté : « j'ai eu à améliorer mon savoir-faire à travers la mise en oeuvre des activités, la production régulière des différents rapports, à vivre dans la diversité. Ce qui m'a permis de développer cet esprit de tolérance et de travail en équipe, en collaborant avec les différents membres du personnel, de différentes nationalités, au sein de la Mission ».

Jeannette a toutefois un message qui lui tient à coeur : « J'encourage chaque membre du personnel à bien jouer son rôle pour la mise en oeuvre du mandat de la MONUSCO et chaque section à remplir correctement sa tâche ».

Mais elle aimerait aussi que lorsque les Affaires civiles transmettent des alertes de protection, que celles-ci soient suivies « d'actions de protection ». Elle a ensuite encouragé « la communauté du Grand Nord, en l'occurrence celle de Beni à continuer à partager les informations et alertes avec les FARDC, la Police et la MONUSCO en temps réel pour que des actions suivent et qu'un jour la paix règne dans toute la zone de Beni » .

*Le 29 mai marque la célébration de la Journée Internationale des Casques bleus des Nations Unies. C'est une occasion de rendre hommage au personnel civil et militaire déployé dans les missions de paix des Nations Unies à travers le monde. Le thème de cette année est : « Les femmes dans le maintien de la paix : une clé pour la paix ». La MONUSCO vous propose de découvrir les visages de ces femmes qui apportent une contribution inestimable au service de la paix en République Démocratique du Congo.

WIEM CHADLIA JRAD : UNE ÉNERGIE DÉBORDANTE AU SERVICE DE LA POLICE DES NATIONS UNIES EN RDC

Wiem Chadlia Jrad est de nationalité tunisienne. Agée de 47 ans, cette commissaire générale de police caresse l'espoir de travailler pour les Nations Unies depuis sa tendre enfance. « Travailler au sein des Nations Unies était un rêve d'enfance qui grandissait avec moi et qui est devenu plus tard un de mes objectifs professionnels et personnels », affirme-t-elle.

C'est en 2002 que le déclic va se produire. « Après une expérience en matière de lutte contre l'immigration clandestine et renseignements généraux, la police judiciaire et la protection des enfants, j'ai voulu présenter ma candidature pour un poste au sein des Nations Unies ; mais malheureusement, ce genre de candidature et de projet n'étaient pas encouragés par notre Ministère à l'époque ».

Loin de se décourager, ce qui n'est pas dans son ADN, notre jeune officier de police va continuer à développer ses compétences dans plusieurs domaines et spécialités : coordination judiciaire et coopération internationale, planification stratégique, gestion administrative, gestion de stress, investigation et lutte contre le blanchiment d'argent, financement de terrorisme, leadership ...

J'ai continué à me battre pour promouvoir la position de la femme policière d'où j'ai été une des membres fondatrices de La Ligue Nationale Tunisienne de la Femme Policière en 2015 que je préside encore aujourd'hui », déclare-t-elle avec fierté.
En 2012, l'opportunité va se présenter en 2014 quand elle est sélectionnée et invitée à rejoindre la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC, MONUSCO. Pendant deux ans et demi lors de sa première mission (septembre 2015 mars 2018), elle va servir dans plusieurs postes : Conseillère en Formation en police judiciaire et renseignements, point focal Genre et protection de la famille et de l'enfant, officier de liaison et inspectrice, cheffe de l'Unité d'audit et évaluation interne de la composante police...

Depuis son redéploiement en mars 2019, Wiem Chadlia Jrad occupe le poste de cheffe de secteur UNPOL à Bunia. Les défis auxquels elle fait face dans son travail au quotidien ne manquent pas. Mais elle y fait face avec professionnalisme et dynamisme : « le principal défi reste l'insécurité ».

Ainsi, ses journées de travail se succèdent à un rythme effréné et se ressemblent. En vraie meneuse d'équipe, elle affectionne les descentes sur le terrain avec ses collègues de la Police des Nations Unies ou ses partenaires de la Police Nationale Congolaise : tantôt pour une mission conjointe de reconnaissance des points stratégiques de la Ville de Bunia et donc pour s'assurer que le plan de sécurisation de la Ville est à jour ; tantôt avec la Force de la MONUSCO pour aller évaluer la situation sécuritaire dans les Territoires de Djugu Mambasa.

Elle se rend aussi régulièrement sur les sites de déplacés pour identifier leurs besoins sécuritaire, humanitaire et sanitaire et coordonner la réponse avec toutes les parties prenantes. Les formations et recyclages de la Police Nationale congolaise font aussi partie de son expertise.

Wiem Chadlia Jrad est engagée dans le soutien aux femmes vulnérables. C'est ainsi qu'elle a initié la création de petites activités génératrices de revenus, comme ce fut le cas avec l'Association Kipangi (Fraternité, en français) du Quartier Police des Frontières à Bunia où des Femmes ont depuis lors lancé une activité de fabrication artisanale de savon et autres produits désinfectants. Elle organise régulièrement des séances de sensibilisation contre la propagation du covid-19 pour les femmes de Bunia.


Convaincue que les femmes soldats de la paix sont un atout pour le maintien de la paix, cette militante de la cause féminine croit dur comme fer que « la femme peut toujours servir de modèle dans tous les domaines et spécialités ; c'est elle la dynamo de toute réussite ».

Mais pour ce faire, elle énumère quelques-unes des qualités que les femmes devraient mettre en avant pour réussir et pouvoir travailler pour les Nations Unies comme elle: « avoir une forte personnalité, être capable à la fois de servir les populations vulnérables et comprendre leurs haines et les supporter pour surmonter leurs incapacités et les encourager à faire face à toutes menaces sécuritaires et abus sexuels ou discriminations basées sur le genre ; être sur le terrain jour et nuit, patrouiller et superviser la situation sécuritaire, sensibiliser et former les partenaires et la population, donner l'exemple de professionnalisme, d'intégrité et de respect de la diversité ne sont que des facteurs qui plaident en faveur de l'importance du rôle de la femme ».

Et ce n'est pas un voeu pieux. Wiem Chadlia Jrad qui déborde d'énergie aimerait la partager avec les femmes du Congo et du monde entier.