Francis Etienne : Un maître-mot est à évoquer parce qu'il est d'une actualité brûlante et va le rester : l'accueil.

FERAM - Forum d'échanges et de rencontres administratifs mondiaux - 03/06/2020 13:15:00

Au temps du confinement - et bientôt, on l'espère, du déconfinement - il faut en rappeler le sens, en souligner la portée et en dire l'importance pour l'avenir.


Le sens est celui d'une mission prioritaire pour le FERAM. Quelle est la direction à prendre pour cette activité ? Non seulement la maintenir mais surtout la revaloriser : lui redonner la place centrale qu'elle occupe dans nos esprits mais, sans doute, plus suffisamment dans nos actions. Nous rendre disponibles pour les étudiants étrangers, en héritage de l'IIAP, qui sont aujourd'hui à l'ENA depuis la fusion décidée en 2002 et opérée en 2003 : tous les élèves sélectionnés pour le cycle international court (CIT) ont vocation à être accueillis par le FERAM et guidés dans leur parcours de découverte de la vie « à la française ». L'idée simple est que chaque élève étranger puisse être parrainé par un membre du FERAM durant son séjour en France.


C'est pourquoi nous élaborons actuellement un « guide du parrainage » qui aura vocation à servir à chacune et chacun d'entre vous, adhérents du FERAM, de « vade mecum ». Car il est indispensable de bien cerner ce qui est à faire mais aussi à ne pas faire, ce qui est à recommander, quels numéros de téléphone connaître (hôpitaux, SAMU, police, pompiers, services municipaux, etc.. ) , quelles adresses pratiques (ambassades ou consulats, commerce, cinémas, marchés, etc...) suggérer voire recommander, mais aussi savoir s'arrêter dans la démarche, ne pas insidieusement jouer le conseiller locatif, fiscal voire sentimental etc... Nous devons être efficaces en sachant nous concentrer sur quelques aspects pratiques, concrets, sans en rajouter. Paris n'est pas d'une lecture immédiate pour qui débarque soudainement de l'étranger et nous devons être des accueillants-guides, des initiateurs dans cet univers si spécifique de la capitale française, une ville d'histoire, certes, mais complexe à comprendre, pas toujours accessible alors que notre mission est aussi de partager notre goût de la culture française. Ce que cela exige de nous ? De la bienveillance pour les étudiants étrangers, un minimum de disponibilité pour accompagner, des connaissances sur la France et sa capitale, le goût des langues.


La portée est celle d'un concept simple qui se traduit par des coopérations fortes, tant avec l'ENA qu'avec l'Associations des Anciens Elèves de l'ENA (l'AAEENA).


L'une comme l'autre sont demandeuses et apprécient que nous les approchions pour leur proposer d'agir en étroite synergie : la réputation internationale de l'ENA comme l'excellence de ses formations (plus de 10.000 personnes par an) ne sont plus à démontrer mais elles restent constamment à illustrer, notamment quand quelques passions françaises se déchaînent sur l'Ecole. Dans les prochaines semaines les contacts déjà pris vont s'intensifier, les textes de convention se préparer, les signatures se planifier et, bien sûr, les calendriers s'élaborer pour organiser concrètement les accueils. Nous sommes au coeur d'une activité qui nous définit : les élèves d'aujourd'hui sont les « alumni » de demain, nos futurs adhérents et la relève des nouvelles générations que nous imaginons plus nombreuse, plus féminine et plus cosmopolite que jamais.
L'avenir : un enjeu fort pour l' influence de la langue et de la culture. Le rayonnement français à l'international se déploie naturellement dans l'espace francophone, particulièrement en Afrique. Une chance pour le FERAM dont la majorité des membres vivent, travaillent ou proviennent du continent voisin. Une exigence de vigilance aussi : le confinement qui s'est imposé pour 4 milliards d'individus à la surface de la planète dans la pandémie la plus rapide de l'histoire a imposé, certes au nom du respect absolu de la vie - la prévalence des approches nationales, de la fermeture des frontières, du contrôle des étrangers, de la préférence du local sur le lointain. Les graines de nouvelles formes de xénophobie et de la peur des autres ont été largement disséminées au fil des semaines, le monde médiatique se concentrant exclusivement sur un seul thème, décliné ad nauseam sur toutes les chaînes et tous les canaux d'information en permanence : Comment vivre avec un virus sans remède et sans vaccin ? Comment imposer la distanciation physique, les gestes barrières, le repli sur soi ? Comment se garder de tout contact, potentiellement pathologique voire létal ? Nulle surprise à voir les démons nationalistes resurgir. Ardente obligation, par conséquent, qui devient la nôtre à nous mobiliser au nom des valeurs contraires, la fraternité n'étant pas la moindre composante de la devise française, l'ouverture aux autres étant inscrite dans le droit, l'assistance s'imposant en cas d'urgence et nous vivons, précisément, en état d'urgence sanitaire.
Nous aurons à le dire mais d'abord à le prouver : notre engagement est là, au service des autres, au nom d'un intérêt général à défendre qui inclut celles et ceux venant étudier en France - plus de 358.000 en 2019 - indépendamment de leurs origines, de leur genre, de leur couleur de peau, de leur croyance religieuse ou de leur incroyance.


Au FERAM - pour le dire d'un trait -, l'accueil est dans notre ADN : revendiquons-le hautement, tirons-en pleinement parti, soyons fiers de ce qui nous rassemble.

Francis ETIENNE
Président du FERAM