Les gardiens des banques de semences communautaires du Mozambique sont des héros de l'alimentation de leur pays

FAO - Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture - 12/08/2021 16:05:00


«Parfois, nous sommes confrontés à des sécheresses, et parfois, à des inondations», explique Anita António Candeeiro, qui est à la tête d'un groupe de petites exploitantes à Chemba, au Mozambique. Outre les pertes de nourriture et de sources de revenus qu'elles engendrent, il arrive souvent que ces catastrophes détruisent complètement les champs, ce qui oblige les agriculteurs à repartir de zéro et donc à trouver des semences fraîches pour replanter. Ce besoin de base, qui est sans doute la partie la plus importante de l'agriculture, n'est pas satisfait aussi automatiquement ou aussi facilement que l'on pourrait croire.

La conservation des semences, solution adoptée depuis des millénaires, est une pratique par laquelle les agriculteurs et leurs familles doivent nécessairement passer. Toutefois, cette activité demande une compétence à part entière et il est vital de connaître les bonnes méthodes de stockage des semences pour s'assurer de leur bonne conservation. Le stockage des semences était le point faible de la communauté d'Anita.

«Avant, nous les mettions dans des sacs, mais elles pourrissaient», explique-t-elle.

À plusieurs reprises, elle et sa communauté ont même dû laisser des champs inexploités en raison du manque de semences, précise Anita.

Grâce au financement de la Coopération autrichienne pour le développement et au soutien de la FAO, les écoles pratiques d'agriculture ont aidé les communautés à établir des banques de semences et à adopter des techniques de conservation agricole, afin de remédier à cette situation. Grâce aux connaissances acquises, les membres de l'association d'Anita, «Manja Athu» (qui signifie «nos mains» dans la langue locale), ont justement fait bon usage de leurs mains pour collecter et stocker des semences qui pourraient être utilisées en cas d'adversité agricole.

La sélection des variétés les plus adaptées à une zone particulière prend du temps et suppose de faire des essais, et donc des erreurs. Toutefois, désireuses d'apprendre et grâce au soutien technique dont elles ont bénéficié, les membres de l'association ont pu déterminer quelles étaient les meilleures variétés à conserver dans la banque de semences.

«Nous avions beaucoup de mal à trouver des semences lorsque nous en cherchions, mais désormais, nous en avons en stock», affirme Anita.

Dans les banques de semences communautaires, ces précieux intrants sont à l'abri des organismes nuisibles et des maladies. Les agriculteurs peuvent accéder à ce stock en vue de la prochaine période des semis ou comme solution de repli en cas d'urgence, lorsque leurs cultures ont été endommagées ou détruites, une situation qui est de plus en plus fréquente en raison des effets du changement climatique.

De fait, ces dernières années, le Mozambique a été frappé par une multitude d'aléas et de catastrophes naturels, notamment des cyclones, des inondations et des sécheresses, qui ont eu des répercussions directes sur les moyens de subsistance et ont anéanti les progrès accomplis par les petits exploitants au prix de grands efforts.

Un service rendu à la communauté

L'accès à la banque de semences n'est octroyé qu'avec le consentement des membres. Une partie de ces semences peuvent être vendues à d'autres agriculteurs de la communauté ou de communautés voisines. Actuellement, la banque de semences du groupe contient, entre autres, des semences de maïs, de haricot, de niébé, d'arachide, de citrouille, de concombre et de sésame.

Outre l'appui apporté pour mettre en place la banque de semences communautaire, le groupe de femmes a reçu des intrants agricoles et a bénéficié d'une formation dispensée par la FAO visant à accroître la production de l'exploitation collective. Les profits tirés de la vente des récoltes et de la production sont partagés entre les membres.

Grâce à la vente des semences et des récoltes, les membres de cette association de femmes ont réussi à augmenter leurs revenus. En outre, elles rendent un service à la communauté, qui sait maintenant vers où se tourner en cas de besoin de semences dans les exploitations.

«Grâce à la banque de semences, nous parvenons déjà à stocker et à vendre. Cela nous aide et nous permet également de veiller à ce que nos enfants continuent d'aller à l'école», ajoute Anita.

La garantie de trouver des semences

Comme Anita, Belita Randinho est l'une des responsables d'une banque de semences communautaire, dans le district de Chemba de la province de Sofala. En 2018, Belita s'est inscrite à une école pratique d'agriculture nommée Suinda. Les participants se réunissent toutes les semaines pour parler de leurs problèmes agricoles et trouver des solutions, grâce aux connaissances et à l'expérience de chaque membre. Ils ont eux aussi créé une banque de semences pour répondre aux besoins de la communauté.

«Nous sommes satisfaits de cette nouvelle approche, car chaque année, nous étions confrontés à une pénurie de semences. Depuis la création de la banque de semences, nous sommes sûrs de trouver des semences», souligne Belita.

L'accord préalable du groupe est indispensable pour accéder aux semences. Il faut deux clés pour entrer dans la banque de semences. Une de ces clés est sous la garde de Belita et l'autre sous celle du Président de l'école pratique d'agriculture.

«Le Président de l'école pratique d'agriculture a une clé et moi l'autre... Avant de prendre des semences, nous nous réunissons, et il faut qu'il y ait un consensus», explique Belita.


Des banques de semences au service de la résilience

Depuis 3 ans, la FAO travaille avec plus de 80 écoles pratiques d'agriculture sur le renforcement de la résilience des communautés vulnérables touchées par El Niño, dans le cadre d'un projet financé par la Coopération autrichienne pour le développement. Dans les provinces de Sofala et de Manica, dans le centre du pays, 10 banques de semences communautaires ont été créées dans le cadre du projet et plus de 2 800 agriculteurs en bénéficient directement.

La FAO promeut les banques de semences, car ce système permet de faire face à certains chocs, voire à des pénuries de semences dues à la sécheresse, aux inondations, aux organismes nuisibles ou aux maladies. Les banques de semences contribuent également à la diversité des cultures et à la préservation des semences les plus adaptées à l'environnement régional, ce qui réduit le risque de ne rien produire du tout et contribue au renforcement de la sécurité alimentaire des communautés. Le système permet également aux agriculteurs d'acquérir d'autres variétés de semences, qu'ils n'ont pas les moyens d'acheter sur les marchés classiques de semences.

Avec ce type de solutions, la FAO travaille aux côtés de communautés dans le monde entier, afin d'accroître leur résilience face aux situations critiques qui ont des répercussions sur leurs conditions de vie et leurs moyens de subsistance. Ces activités sont essentielles pour garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle d'une communauté et sa capacité à assurer sa propre subsistance à l'avenir.

Derrière ce que nous mangeons, il y a toujours quelqu'un qui a produit, semé, récolté, pêché ou transporté cette nourriture. À l'approche de la Journée mondiale de l'alimentation (16 octobre), nous rendons hommage à ces #HérosDelAlimentation qui, quelles que soient les circonstances, continuent à approvisionner leurs communautés et au-delà. Il existe d'innombrables façons d'être un héros de l'alimentation dans votre communauté: il est grand temps de vous lancer. Il faut agir pour l'avenir.

LE PROFIL PAYS DU MOZAMBIQUE : http://www.fao.org/countryprofiles/index/fr/?iso3=MOZ