Les interventions pérennes de Toshiaki Tsukui dans des espaces publics au Japon et en France débutent en 1994, lorsque la municipalité de Tokyo lui confie les 3000 m2 du Parc Nogi, afin d'amener les passants à interroger leur rapport à la nature. Avec son installation sculpturale l'artiste propose ici aux visiteurs de ressentir explicitement leur relation avec la nature dans deux situations : l'une face aux éléments végétaux du Domaine, l'autre en relation avec le Château situé à l'arrière-plan. Cette approche renouvelle le rapport du visiteur au site. En amplifiant la relation qui s'opère entre le Domaine et le monument, l'artiste vise à faire saisir l'origine naturelle commune entre l'architecture historique et son environnement aussi intensément qu'elle est quotidiennement vécue au Japon.
Vue de l'entrée des parterres, l'oeuvre, conçue spécialement pour le Domaine national de Saint-Germain-en Laye, reprend les apparences secondaires de la végétation qu'elle fait réapparaître autour d'elle, abolissant la distance entre l'observateur et la nature. Elle amène ainsi à ressentir le moment où l'environnement se reflète dans l'homme et l'homme se réfléchit dans cet environnement. En s'éloignant dans les jardins, la relation ainsi engagée se poursuit, avec la nature seule, aussi intensément... Dans le même temps, l'oeuvre vise à faire ressentir vivement au visiteur l'émotion éprouvée par un promeneur lors de la création des jardins par André Le Nôtre. Au-delà de cette impression durable et intense, identique à celle qui n'est habituellement ressentie que de manière fugace face à la nature elle-même, la géométrie des parterres se trouve amplifiée par l'effet graphique des « tiges à observer » monochromes. De différentes couleurs correspondant à celles de la végétation environnante, elles font ressortir le côté pictural des parterres, associant effet linéaire et monochrome des principales surfaces. Ce côté pictural s'ajoute à l'intensité de l'effet de nature ressenti et au côté énigmatique de ce phénomène.
Du fond des parterres, de retour vers le château, les oeuvres font tout d'abord écho aux lignes architecturales du monument en arrière-plan, jusqu'alors peu visibles à cette distance. Elles font ainsi ressortir le dessin de l'architecte, caractéristique essentielle de la Renaissance. Puis, passé les sculptures, le dessin du château disparaît pour laisser place à l'apparence matérielle irrégulière, naturelle, qui le constitue...une apparence évolutive, au gré des intempéries. Le monument devient lui-même, le temps de le rejoindre, l'un des objets d'observation du musée d'Archéologie nationale, à l'image de tous les trésors qu'il renferme.
EXPOSITION EN ENTREE LIBRE
Musée d'Archéologie nationale et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
Place du Château
78100 Saint-Germain-en-Laye
Renseignements pratiques : 01 39 10 13 00
Adresse : Château - Place Charles de Gaulle - 78 100 Saint-Germain-en-Laye
Accès : RER ligne A - Station Saint-Germain-en-Laye - Autobus RATP 258 - Autoroute de l'Ouest A 13, RN 190, RN 13, N 186