Plus de propriétaires depuis cinquante ans : des effets secondaires défavorables à l'emploi ?

INSEE - Institut national de la statistique et des études économiques - 27/04/2018 11:15:00

Si le statut de propriétaire est généralement associé à une meilleure situation sur le marché du travail, une augmentation de la densité de propriétaires au niveau local va pourtant de pair avec une hausse du taux de chômage. Ce paradoxe, mis en évidence dans de nombreux travaux, est examiné ici pour la France, où la propriété s'est considérablement développée depuis cinquante ans.

Il peut se comprendre comme la résultante de deux effets.
D'une part, les propriétaires sont effectivement moins souvent au chômage que les locataires : une plus forte densité de propriétaires joue dès lors mécaniquement à la baisse sur le taux de chômage.
D'autre part, une forte densité de propriétaires peut engendrer des tensions sur le marché du logement : ces tensions sont susceptibles de compliquer la recherche d'emploi des chômeurs, par exemple en limitant leurs opportunités de trouver un logement à proximité des offres d'emploi.

Les données des recensements successifs de la population entre 1968 et 2011 permettent d'estimer l'ampleur de ces effets pour la France. Il en ressort que le second effet l'emporte sur le premier : en particulier, une hausse de 10 points de la densité de propriétaires au niveau local serait associée à des frictions sur le marché du travail accroissant d'environ 1,3 point le taux de chômage local. La résultante des deux effets serait néanmoins d'ampleur modérée, à hauteur de 0,6 point sur le chômage local.

Charles-Marie Chevalier, division Études macroéconomiques, et Raphaël Lardeux, division Redistribution et politiques sociales, Insee

Sommaire
Des interactions entre marché du logement et marché du travail
Une analyse à l'échelle des zones d'emploi entre 1968 et 2011
Au niveau local, densité de propriétaires et taux de chômage évoluent de pair
Les propriétaires sont certes moins souvent au chômage que les locataires, mais le risque s'élève pour tous là où la densité de propriétaires s'accroît
Une hausse de 10 points de la densité locale de propriétaires serait associée à des frictions sur le marché du travail augmentant de 1,3 point le taux de chômage
Quels mécanismes sous-jacents ?

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