A l'Assemblée, Evènement "Mobilisation des parlementaires pour la biodiversité"

Assemblée Nationale - 02/07/2019 12:53:24


Richard Ferrand a ouvert l’événement « Mobilisation des parlementaires pour la biodiversité », Mercredi 26 juin dernier.


Discours de M. Richard Ferrand, Président de l’Assemblée nationale Discours d’ouverture de l’événement
« Mobilisation des parlementaires pour la biodiversité » Hôtel de Lassay – mercredi 26 juin à 13 h
Seul le prononcé fait foi Madame la secrétaire d’État, Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président de l’Agence française pour la biodiversité, Mesdames, Messieurs,

La température caniculaire se joint à moi pour vous souhaiter la bienvenue dans les salons de l’hôtel de Lassay.
Nous sentons dans nos chairs la réalité de cette transformation que notre espèce, l’espèce humaine, a imprimé à cette immensité presque immatérielle qu’est notre climat. En retour, cette transformation a des effets bien tangibles sur nos conditions d’existence.
Les services de la présidence veillent sur nous, ici, mais pour beaucoup d’humains sur notre planète, les effets du changement climatique ne relèvent déjà plus d’une question de confort, c’est une question de vie.
Déjà, le rapport de l’IPBES, publié au début du mois de mai dernier, identifie le changement climatique parmi les cinq facteurs principaux qui expliquent l’accélération sans précédent du déclin de la nature.

Inversement, la perte de biodiversité dans les forêts, dans les sols ou dans les océans, accentue également la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La biodiversité, comme le climat, confronte l’espèce humaine à sa capacité d’action. Nous qui sommes si peu nombreux par rapport à la totalité des organismes vivants avec qui nous partageons notre planète, nous qui sommes si petits par rapport à la taille de l’atmosphère, nous sommes parvenus à dérégler en cinquante ans l’équilibre du système Terre tout entier
et à menacer d’extinction plus d’un million d’espèces vivantes.

Hélas, notre capacité d’action, quand il s’agit de la mettre au service des écosystèmes, n’a pas la même ampleur. Notre espèce semble bien plus efficace pour détériorer notre biosphère que pour en prendre soin. Vous connaissez le proverbe russe : « Il est plus facile de faire une soupe de poissons à partir d’un
aquarium qu’un aquarium à partir d’une soupe de poissons. » Il faut donc infléchir l’activité humaine et nous ne sous-estimons pas la difficulté de la tâche. Or, c’est précisément parce que c’est difficile que nous devons le faire. Nous savons qu’il est urgent d’agir. Et agir depuis la place qui est la nôtre, c’est-à-dire le Parlement, consiste à s’emparer des quelques leviers à notre disposition. En premier lieu, nous légiférons. En la matière, une excellente loi, pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, a été adoptée fin juillet 2016, après deux ans et demi de débat. Mme la présidente POMPILI en
était à l’initiative, en tant que membre du gouvernement. C’est une loi qui apporte de véritables percées conceptuelles, comme les obligations réelles environnementales, la séquence « éviter-réduire compenser », le préjudice écologique ou le principe de non-régression du droit de l’environnement. C’est aussi une loi de
portée très concrète, très opérationnelle, avec la création de l’Agence française pour la biodiversité ou l’interdiction des néonicotinoïdes.

Cette loi continue d’agir dans l’actualité du champ parlementaire, puisqu’une commission mixte paritaire favorable vient d’étendre le périmètre e l’Agence française pour la biodiversité.
En matière d’action législative, beaucoup a donc déjà été fait. Beaucoup este à faire, encore, on le sait. Je sais pouvoir compter sur vous, mes chers collègues, pour continuer le travail. Notre deuxième rôle constitutionnel consiste à évaluer et à contrôler l’action du gouvernement. Je pense à la Mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate, par exemple, ou aux missions
d’information de la commission sur le foncier agricole, sur les produits phytopharmaceutiques, ou la ressource en eau.


Et je n’oublie pas la mission d’information sur l’application de la loi biodiversité elle-même, dont les co-rapporteures étaient Mmes Nathalie BASSIRE et Frédérique TUFFNELL. Je voudrais insister enfin sur notre troisième levier d’action. Il n’est pas constitutionnel, celui-ci. C’est le celui de l’engagement et de l’action politique. Nous sommes des femmes et des hommes politiques parce que nous considérons pouvoir changer le cours des choses. Au lieu de prendre le rapport de l’IPBES comme un constat, nous le prenons comme un défi.
Nous n’acceptons pas que les choses soient ainsi. L’indignation est forte, parmi nos compatriotes, quand ils constatent, par eux-mêmes, la disparition des oiseaux, des abeilles ou des lucioles. Notre rôle de femmes et d’hommes politiques consiste à transformer cette indignation en action collective. Pour cela, nous devons discuter avec nos concitoyens dans les territoires, nous devons les convaincre. Le rapport de l’IPBES n’en fait pas mystère : beaucoup de nos concitoyens ont un intérêt immédiat à ce que rien ne change. Les convaincre de surmonter leurs intérêts personnels n’est pas hors de portée.

Mais il y a trois conditions, à mes yeux. Premièrement, il faut que le sens de l’effort collectif soit compris. Deuxièmement, il faut que l’effort soit partagé. Nous ne pouvons ignorer la passion française pour l’égalité. Les règles de répartition de l’effort doivent être exposées clairement, pour que tous nos concitoyens soient convaincus qu’il n’y a pas de passager clandestin. Il faut également faire la démonstration de leur cohérence. Enfin, nous devons définir une nouvelle normalité, c’est-à-dire faire en
sorte que l’effort collectif cesse rapidement d’apparaître comme un effort. Je suis convaincu que notre mobilisation, de la sorte, portera ses fruits.
Je vous remercie.

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