La situation sécuritaire se dégrade au nord du Cameroun

ACF - Action contre la Faim - 21/02/2020 13:45:00


A L'EXTRÊME NORD DU CAMEROUN L'INSÉCURITÉ EST ALARMANTE. ON ESTIME AUJOURD'HUI À PLUS DE 460 000 LE NOMBRE DE PERSONNES DÉPLACÉES DANS LA RÉGION À CAUSE DES VIOLENCES. LES ATTAQUES DES GROUPES ARMÉS SONT EN RECRUDESCENCE ET LES DÉPLACEMENTS FORCÉS PLONGENT LA POPULATION DANS UNE SITUATION D'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE.

Les attaques sont en augmentation constante depuis quelques mois et leurs conséquences sur la population sont inquiétantes. Durant les trois derniers mois de l'année 2019, le nombre d'attaques a augmenté de 72,5%. Les deux derniers mois de l'année ont comptabilisé 70 attaques en novembre et 69 en décembre de la même année. Ces chiffres sont les plus élevés depuis 4 ans.

Les premières victimes sont les habitants de la région, forcés de fuir et laisser derrière eux travail, maison, et accès aux services de base. Les déplacements forcés ont un lien direct avec la faim. Déplacés dans des camps de fortune, les habitants de la région n'ont plus accès ni aux moyens de production ni à la nourriture. Les besoins humanitaires sont grandissants et les financements pour leur venir en aide ne sont pas suffisants dans la zone.

FUITE ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Amsa Haousa est camerounaise, elle a 30 ans et a dû se déplacer avec ses 4 enfants et son mari Malaouza. « Nous avons quitté notre village car il n'y avait pas de sécurité. Jour et nuit, nous subissions des attaques. Ce n'était plus possible. ». Comme elle, plus de 460 000 personnes ont dû quitter leur maison et laisser leur vie derrière eux pour fuir les violences, à la recherche de sécurité pour eux et leur famille.

« Dans certaines zones comme aux alentours de Kolofata, plus de 80% de la population passe la nuit en dehors de leurs maisons et viennent seulement en journée pour le suivi des champs par peur des attaques. Parmi les autres conséquences, on peut noter les pillages des structures de santé et des écoles ainsi que la limitation d'accès à ces structures pour les malades en particulier les plus vulnérables-femmes enceintes et enfants de moins de 5 ans » complète Aurélie Carmeille, Directrice pays d'Action contre la Faim au Cameroun.

Malaouza le mari d'Amsa était le chef du village, il a réussi à guider une partie de sa communauté à l'abri dans le village de Goji Goji avec sa famille. « Cela fait trois mois que nous sommes venus du village de Gambouldi 1, vers Douala. Seulement 166 personnes m'ont accompagné, une partie du village est resté là-bas. Nous sommes proches de la frontière du Nigeria, chaque nuit Boko Haram venait pour ramasser nos biens et tuer nos gens, c'est pourquoi j'ai décidé de les amener ici. »

Les zones frontalières aux extrêmes du pays ont un accès limité aux programmes qui prennent en charge la malnutrition aigüe sévère, la forme la plus grave de la faim.

"230 000 PERSONNES SONT EN INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE "


Lorsque la population n'a pas un accès constant et stable à la nourriture ou aux moyens de production comme l'élevage ou l'agriculture elle se retrouve dans une situation d'insécurité alimentaire. Au nord du Cameroun 230 000 personnes sont dans cette situation et n'ont pas accès à la nourriture ni à des repas réguliers.


AIDE ET FINANCEMENT

Nos équipes prennent aujourd'hui en charge plus de 7350 enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë sévère.

Nos humanitaires sur le terrain ont mené des distributions de kits alimentaires pour couvrir les premiers besoins en nourriture. Nos distributions de kits d'hygiène et d'assainissement ont permis à la population d'avoir accès à l'eau potable et de vivre dignement malgré la situation.
Des distributions de kits non alimentaires comme des casseroles ou des bidons pour transporter l'eau ont également été distribués.
Nous avons réparé des points d'eau ainsi que le forage du village mais il se trouve à 2.5 km. Pour faciliter l'accès à l'eau potable nous avons distribué des pastilles de chlore pour purifier l'eau d'un puits plus proche. Des latrines ont également été réhabilitées.

Toutes nos actions ont pu soutenir 35 821 personnes affectées par les conflits.

"30% DES BESOINS HUMANITAIRES SONT ACTUELLEMENT FINANCÉS AU CAMEROUN."

ACTION CONTRE LA FAIM AU CAMEROUN

Les besoins sont encore très importants et tant que la situation ne sera pas résolue et que les conflits persisteront, ils ne feront que grandir. Uniquement 30% des besoins humanitaires sont actuellement financés au Cameroun alors que la situation sécuritaire et nutritionnelle continue de se dégrader.