Les 5 principaux mythes entretenus par Moscou sur les actes de l'OTAN dans sa relation avec la Russie

OTAN - Organisation du Traité de l'Atlantique Nord - 04/08/2022 09:10:00


Premier mythe : après la Guerre froide, l'OTAN a promis à la Russie qu'elle ne s'élargirait pas.
Dans les faits : pareil accord n'a jamais existé. La porte de l'OTAN est ouverte à de nouveaux membres depuis la création de l'Organisation, en 1949 - et cette politique n'a jamais changé. Cette « politique de la porte ouverte » est consacrée par l'article 10 du traité fondateur de l'OTAN, qui stipule que peut solliciter une adhésion « tout État européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l'Atlantique Nord ». Les décisions relatives à l'adhésion à l'OTAN sont prises par consensus entre tous les Alliés. Aucun traité signé par les États-Unis, l'Europe et la Russie ne contient de dispositions concernant l'adhésion à l'OTAN.

L'idée d'une expansion de l'OTAN au-delà d'une Allemagne unie n'était pas à l'ordre du jour en 1989, en particulier dans la mesure où le Pacte de Varsovie existait toujours. Mikhaïl Gorbatchev l'a confirmé dans un entretien en 2014 : « La question de ' l'expansion de l'OTAN ' n'a pas du tout été examinée, et elle n'a pas été évoquée durant ces années. Je le dis de manière pleinement responsable. Pas un seul pays d'Europe orientale n'a soulevé la question, pas même après que le Pacte de Varsovie eut cessé d'exister, en 1991. Les dirigeants des pays occidentaux ne l'ont pas soulevée non plus. »

Des transcriptions déclassifiées provenant de la Maison Blanche révèlent en outre qu'en 1997, Bill Clinton a invariablement refusé la proposition de Boris Eltsine relative à un accord sur l'honneur stipulant qu'aucune des anciennes républiques soviétiques n'adhérerait à l'OTAN. « Je ne peux pas prendre d'engagements pour le compte de l'OTAN, et ce n'est pas moi qui vais opposer un veto à l'élargissement de l'OTAN s'agissant de n'importe quel pays, et encore moins vous laisser, à vous ou à quelqu'un d'autre, le loisir de le faire... L'OTAN fonctionne par consensus. »


Deuxième mythe : l'OTAN est agressive et représente une menace pour la Russie.
Dans les faits : l'OTAN est une alliance défensive, qui a pour mission de protéger ses membres. La politique officielle veut que « l'OTAN ne cherche pas la confrontation et ne représente aucune menace pour la Russie ». Ce n'est pas l'OTAN mais la Russie qui a envahi la Géorgie et l'Ukraine.

Au cours de ces 30 dernières années, l'OTAN n'a cessé de tendre publiquement la main à la Russie. Les deux parties ont collaboré dans des domaines tels que la lutte antidrogue, la lutte contre le terrorisme, le sauvetage des équipages de sous-marins ou les plans civils d'urgence - et ce même pendant les périodes d'élargissement de l'Organisation. Toutefois, en 2014, suite aux actions agressives de la Russie contre l'Ukraine, l'OTAN a suspendu sa coopération pratique avec Moscou. Nous ne cherchons pas la confrontation, mais nous ne pouvons pas laisser la Russie enfreindre les règles internationales et compromettre notre stabilité et notre sécurité.

En réaction à l'emploi par la Russie de la force militaire contre l'Ukraine, l'OTAN a déployé quatre groupements tactiques multinationaux dans les États baltes et en Pologne en 2016. Avant l'annexion, illégale, de la Crimée par la Russie, il n'y avait pas de troupes alliées dans la partie orientale de l'Alliance.

En réponse à l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, en 2022, l'OTAN a sensiblement renforcé sa posture de dissuasion et de défense, notamment en déployant quatre nouveaux groupements tactiques dans la partie orientale du territoire de l'Alliance. Au sommet que l'OTAN a tenu à Madrid, les Alliés sont convenus que la Russie constituait la menace la plus importante et la plus directe pour leur sécurité et pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique. Ils sont également convenus de renforcer davantage encore la posture de l'OTAN. Les Alliés restent néanmoins disposés à maintenir ouverts les canaux de communication avec Moscou pour gérer et réduire les risques, prévenir toute escalade et accroître la transparence.


Troisième mythe : l'Ukraine ne peut pas adhérer à l'OTAN.
Dans les faits : les Alliés se félicitent des aspirations de l'Ukraine à adhérer à l'OTAN et maintiennent la décision prise au sommet de Bucarest de 2008, à savoir que l'Ukraine deviendra membre de l'Alliance.

Les décisions relatives à l'adhésion à l'OTAN appartiennent à chaque pays candidat individuellement et aux 30 États membres de l'Organisation, et à eux seuls. La Russie n'a pas le droit d'intervenir et ne peut opposer son veto à ce processus.

Comme tous les pays, l'Ukraine est entièrement libre de choisir les arrangements de sécurité qu'elle souhaite pour elle-même. Il s'agit d'un principe fondamental de la sécurité européenne, auquel la Russie a également souscrit, notamment dans l'Acte final d'Helsinki (1975), la Charte de Paris (1990), l'Acte fondateur OTAN-Russie (1997) et la Charte de sécurité européenne (1999).


Quatrième mythe : l'OTAN encercle et tente de contenir la Russie.Dans les faits : l'OTAN est une alliance défensive, qui a pour mission de protéger ses États membres. Nos exercices et nos déploiements militaires ne sont pas dirigés contre la Russie - ni contre aucun autre pays.

Ce mythe fait par ailleurs abstraction de la réalité géographique. Seuls 6 % des frontières terrestres de la Russie bordent des pays de l'OTAN. La Russie a des frontières terrestres avec 14 pays. Seuls cinq d'entre eux sont membres de l'OTAN.

Hors du territoire des pays de l'OTAN, l'Alliance ne maintient une présence militaire qu'au Kosovo et en Iraq. La mission de maintien de la paix de la KFOR est menée sous mandat du Conseil de sécurité de l'ONU.

La mission non combattante de l'OTAN en Iraq contribue à la lutte contre le terrorisme et est menée à la demande du gouvernement iraquien, dans le plein respect de la souveraineté du pays. En revanche, la Russie maintient une présence militaire (bases et soldats) dans trois pays - Géorgie, République de Moldova et Ukraine - sans le consentement de leur gouvernement. De plus, la guerre d'agression que la Russie mène contre l'Ukraine a fait voler en éclats la paix qui régnait en Europe, ce qui compromet la sécurité et la stabilité internationales.


Cinquième mythe : les interventions de l'OTAN en ex-Yougoslavie, au Kosovo et en Libye prouvent qu'il ne s'agit pas d'une alliance défensive.
Dans les faits : l'éclatement de l'ex-Yougoslavie n'est pas imputable à l'OTAN. L'Alliance n'a pas employé la force militaire pour modifier les frontières de l'ex-Yougoslavie. Entre 1992 et 1995, l'OTAN a mené plusieurs opérations militaires en Bosnie, notamment pour imposer une zone d'exclusion aérienne et apporter un appui aérien à la force de maintien de la paix de l'ONU. Ces activités étaient menées sous mandat du Conseil de sécurité de l'ONU, dont la Russie est membre. Les frappes aériennes effectuées par l'OTAN contre des positions des Serbes de Bosnie en 1995 ont contribué à ouvrir la voie à l'accord de paix de Dayton, qui a mis un terme à la guerre en Bosnie, laquelle avait fait plus de 100 000 morts. Dès 1996, l'OTAN a dirigé les forces multinationales de maintien de la paix en Bosnie, qui comprenaient des troupes russes. L'Union européenne a pris la relève de cette mission en 2004.

L'opération dirigée par l'OTAN en Libye en 2011 a été lancée en vertu de deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU (résolutions 1970 et 1973) qui n'ont suscité, ni l'une ni l'autre, l'opposition de la Russie. La résolution 1973 autorisait la communauté internationale « à prendre toutes mesures nécessaires » pour « protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque ». C'est précisément ce que l'OTAN a fait, avec le soutien politique et militaire de pays de la région et de membres de la Ligue des États arabes.

L'opération menée par l'OTAN au Kosovo en 1999 a été lancée après plus d'un an d'efforts diplomatiques intenses déployés par l'ONU et par le Groupe de contact, dont la Russie faisait partie, pour mettre un terme au conflit. Le Conseil de sécurité de l'ONU a jugé à diverses reprises que le nettoyage ethnique au Kosovo et l'accroissement du nombre de réfugiés constituaient une menace pour la paix et la sécurité internationales. La mission de l'OTAN a contribué à mettre un terme aux violations constantes et à grande échelle des droits de la personne et à mettre fin au massacre de civils. La KFOR, l'actuelle mission de maintien de la paix menée par l'OTAN au Kosovo, est régie par un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU (résolution 1244) et bénéficie du soutien de Belgrade comme de Pristina.

Acte Fondateur
sur les Relations, la Coopération et la Sécurité Mutuelles entre l'OTAN et la Fédération de Russie signé à Paris, France le 27 mai 1997