Après avoir évalué les progrès de l'Initiative céréalière de la mer Noire Guterres termine son voyage en Europe par une visite aux « navires de l'espoir »

ONU - ORGANISATION DES NATIONS UNIES - 19/08/2022 14:35:00

Près d'un mois après la signature de l'Initiative céréalière de la mer Noire, le Secrétaire général se trouvait ce jeudi à Lviv, en Ukraine, pour y rencontrer le Président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

Le 22 juillet, lors d'une cérémonie à Istanbul, en Türkiye, l'Ukraine et la Russie avaient signé un accord permettant notamment la reprise des exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, en présence du Secrétaire général de l'ONU et du Président turc.

La rencontre de ce jeudi à Lviv a été l'occasion de célébrer cette victoire diplomatique sur le front de la crise alimentaire mondiale, mais aussi pour le chef de l'ONU d'exprimer de nouveau son inquiétude concernant la situation à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia.

Le Secrétaire général a réaffirmé à la presse que les Nations Unies continueraient à travailler en pleine solidarité avec le peuple ukrainien pour continuer à fournir un soutien humanitaire aux personnes dans le besoin, partout où cela était nécessaire.

Il a également souligné que l'élan positif sur le front alimentaire reflétait une victoire de la diplomatie et du multilatéralisme, près d'un mois après la signature de l'Initiative céréalière de la mer Noire, un projet conjoint destiné à relancer les exportations de céréales et d'engrais depuis les principaux ports ukrainiens, alors que la guerre en cours a fait exploser le prix des denrées et entraîné une crise alimentaire sérieuse dans de nombreux pays du monde.

Il est essentiel de faire sortir les denrées alimentaires et les engrais d'Ukraine et de Russie en plus grandes quantités pour calmer davantage les marchés des matières premières et faire baisser les prix, a déclaré M. Guterres ; tout comme « il est essentiel de fournir une aide aux personnes et aux pays les plus vulnérables ».

L'ONU attend le feu vert de Kyïv et Moscou pour se rendre à la centrale de Zaporijjia
Par ailleurs, le Secrétaire général a de nouveau partagé ses graves préoccupations concernant la situation dans et autour de la plus grande centrale nucléaire d'Europe, à Zaporijjia.

« Le bon sens doit prévaloir pour éviter toute action qui pourrait mettre en danger l'intégrité physique, la sûreté ou la sécurité de la centrale nucléaire », a-t-il prévenu, insistant que l'installation ne pouvait en aucun cas être utilisée dans le cadre d'une opération militaire. « Au contraire, il est urgent de trouver un accord pour que Zaporijjia redevienne une infrastructure purement civile et pour assurer la sécurité de la zone ».

L'ONU estime disposer à Kyïv des capacités logistiques et de sécurité nécessaires pour soutenir toute mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à la centrale nucléaire de Zaporijjia, « à condition que la Russie et l'Ukraine soient d'accord », a précisé le chef de l'ONU.

Enquête onusienne à venir sur la tragédie survenue dans une prison d'Olenivka
Le Secrétaire général a aussi indiqué qu'il avait discuté de l'enquête sur l'incident tragique survenu dans un centre de détention proche de la ligne de front à Olenivka, dans la région de Donetsk, actuellement sous contrôle russe, le 29 juillet. Plusieurs dizaines de détenus ukrainiens ont perdu la vie ce jour-là dans des circonstances encore mal établies.

M. Guterres a annoncé son intention de nommer le général brésilien Carlos dos Santos Cruz pour diriger une mission d'enquête. Mais pour que la mission puisse fonctionner correctement, elle doit disposer des assurances nécessaires pour garantir un accès sécurisé au site et à tout autre endroit pertinent, a déclaré M. Guterres à la presse. « Pour faire simple, a dit le Secrétaire général, une mission d'enquête doit être libre de trouver les faits ».

Plus tôt dans la journée, le Secrétaire général avait brièvement visité l'Université nationale Ivan Franko de Lviv. S'adressant ensuite aux journalistes, le Secrétaire général avait célébré les liens entre les Nations Unies et l'université, et ajouté que les contributions de la société civile et du monde universitaire étaient de plus en plus essentielles au développement des démocraties modernes.

60 tonnes de biens essentiels livrées dans la région de Zaporijjia
L'ONU a aussi annoncé avoir livré mercredi avec ses partenaires humanitaires 60 tonnes de fournitures essentielles dans l'oblast de Zaporijjia pour aider à répondre aux besoins les plus immédiats de près de 6.000 personnes vivant dans la localité d'Orikhiv, à seulement 6 kilomètres de la ligne de front.

Un convoi humanitaire de neuf camions a apporté de la nourriture, de l'eau, des kits d'hygiène, des fournitures de santé, des kits d'abri et des articles de secours pour aider les gens à rester au chaud pendant l'hiver qui vient.

Il s'agit du premier convoi à atteindre cette zone gravement touchée depuis le début de la guerre.

Dans toute l'Ukraine, les travailleurs humanitaires ont apporté une aide vitale à près de 12 millions de personnes touchées par la guerre depuis février. Toutefois, l'aide reste limitée dans les zones échappant au contrôle du gouvernement ukrainien.


Au dernier jour de son voyage en Europe ce samedi, le chef de l'ONU António Guterres a supervisé le départ de deux cargos participant à l'Initiative céréalière de la mer Noire, une opération menée sous l'égide de l'ONU pour apporter une aide alimentaire urgente à la Corne de l'Afrique.

M. Guterres s'est rendu à Istanbul ce samedi matin depuis Chisinau, en Moldavie - où il avait été reçu la veille au soir pour un dîner de travail avec le président Maia Sandu - avant d'embarquer sur un bateau-pilote dans la mer de Marmara, où il a navigué à côté du navire Brave Commander du Programme alimentaire mondial (PAM). Le cargo a été chargé de plus de 23.000 tonnes de blé dans le port de Yuzhny-Pivdennyi avant de faire cap sur la Corne de l'Afrique pour livrer sa précieuse cargaison, afin d'aider les populations au bord de la famine.

Accompagné d'un groupe d'inspecteurs du Centre conjoint de coordination, la base opérationnelle du dispositif basée à Istanbul, le Secrétaire général est aussi monté à bord du navire INVINCIBLE II, en route pour Chornomorsk, en Ukraine, pour être chargé de près de 50.000 tonnes de céréales - soit la plus grande cargaison à quitter l'Ukraine depuis le début de la guerre.

Accompagné du ministre turc de la Défense Hulusi Akar, le chef de l'ONU a rendu visite au Centre conjoint. Il y a rencontré séparément les délégations russe et ukrainienne, avant d'assister à une session officielle du Centre conjoint. Il y a remercié tous les participants pour leur professionnalisme et leur humanité, qui font de l'Initiative un succès pour les populations du monde entier.

Le rôle central de la Türkiye
Lors d'une conférence de presse avec le ministre Akar, le Secrétaire général a remercié le gouvernement de la Türkiye pour son rôle pivot dans l'initiative des grains de la mer Noire.

« Le travail de collaboration des équipes autour de la table du Centre conjoint incarne ce que nous pouvons réaliser avec de la volonté politique, une expertise opérationnelle de haut niveau et un effort collectif », a déclaré M. Guterres aux journalistes.

Il a décrit les navires qu'il venait de voir en mer de Marmara et a ajouté que « ce que nous voyons ici à Istanbul et à Odessa n'est que la partie la plus visible de la solution. L'autre partie de cet accord global, a-t-il dit, est l'accès sans entrave aux marchés mondiaux des aliments et des engrais russes, qui ne sont pas soumis aux sanctions ».

« Sans engrais en 2022, il pourrait ne pas y avoir assez de nourriture en 2023 », a déclaré M. Guterres. « Exporter davantage de denrées alimentaires et d'engrais d'Ukraine et de Russie est essentiel pour faire baisser les cours du marché et soulager les consommateurs. »

Contribution ukrainienne aux droits de l'homme
Le voyage du Secrétaire général a commencé le mercredi 17 août, lorsqu'il est arrivé à Lviv, en Ukraine, après avoir quitté New York via Varsovie, en Pologne.

Avant une réunion trilatérale avec le Président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et le Président turc Recep Tayyip Erdogan, le Secrétaire général a visité brièvement l'Université nationale Ivan Franko de Lviv.

Il a été accueilli et visité par Volodymyr Melnyk, le recteur de l'université, qui est considérée comme un centre d'étude des droits de l'homme.

M. Melnyk a expliqué les importantes contributions apportées par l'université et ses chercheurs à la science, au droit international et à la diplomatie dans le monde. L'un des diplômés de l'école de droit international, Louis Son, est co-auteur de la Charte des Nations unies et Raphael Lemkin, un autre diplômé, a inventé le terme de génocide.

Des étudiants de cette université ont par la suite été juges à la Cour pénale internationale ou nommés pour des prix Nobel, notamment Jan Karski, le célèbre diplomate polonais qui a alerté le monde sur l'holocauste en cours pendant la Seconde Guerre mondiale.

S'adressant ensuite aux journalistes, le Secrétaire général a souligné les liens entre les Nations Unies et l'université et ajouté qu'aujourd'hui, « de plus en plus, la contribution de la société civile et celle du monde universitaire « étaient essentielles au développement des démocraties modernes. »

Solidarité totale avec le peuple ukrainien
Dans ses remarques à la presse après la réunion trilatérale, le Secrétaire général a réaffirmé que les Nations Unies continueraiont à travailler en pleine solidarité avec le peuple ukrainien pour mobiliser toutes ses capacités et ressources - aux côtés des partenaires nationaux - pour continuer à fournir un soutien humanitaire aux personnes dans le besoin, partout où cela était nécessaire.

Il a également souligné que l'élan positif sur le front alimentaire reflétait une victoire de la diplomatie et du multilatéralisme.

Le Secrétaire général a enfin déclaré avoir discuté de l'enquête sur l'incident tragique survenu dans un centre de détention à Olenivka, dans l'est de l'Ukraine, le 29 juillet, au cours duquel plus de 50 prisonniers de guerre ukrainiens ont été tués dans une explosion.

M. Guterres a annoncé qu'il nommait le général brésilien Carlos dos Santos Cruz pour diriger une mission d'enquête sur ces meurtres. Mais « pour que la mission puisse fonctionner, a-t-il déclaré à la presse, elle doit disposer de l'appui nécessaire ».