Le Président de la RDC appelle l'ONU à l'aider à en finir avec « le mal sécuritaire » qui ronge son pays

Présidence de la République démocratique du Congo - 22/09/2022 11:50:00

S'adressant à l'Assemblée générale des Nations Unies mardi, Félix-Antoine Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo, a rappelé que son pays est victime d'une crise sécuritaire aigüe qui dure depuis plus de 20 ans dans l'Est de son territoire, une « crise causée principalement par les convoitises que suscitent ses fabuleuses richesses naturelles et les ambitions de puissance de certains de ses voisins ».

Stigmatisant le « mal sécuritaire qui continue à ronger mon pays », en dépit d'efforts internes et de la présence militaire massive de l'ONU en RDC et de son soutien diplomatique pendant 23 ans, il a déploré que plusieurs accords signés avec les groupes armés, et même avec les pays voisins, sous la garantie de la communauté internationale, et des mécanismes nationaux et internationaux n'ont duré que quelques mois.

« Vite, l'architecture s'est fissurée et l'édifice s'est écroulé. Et, on recommence toujours avec les mêmes tragédies », a constaté le chef de l'État.

Des tragédies qui se répètent
Partisan d'une « philosophie de réconciliation » avec ses voisins, M. Tshisekedi a dit n'avoir ménagé aucun effort pour rassurer les pays limitrophes et restaurer la confiance.

En dépit de cette « main tendue », certains n'ont trouvé mieux que de nous remercier par l'agression et le soutien à des groupes armés terroristes, a regretté le Président.

« C'est le cas actuellement du Rwanda qui, une fois de plus, a non seulement agressé, en mars dernier, la RDC par des incursions directes de ses forces armées, mais occupe également des localités du Nord-Kivu par l'entremise d'un groupe armé terroriste, le M23, auquel il apporte un soutien massif tant en matériels de guerre qu'en troupes », a-t-il accusé.

Accusant le M23 d'avoir, avec le soutien de l'armée rwandaise, abattu un hélicoptère de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) et tué huit Casques bleus, un acte qu'il apparente à un défi à la communauté internationale et décrit comme un crime de guerre, M. Tshisekedi rejette les « sempiternelles dénégations des autorités rwandaises et demande à nouveau au Président du Conseil de sécurité de distribuer officiellement à ses membres le dernier rapport en date des experts de l'ONU sur la situation dans l'est de la RDC afin d'en tirer toutes les conséquences qui s'imposent.

« Il y va de l'image et de la crédibilité de notre Organisation », a-t-il assuré.

Procéder autrement reviendrait, selon lui, à encourager le Rwanda à poursuivre « son agression », et nourrirait davantage la suspicion des Congolais sur l'impartialité de l'ONU ainsi que la « complicité de certains de ses États membres dans ces crimes ».

Casser le cycle infernal de la violence dans l'Est de la RDC
A ses yeux, cette suspicion et l'ambiguïté du Conseil de sécurité, « qui excède la population congolaise et exacerbe la tension entre elle et la MONUSCO », justifient la demande de son gouvernement de réévaluer le plan de retrait progressif de cette Mission, dont il critique les « faiblesses regrettables ».

« Casser le cycle infernal de la violence à l'Est de la RDC permettrait de stabiliser la région des Grands Lacs, a t-il ajouté, afin de tirer le plus grand bénéfice de ses potentialités économiques ».
Abordant la question du changement climatique et des accords internationaux sur le climat, le Président congolais a déclaré qu'il est temps de mettre fin à l'exécution sélective des engagements des pollueurs et d'autre part de compenser, au nom de la justice climatique, les efforts fournis par les pays moins pollueurs comme ceux d'Afrique, pour préserver l'environnement dans l'intérêt de toute la planète.

M. Tshisekedi a ainsi rappelé que la RDC est l'un des principaux producteurs de minerais essentiels à la transition énergétique et à la décarbonation des transports comme le cobalt, le lithium, le nickel et le manganèse, nécessaires aux batteries de voitures électriques.

De plus, il a vanté ses ressources en énergies renouvelables, solaire et géothermique, et avant tout hydroélectrique, qui, avec le projet de grand barrage Inga pourrait même desservir l'Europe. Mais il a regretté que l'appel d'offre lancé fin juillet par la RDC pour l'exploration de 27 blocs pétroliers et trois blocs gaziers « fasse inutilement polémique sur la place publique internationale ».

Le Président congolais a ainsi noté qu'aucun instrument juridique international pertinent ratifié par la RDC ne lui interdit d'exploiter ses ressources naturelles pour cause de protection de l'environnement ou par crainte de l'aggravation du réchauffement de la planète, arguant que son gouvernement a pris des mesures adéquates pour éviter les impacts négatifs sur l'environnement, et vise à créer des emplois afin d'améliorer les conditions de vie des populations congolaises.