les États membres de l'Union pour la Méditerranée s'engagent à renforcer le rôle des femmes dans la société

UPM Union pour la Méditerranée - 28/10/2022 17:35:00

La situation de l'Iran où les femmes et les filles, victimes de violences incommensurables, de traditions et d'une législation d'un autre temps, sont aux avant-postes d'un mouvement de contestation sonne comme un signal d'alarme pour tous les dirigeants politiques, car il remet en cause l'organisation sociale et politique du pays. En effet, discrètes, silencieuses ou passives jusqu'à la mort de Mahsa Amini, jeune femme de 22 ans, arrêtée par une patrouille de la police iranienne des moeurs, elles considèrent désormais que sont en jeu non seulement la sécurité des mères, des épouses, des adolescentes, des filles et des enfants dans leur propre pays mais aussi celle de la cellule familiale elle même. La mise en danger du noyau familial en tant que fondement de la société signifie dès lors, qu'un gouvernement n'est plus légitime. Ainsi, le gouvernement théocratique qui a laissé passer sa chance pour se réformer lors de la révolte du coût de la vie en 2009, a vocation à disparaître pour une grande partie de la jeunesse et des femmes de ce pays. Ce qui est vrai en Iran, l'est dans d'autres pays, - ils sont nombreux notamment au sein de l'UPM - où les femmes et leurs familles sont en danger.

La réunion de l'Union Pour la Méditerranée se déroule dans ce contexte et dans cette temporalité.

Ce qui sous-tend les décisions des ministres détaillées ci-dessous, c'est aussi le réel dans leur pays, une prise de conscience de la nécessité dans la région euro-méditerranéenne d'accélérer par des politiques publiques en particulier dans les pays du sud de l'UPM, la diffusion dans toutes les sphères de la société de comportements respectueux à l'égard des femmes, le renforcement de leur rôle et la reconnaissance de celui-ci dans les états membres de l'UPM, notamment au regard de leur représentativité dans des fonctions dirigeantes de toutes les structures politiques et socio-économiques.

Le bilan largement insatisfaisant s'est aggravé.

La situation de crises multiples depuis 2019 - Covid, coût de la vie, approvisionnements des denrées ou des PPM, contraction budgétaire des états - a entrainé une augmentation sans commune mesure des violences et agressions physiques ou de harcèlement moral à leur encontre perpétrées par les hommes à plus de 90 %, et des abus dont les femmes et souvent concomitamment leurs enfants sont victimes.

Et ce d'autant que ces violences et abus peuvent être, favorisés par l'existence de statuts, de pratiques anciennes discriminantes et vexatoires, de règles sociales ou de comportements inégalitaires dégradants, puisant leurs sources dans la tradition et la religion et parfois reposant, quand bien même des efforts sont faits, dans certains états de la région sur des législations insuffisamment protectrices; voire consacrant l'inégalité et la discrimination.

L'existence d'un tel corpus juridique discriminant qu'il soit codifié ou qu'il procède de règles coutumières où de règles islamiques en ce qui concerne les Etats membres non européens, précisément celles que repousse la société iranienne, permet et renforce l'impunité des auteurs de crimes contre les femmes et les filles.

Pour le mesurer, il suffit simplement d'entendre dans ce manifeste vidéo le témoignage des femmes qui ici détaillent d'une part les modalités, l'étendue, la panoplie, la gradation, la perversité des violences dont elles sont les victimes ; et ce, depuis la simple recommandation jusqu'à l'assassinat planifié et d'autre part l'impossibilité d'y faire face, de nombreux états ne pouvant garantir leur protection et ayant pour priorité de maintenir l'ordre social et moral donc de celui qui détient l'argent, dispose à son profit de l'ordre moral et familial, avec le soutien des textes et des coutumes sociales et religieuses.

Un permis de tuer les femmes et les filles

A titre d'exemple un article de la loi algérienne sur la violence faite aux femmes permet à l'agresseur d'échapper aux poursuites pénales si la victime lui pardonne. La clause de pardon qui reprend une prescription coranique offre ainsi une impunité aux hommes violents et banalise la commission de crimes contre les femmes. Par sa perversité cette clause accroît la vulnérabilité des femmes dans le pays, établit leur situation secondaire dans la société et réduit la portée de la loi.
L'abrogation de cette clause est déterminante pour la protection et la sécurité des algériennes et le recul des féminicides. Réseau Wassila

La disposition législative relative au pardon doit être supprimée dans tous les états de l'UPM l'ayant instauré.

De surcroit s'ajoutent des crises régionales, des conflits entre régions ou états, qui exacerbent les tensions au sein même des sociétés dont une fois encore les femmes et leurs enfants, variables d'ajustement de la violence sont les premières victimes. Ainsi la guerre en Ukraine pousse t-elle sur les routes des pays voisins des millions de réfugiés et la pauvreté dans de nombreux pays du sud draine t-elle sur les flots des vagues ininterrompues d'embarcations de migrants vers les côtes de l'Union européenne. De nombreuses femmes et de nombreux enfants, à la faveur de la précarité, sont à la merci de trafiquants qui les contraignent au travail forcé ou à l'esclavage. L'Organisation des Nations Unies a fait du 2 décembre la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage et s'est dotée dans le cadre de l'Organisation Internationale du Travail d'un protocole additionnel de 2014 relatif à la convention sur le travail forcé soumis à la ratification des états depuis 2014 et dont 50ForFreedom tient l'état des lieux et pose la question : "Votre pays a t-il ratifié le protocole ?"


En effet, à ce jour, seuls 59 états ont ratifié le protocole additionnel.
Les autres de cette liste ne l'ont pas fait dont 13 états membres de l'UPM; à savoir 7 pays de l'UE et tous les pays de la Ligue Arabe (8), à l'exception d'un seul qui a ratifié le protocole.


Ainsi, reprenant les mots de Ayman Riad Al-Mufleh si les femmes donnent naissance à l'autre moitié de la société, cette dernière remercie trop souvent les femmes et les filles par des viols, des assassinats, des violences, des agressions, des privations de liberté, des discriminations, des pressions morales sociales et une situation d'infériorité confortée dans plusieurs pays par la norme et le droit.


Un seuil "d'inacceptabilité" a été franchi.

Cependant, la Communauté internationale gagnant par capillarité les organisations de toutes les régions du monde intervient inlassablement pour changer les comportements, les pratiques et les politiques des états. Les rapports onusiens le soulignent régulièrement, les pays se développent mieux et de façon plus stable et durable ainsi que leur niveau d'éducation, lorsque les femmes sont dans une situation de parité au sein de la société et y vient avec sérénité. Pour faire face à l'ampleur de la tâche dans les états membres, car la marge de progression, pour certains pays est considérable" tant la situation des femmes est inhumaine, des pays isolément ont pris des initiatives telle la Tunisie en collaboration avec le Conseil de l'Europe qui lancé un kit des droits pour lutter contre les violences faites aux femmes en Tunisie, l'Union pour la Méditerranée a apporté sa contribution ,tardivement et elle a néanmoins le mérite de cette prise de conscience. Cependant l'UPM, eu égard à l'envergure du problème notamment dans les pays de l'UPM du sud-méditerranéen, ceux appartenant à la Ligue Arabe, gagnera à s'appuyer sur le capital d'expérience du Conseil de l'Europe qui a mis en place un arsenal de mesures le plus abouti pour l'égalité et la protection des femmes adopté par 49 états ce qui en fait l'instrument le plus avancé dans le monde.
A défaut, les pouvoirs publics de ces états pourraient ne pas perdurer car la révolte vient du tréfonds de l'âme.


COMMUNICATION DE L'UPM

En réponse aux crises, les États membres de l'UpM s'engagent à renforcer le rôle des femmes dans la société.


- Les ministres chargés de l'égalité des genres des 42 pays de l'Union pour la Méditerranée (UpM) ont signé aujourd'hui à Madrid une déclaration ministérielle visant à accélérer le renforcement du rôle des femmes dans la région euro-méditerranéenne.
- Les ministres ont convenu de renforcer le cadre juridique, faciliter l'accès des femmes aux postes de direction dans la vie publique et la prise de décision, accroître leur participation dans la sphère économique, ainsi que combattre et prévenir les violences faites aux femmes et aux filles.
- La Conférence de haut niveau sur les Femmes pour la Méditerranée, qui se tient tous les deux ans, débutera cette après-midi à Madrid. Plus de 100 hauts représentants et experts internationaux seront rassemblés pour mettre en oeuvre le mandat ministériel de façon opérationnelle, face aux crises sanitaires, alimentaires et énergétiques actuelles.

Madrid, le 26 octobre 2022. La 5e réunion ministérielle de l'UpM sur le Renforcement du rôle des femmes dans la société s'est tenue à Madrid. Cette réunion a été accueillie par la ministre espagnole de l'Égalité des genres, Irene Montero, en présence de la commissaire européenne à l'Égalité, Helena Dalli et du secrétaire général de l'UpM, Nasser Kamel. Les États membres de l'UpM ont adopté une déclaration, présentant des recommandations, des actions et des mesures concrètes et opérationnelles axées sur quatre domaines prioritaires : renforcer le cadre juridique, faciliter l'accès des femmes aux postes de direction dans la vie publique et la prise de décision, faire progresser leur participation dans la sphère économique, ainsi que combattre et prévenir les violences faites aux femmes et aux filles.
Parmi les engagements pris par les 42 pays figure la transition vers l'emploi formel pour les femmes travaillant dans l'économie informelle, le soutien et l'encouragement de l'entrepreneuriat chez les femmes, la promotion de l'égalité des genres et de modèles de leadership inclusifs dès l'éducation préscolaire et dans tous les domaines, y compris les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques (STEM, de son acronyme anglais), le développement d'un financement tenant compte de la dimension de genre pour les actions en faveur du climat et de l'environnement, l'accès aux organisations, entreprises et coopératives de femmes et l'adoption de lois complètes définissant et criminalisant toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles, y compris la cyberviolence.


Les ministres ont reconnu que l'égalité des genres dans la région euro-méditerranéenne a parcouru un long chemin depuis 2015, date à laquelle a été établi un processus de dialogue régional visant à renforcer le rôle des femmes dans les pays de l'UpM. Publié en mars 2022, le premier mécanisme de suivi intergouvernemental de l'UpM sur l'égalité des genres à démontré que de nombreux pays ont renforcé les cadres juridiques et élaboré de nouveaux programmes et de nouvelles politiques, dans le but d'accroître la participation des femmes dans les sphères politique, économique et sociale et de les protéger contre toutes les formes de discrimination et de violence sexiste.

Toutefois, les ministres ont convenu que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer l'autonomisation économique et politique des femmes et pour mettre fin à la violence à l'égard de ces dernières dans la région, notamment à la suite des différentes crises, y compris sanitaire et environnementale et, plus récemment, alimentaire, hydrique et énergétique. En outre, les ministres ont reconnu que les femmes des zones rurales sont confrontées à des défis uniques et que des efforts particuliers sont nécessaires pour renforcer leurs opportunités et élever leur statut au sein de la société.

L'adoption de cette déclaration ministérielle sera suivie cet après-midi par une Conférence régionale de haut niveau intitulée « Femmes pour la Méditerranée ». La Conférence, organisée par l'UpM tous les deux ans, se tiendra jusqu'au 27 octobre à Madrid et réunira plus de 100 représentants de haut niveau et experts internationaux. Face aux crises régionales actuelles, elle offrira l'opportunité de partager des expériences, des bonnes pratiques et des leçons apprises sur l'autonomisation et les droits des femmes.

Les discussions contribueront également à élaborer la Feuille de route pour la mise en oeuvre des mandats nationaux dans les années à venir, en particulier dans le sens d'une politique d'égalité des genres inclusive et efficace, fondée sur une approche transformatrice du genre et sur la mobilisation des acteurs régionaux publics et privés La contribution des experts sera cruciale pour faire progresser la coopération, en mettant davantage l'accent sur la mise en oeuvre, l'exécution et le suivi efficace, ainsi que pour sensibiliser aux efforts régionaux déployés jusqu'à présent, à ceux en cours et à ceux qui seront entrepris à l'avenir..



DÉCLARATIONS

La commissaire européenne à l'Égalité, Helena Dalli, a déclaré : « Nous devons transformer les crises en opportunités de changement et de régénération, tout en restant fidèles à notre engagement en faveur de l'égalité des genres. Grâce aux engagements pris aujourd'hui, nous pouvons obtenir des résultats tangibles pour l'avenir des femmes et des filles, dans toute leur diversité, dans toute la région euro-méditerranéenne. Nous devons mettre un terme à la violence à l'égard des femmes et des filles et oeuvrer à la promotion de sociétés dans lesquelles nous pouvons tous avoir un emploi, participer à la prise de décision et être représentés dans la vie publique. »

Le ministre du Développement social de Jordanie, Ayman Riad Al-Mufleh, a transmis ce message : « Les femmes ont également donné naissance à l'autre moitié. Il existe de plus en plus de programmes visant à améliorer la vie et la réalité des femmes, afin de garantir une société avancée et un avenir pour les générations à venir. »

La ministre de l'Égalité des genres en Espagne, Irene Montero, a souligné : « Nous accueillons cette conférence ministérielle de l'Union pour la Méditerranée avec la Commission européenne et la commissaire européenne à l'Égalité, Helena Dalli, pour continuer à promouvoir l'avancement des droits des femmes et de l'égalité des genres dans le monde entier, ce qui est d'autant plus important en temps de crise. Le féminisme fait avancer le monde vers une société meilleure. »

Le secrétaire général de l'UpM, Nasser Kamel, a déclaré : « L'égalité des genres n'est pas seulement un droit humain fondamental, mais aussi un marqueur significatif du développement et une contribution essentielle pour relever les défis pressants auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés au niveau mondial. Les sociétés inclusives sont des sociétés plus prospères, ce qui constitue un élément clé sur la voie de la garantie de la sécurité et du bien-être de toutes les citoyennes et citoyens euro-méditerranéens, indépendamment de leur genre. »

PLUS D'INFORMATIONS :
5ème déclaration ministérielle de l'UpM sur le renforcement du rôle des femmes dans la société
Premier mécanisme de suivi intergouvernemental de l'UpM sur l'égalité des genres dans la région euro-méditerranéenne.
Projets de l'UpM sur l'égalité des genres

A propos de l'UpM
L'Union pour la Méditerranée (UpM) est la seule organisation intergouvernementale euro-méditerranéenne réunissant les pays de l'Union européenne et 15 pays du sud et de l'est de la Méditerranée. L'UpM offre un forum pour renforcer la coopération régionale, le dialogue et la mise en oeuvre de projets et d'initiatives concrets qui ont un impact tangible sur les citoyens, en particulier les jeunes, afin de répondre aux trois objectifs stratégiques de la région : stabilité, développement humain et intégration.