Préserver les mangroves du Manambolo à Madagascar

WWF - World Wide Foundation - 16/12/2022 17:45:00

Situées sur le littoral Ouest de l'île de Madagascar, les mangroves de la région du Manambolo sont d'une importance cruciale pour les populations locales. Elles n'en sont pas moins menacées : leur surexploitation et le changement climatique les détériorent de manière considérable.


60 000 hectares continus le long du littoral malgache, les mangroves sont indispensables aux populations locales. Elles leur procurent nourriture, bois de chauffage ainsi que matériaux de construction pour leurs habitations. Elles sont aussi dotées de vertus médicinales.
Face au changement climatique et aux phénomènes naturels extrêmes, la mangrove joue également un rôle capital puisqu'elle protège l'intérieur de la côte des dégâts cycloniques et de l'érosion. Enfin, elle filtre l'eau et stocke le carbone, comme le font les forêts terrestres.

A Madagascar, les mangroves de la région du Manambolo protègent notamment la future Aire Marine Protégée de l'archipel des Îles Barren contre la sédimentation venant du versant ouest de l'île. Elles garantissent également la protection de la zone humide de Manambolomaty (classée site RAMSAR), de la forêt primaire de Tsimembo ainsi que des plaines rizicoles de Bemamba et de Soahany contre les effets néfastes de l'augmentation du niveau de la mer causée par le changement climatique. C'est grâce à ces écosystèmes uniques que poissons et invertébrés migrent vers les récifs et la haute mer afin de s'y réfugier pour se nourrir et se reproduire.

Les ravages d'une mauvaise exploitation
Une perte considérable ! +3millions

Selon la FAO, 3,6 millions d'hectares de mangroves ont été perdus depuis 1980, soit 20% de la superficie totale des mangroves dans le monde.

Indispensables aux habitants, les mangroves de Madagascar sont pourtant menacées. Les bouleversements climatiques ainsi que l'exploitation non durable les endommagent et les mettent en péril. L'ensemble des services écosystémiques qu'elles rendent aux communautés côtières, en particulier pour les activités de pêche et de collecte de crabes, s'en voit ainsi dégradé.

La pêche représente dans la région la principale source de revenus, mais utilise encore des techniques non durables et les techniques de stockage et de conditionnement sont peu efficaces. Sur 15 kg de crabes pêchés par pêcheur et par jour en moyenne, 15% sont perdus du fait des mauvaises conditions de stockage. Ce chiffre grimpe jusqu'à 50% lors de la saison des pluies.

Le retard de développement chez les pêcheurs du Manambolo s'explique, entre autres, par leur isolement et la difficulté qu'ils ont à accéder au marché régional. Par conséquent, leur poids dans les négociations avec les collecteurs est faible bien qu'ils soient organisés en groupement informel. Les communautés de base (COBA), acteurs clés pour la gestion des ressources naturelles, manquent souvent de ressources techniques et organisationnelles pour être pleinement efficaces et aucune politique n'intègre véritablement les enjeux de gestion durable des mangroves.

Restaurer les mangroves
Une pêche plus efficace

+10% : Grâce à l'action du WWF, les volumes de crabes collectés et de poissons pêchés, stockés et conditionnés devraient s'accroître de 10%.

Présent depuis plus d'un demi-siècle à Madagascar, le WWF mène un programme de protection de la nature et de l'environnement centré sur la lutte contre la déforestation, la préservation des espèces de faune et de flore et la sauvegarde des habitats marins et d'eau douce.
Notre objectif est de concilier conservation et bénéfices socio-économiques, via une gestion communautaire en s'appuyant sur les COBA.

Afin de préserver les biens et les services qu'elles rendent, nous menons un vaste projet de préservation et de restauration des mangroves dans la région du Manambolo en identifiant les zones prioritaires, en mobilisant les communautés locales et en mettant en place un système de suivi environnemental participatif.

Par ailleurs, conscients de l'enjeu crucial que représente la pêche pour les populations locales, nous instaurons avec elles des filières « poissons » et « crabes » durables et génératrices de revenus. Enfin, dans un souci de meilleure gestion de l'exploitation des mangroves, nous encourageons une gestion communautaire intégrée des mangroves et la valorisation durable des ressources associées dans le Plan de Développement Régional de Melaky. Cela se traduit notamment par une réorganisation des pêcheurs en coopérative et un renforcement de leurs capacités.

Aujourd'hui, à travers la mise en oeuvre du projet, quatre COBA ont été créées, plus de 8000 hectares de mangroves sont gérés efficacement par les communautés locales, plus de 150 hectares ont été restaurés et l'accès au marché régional pour les pêcheurs du site a été renforcé grâce à la formation de trois coopératives.

En vue de pérenniser ces pratiques et ces résultats, nous avons décidé de reconduire le projet pour une seconde phase jusqu'en 2021. L'objet, en plus de consolider les actions mises en place avec les COBA est de les dupliquer dans de nouvelles zones d'intervention.

Travailler sur l'établissement de nouveaux contrats de gestion communautaire des mangroves et participer à la formalisation de 3 nouvelles COBA, qui seront capables de gérer ces ressources, et au renforcement de leur capacités de gestion. Puis, afin de participer au développement d'une filière pêche durable, l'objectif est d'aider les pêcheurs à adopter de meilleures pratiques et de favoriser leur accès au marché. Enfin, nous nous employons à développer des conditions de gouvernance locale favorables à la préservation des mangroves. Nous travaillons pour cela au renforcement de capacités de la coalition des organisation de la société civile (OSC) de Melaky et de la fédération des COBA afin qu'elles puissent plaider en faveur de la valorisation des pratiques durables sur les ressources de mangrove et les pratiques de pêche au niveau local, régional et national.