La parité hommes-femmes en Europe : un modèle dans le monde... encore imparfait

Fondation Robert Schuman - 07/03/2023 08:55:00

La parité hommes-femmes en Europe : un modèle dans le monde... encore imparfait
Par Stefanie Buzmaniuk

Dans un contexte mondial où les droits des femmes sont de plus en plus attaqués, l'Union européenne a fait quelques avancées en 2022 vers l'égalité avec les hommes. Mais si l'Europe est le continent qui offre la meilleure situation pour les femmes, il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à la parité.


Dans un monde dans lequel les droits des femmes sont de nouveau menacés de tous côtés, l'Europe reste l'endroit où les femmes vivent le mieux. Au sein de l'Union toutefois, des régressions peuvent être observées, des difficultés persistent et des progrès restent encore à faire dans les domaines politiques, économiques et sociaux pour atteindre une véritable égalité hommes-femmes.

Le contexte mondial se complique pour les femmes

Dans le contexte de la pandémie, on a de nouveau constaté que les femmes sont généralement plus touchées par les crises que les hommes, que leur situation reste plus fragile en moyenne que celle des hommes. La pandémie a davantage affaibli les femmes : au niveau économique, avec des taux de chômage plus forts, au niveau sanitaire avec une exposition plus importante au virus du fait d'une surreprésentation des femmes dans des postes impliquant un contact humain et au niveau des violences avec une explosion des demandes d'assistance suite à des agressions domestiques.

Avec la fin de la pandémie, la situation des femmes dans le monde ne semble pas s'améliorer pour autant. Les deux dernières années ont apporté certaines mauvaises nouvelles pour la parité hommes-femmes :
L'exemple le plus frappant est certainement celui de l'Afghanistan. Depuis la prise de pouvoir des talibans à l'été 2021, les Afghanes ont perdu leurs droits pratiquement dans tous les domaines - les restrictions vont de l'interdiction de pratiquer un sport jusqu'à l'exclusion des filles de l'éducation dès l'école secondaire.
En Iran, des femmes courageuses descendent massivement dans la rue pour reconquérir leurs droits. Depuis la mort de Mahsa Amini, à la suite de son arrestation par la police des moeurs en septembre 2022 pour sa tenue vestimentaire jugée "non conforme", les manifestations continuent malgré la répression brutale du pouvoir.
En Turquie, la Cour suprême a confirmé, le retrait du pays de la Convention internationale d'Istanbul sur les droits des femmes annoncé en mars 2021 par le président Recep Tayyip Erdogan. Le pays a officiellement quitté la Convention en juillet 2021.

Pour autant, les restrictions récentes des droits des femmes ne concernent pas seulement les pays dans lesquels leur situation est traditionnellement défavorable.

La Cour suprême des États-Unis a, par exemple, renversé l'arrêt "Roe v. Wade" le 25 juin 2022 et abrogé le droit constitutionnel garantissant depuis 1973 l'interruption volontaire de grossesse au niveau fédéral, limitant ainsi un droit que les femmes américaines considéraient comme acquis depuis des dizaines d'années.
L'agression russe de l'Ukraine a également eu un effet dévastateur sur la situation des femmes. Les viols sont, une fois de plus dans l'histoire, utilisés comme arme systématique par l'armée russe, et représentent une menace atroce supplémentaire pour les femmes et les filles vivant dans un pays en guerre. Les Ukrainiens qui ont fui leur pays devant ces menaces, sont majoritairement des femmes (environ 85 %) arrivant avec leurs enfants - deux catégories généralement plus vulnérables aux violences sexuelles et à la traite des êtres humains.
Dans certains États membres de l'Union européenne aussi, les droits des femmes sont en recul.
C'est notamment le cas dans des pays dans lesquels l'État de droit est menacé. En Pologne, le droit à l'avortement a été sensiblement restreint et le Premier ministre a exprimé son intention de retirer le pays de la Convention d'Istanbul. En Hongrie, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a constaté des lacunes importantes dans l'approche de l'État pour contrer la violence contre les femmes et a mis en évidence des déclarations discriminatoires récurrentes de la part de responsables politiques. Les liens entre le recul de la démocratie et les reculs des droits des femmes sont évidents.


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