De nouvelles églises en Birmanie, dans un contexte de persécutions et en Corée après la découverte des dépouilles des premiers martyrs

Eglises d'Asie - 16/03/2023 11:20:00


BIRMANIE

A Kachin, dans le diocèse de Banmaw une nouvelle église malgré les conflits et violence contre les chrétiens

Ce dimanche 12 mars dans un village reculé de l'État Kachin, Mgr Raymond Sumlut Gam, évêque de Banmaw, a béni la nouvelle église Saint-Stephen en présence de deux prêtres et de la communauté locale. Mgr Gam a salué l'initiative comme « une bénédiction » au milieu des difficultés actuelles en Birmanie, d'autant plus que le village de Lana compte plus de 2 500 personnes déplacées internes (IDP), majoritairement chrétiennes. Durant les premiers mois de 2023, plus de 154 000 habitants ont été déplacés de force dans le pays.

Le 12 mars, la nouvelle église Saint-Stephen (Saint-Étienne) du village de Lana, dans la paroisse de Ding Sing dans l'État Kachin, a été bénie par Mgr Raymond Sumlut Gam, évêque de Banmaw. La célébration était concélébrée par deux prêtres, dans ce village reculé d'une région troublée par les conflits. L'église a été construite via une initiative conjointe de la communauté locale et des personnes déplacées internes (IDP).

Mgr Gam a salué l'initiative en soulignant que le nouvel édifice était très attendu, étant donné que plusieurs milliers d'IDP ont trouvé refuge dans ce village situé près de la frontière chinoise, après avoir fui leur domicile en 2011. « C'est une bénédiction de Dieu, alors que nous recevons cette nouvelle église malgré les difficultés », a-t-il confié.

L'église est construite en briques et peut accueillir près de 200 personnes. Elle a coûté près de 25 000 dollars US, qui ont été collectés auprès des habitants. Selon l'évêque, le village de Lana est tellement reculé que les coûts de construction sont plus élevés à cause des frais de transport.

Plus de 154 000 nouveaux déplacés internes depuis début 2023 en Birmanie

À l'origine, la communauté comptait environ 40 foyers catholiques et baptistes qui vivaient en harmonie. L'arrivée des IDP a causé une forte augmentation de la population chrétienne, selon l'Église locale. Une majorité des nouveaux arrivants étaient baptistes, et une nouvelle église baptiste a donc également été érigée dans le village.

Un total de 2 507 personnes sont hébergées au camp IDP de Lana, qui est sous le contrôle de l'Armée pour l'indépendance Kachin (KIA), selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (UNOCHA). Ce dernier estime que plus de 89 000 personnes sont toujours dans des camps situés dans l'État Kachin, depuis la reprise des combats entre l'armée et la KIA en juin 2011 (après 17 ans de cessez-le-feu).

De plus, plus de 11 900 personnes ont été déplacées dans l'État Kachin depuis le coup d'État militaire de 2021, selon l'UNOCHA. La région compte 1,7 million d'habitants majoritairement chrétiens, dont 116 000 catholiques. Aujourd'hui, les conflits sont loin d'être terminés dans les État Kachin, Kayah, Karen et Chin. Des églises, des couvents et autres sites chrétiens ont notamment été pris pour cible par la junte dans les diocèses de Loikaw, Pekhon, Hakha, Kalay et Mandalay.

Sur 54 millions d'habitants, on compte presque 6 % de chrétiens en Birmanie, tandis que le bouddhisme est pratiqué par 89 % de la population. Selon un rapport publié le 4 mars par l'UNOCHA, durant les premiers mois de 2023, plus de 154 000 habitants ont été déplacés de force dans le pays, soit un total d'1,3 million d'IDP depuis le coup d'État du 1er février 2021.

(Avec Ucanews)


COREE

Jeonju : construction d'une église dédiée à un des premiers martyrs de Corée

Le 1er septembre 2021, Mgr John Kim Son-tae, évêque de Jeonju, a annoncé la découverte des dépouilles des trois premiers martyrs de Corée (dont Paul Yun Ji-chung, décapité en 1791 à l'âge de 32 ans). La même année, le père Thomas Park Sang-woon, curé de la paroisse de Hyoja-dong, dans le diocèse de Jeonju, a décidé de construire trois églises en mémoire des trois martyrs, et la construction de l'église de Hyoja-dong a commencé l'an dernier, malgré le manque d'aides financières et les coûts élevés des matériaux.

Une paroisse du sud-ouest de la Corée du Sud s'efforce de poursuivre la construction d'une église en mémoire de l'un des premiers martyrs catholiques du pays, malgré des coûts élevés et un manque de financement. Le père Thomas Park Sang-woon, curé de la paroisse de Hyoja-dong, dans le diocèse de Jeonju, explique qu'ils essaient d'obtenir des aides financières de la part des fidèles et de bienfaiteurs étrangers face à ces difficultés.

La future église est dédiée au bienheureux Paul Yun Ji-chung, qui a été décapité en 1791 avec le bienheureux James Kwon Sang-yeon sous la dynastie Joseon, selon les archives de l'Église locale. Le frère de Paul Yun, le bienheureux Francis Yun Ji-heon, est également mort en martyr en 1801. Ils font partie de plusieurs milliers de catholiques martyrisés aux XVIIIe et XIXe siècles pour avoir refusé de renier leur foi.

Le 1er septembre 2021, Mgr John Kim Son-tae, évêque de Jeonju, a déclaré devant la presse que suite à des recherches historiques et à des tests ADN, l'Église a confirmé que les dépouilles des trois martyrs, découvertes à Jeonju, sont authentiques. Le pape François, durant sa visite en Corée du Sud en 2014, les a béatifiés aux côtés de 120 autres martyrs persécutés et tués durant les premiers temps du catholicisme en Corée.

« Un lieu de paix et de guérison pour les visiteurs »

En 2021, le père Thomas Park a décidé de construire trois églises en mémoire des trois martyrs, et la construction de l'église de Hyoja-dong a commencé l'an dernier. Le prêtre explique qu'ils ont rencontré des difficultés en raison des dons moins réguliers, de la hausse des coûts des matériaux de constructions, et de l'incapacité des gens à donner beaucoup en raison des conséquences économiques de la pandémie.

« J'espère juste que la construction ne s'arrêtera pas malgré ces épreuves », confie-t-il, en ajoutant que la future église deviendra « un lieu de paix et de guérison pour les visiteurs ». « J'espère que cette église honorant les premiers martyrs en Corée, qui ont été les premiers à ouvrir les portes du Ciel par leurs souffrances, deviendra une église où ceux qui souffrent pourront être guéris », a-t-il poursuivi.

Le christianisme serait arrivé en Corée durant l'invasion japonaise à partir de 1592, au cours de laquelle plusieurs Coréens ont été baptisés, probablement par des soldats chrétiens japonais, selon des sources ecclésiales. Mais l'Église coréenne ne voit pas cela comme l'origine de l'Église catholique en Corée. Les Coréens auraient d'abord entendu parler du catholicisme à travers des livres comme Le Sens réel du Seigneur du Ciel, écrit par le missionnaire jésuite Matteo Ricci. Après cela, des Coréens ont envoyé Pierre Yi Seung-hun en Chine pour qu'il se fasse baptiser en 1784. Après son retour de Chine, ce dernier a baptisé d'autres personnes la même année. Peu après, un mouvement laïc indigène s'est développé dans le pays.

Les catholiques ont subi les persécutions des dirigeants qui voyaient leur religion comme une influence subversive et comme une fausse religion reniant l'idéologie confucéenne et imposant l'impérialisme occidental dans le pays. Actuellement, plus de 50 % des Sud-Coréens n'adhèrent à aucune religion. Selon les chiffres officiels du gouvernement, on compte également 15 % de bouddhistes et 30 % de chrétiens, sur une population d'environ 51,7 millions d'habitants.

(Avec Ucanews)